Fin du premier cycle des péripéties épistolaires du vil chevalier de Saint-Sauveur. Au cœur de l’Amérique sauvage du XVIIIe siècle, Ayroles et Guérineau nous entraînent dans un récit où se mêlent romance, manigances et grande aventure.
La guerre gronde dans les sauvages Amériques. Le chevalier de Saint-Sauveur ne s’en soucie guère. Seule lui importe la réussite de son pari : l’innocente Aimée d’Archambaud doit épouser un Iroquois ! Pour cela, l’infâme libertin est prêt aux plus tortueuses manigances. Coups de tomahawk et réparties cinglantes vont fuser dans le silence de la forêt !
Qui est l’auteur de cet ouvrage ?
Alain Ayroles est scénariste de bande dessinée. Né en 1968, il intègre en 1986 la section bande dessinée des Beaux-Arts d’Angoulême. Il organise des parties de jeu de rôles avec certains de ses futurs complices, comme le dessinateur Jean-Luc Masbou. C’est d’ailleurs d’un univers de jeu qu’il a créé à cette époque que naîtront les séries des bandes dessinées « Garulfo » (1995-2002), dessinée par Bruno Maïorana et « De cape et de crocs » (1995-2016), avec Jean-Luc Masbou. Puis il travaille pour différentes séries de dessin animé, participe en tant que scénariste et dessinateur à des revues, ainsi qu’au premier tome des « Enfants du Nil », un collectif publié aux Éditions Delcourt en 1991. Il publie en 2008, avec le dessinateur Luigi Critone, un des titres de la série « 7 »: « Sept Missionnaires », ayant pour cadre l’Irlande au temps des Vikings. En 2009, il lance une nouvelle série sur les vampires : « D », avec Bruno Maïorana, qui s’est achevée en 2014. Alain Ayroles a également traduit la série culte « Bone » de Jeff Smith. En 2019, il publie « Les Indes fourbes », avec Juanjo Guarnido. L’album reçoit le prix Landerneau de la bande dessinée. Quatre ans après ce succès, le scénariste lance « L’Ombre des Lumières » (2023), une série historique, dessinée par Richard Guérineau, narrant le destin tourmenté d’un noble libertin entre la France et le Canada du XVIIIe siècle. Pour lequel il écrira : « Le recul qu’offre l’Histoire permet de parler d’enjeux contemporains. Aux Temps modernes, la société était très inégalitaire et on voit qu’aujourd’hui les écarts ont plutôt tendance à s’accroitre. De même, on assiste à un retour de l’obscurantisme, alors qu’on croyait acquises depuis le XVIIIe les victoires de la science et raison. »
Quel est l’apport de cet ouvrage ?
En 1754, à Fort Duquesne, au Nouveau-Monde, la jeune Aimée d’Archambaud semble être assidûment chaperonnée par Saint-Sauveur désireux de la fourvoyer en la mariant à un Iroquois. En réussissant à ternir la réputation et la bonne fortune de la famille d’Archambaud, le chevalier verrait ses dettes s’envoler et un retour en grâce arriver selon le bon vouloir du commanditaire, l’intrigant comte de Mirepoix. Saint-Sauveur manigance, mais les Amériques tremblent des guerres tribales et militaires qui défont les alliances. Aimée glisse comme une anguille et Saint-Sauveur s’enlise comme un lourdaud. La raison vacille quand le sentiment triomphe.
Le troisième tome de la série « L’ombre des Lumières » ne déçoit pas. Sur la trame simple d’un pari scélérat, le brillant scénariste Alain Ayroles compose un chatoyant ballet vaudevillesque où les coups pleuvent, où le mal est monnaie courante. Ayroles joue avec les pirouettes narratives et la bande dessinée épistolaire lui permet de multiplier les focales. Tout est faux-semblant : l’ouverture d’esprit caractérise davantage l’Amérindien que le salonnard des beaux quartiers taraudé par l’ennui et la jalousie. En plongeant dans la virginité du Nouveau Monde, la carapace cynique de Saint-Sauveur se fendille. Richard Guérineau cisèle des planches lumineuses : le trait vif croque le mouvement et l’expressivité des personnages. Les couleurs chaudes font vibrer les forêts canadiennes d’un éternel été indien. Un quatrième album est annoncé et le lecteur séduit peut s’attendre à y retrouver intimement croisées la finesse du récit et l’élégance du graphisme.


