Des narcotrafiquants dans la forêt vierge

Au Honduras, des pans de forêts tropicales sont défrichés pour laisser la place à des élevages bovins. Le but ? Investir dans les troupeaux, développer les exportations de viande et blanchir l’argent des cartels.

Ethnobotaniste et chercheur spécialisé dans les crocodiles, Olivier Behra nous emmène pour un reportage dans la jungle hondurienne à la recherche d’une cité mythique. Identifiée pour la première fois en 2012, la « cité blanche » est située dans la région de la Mosquitia, dans le Nord-Est du Honduras. Ce reportage est un prélude pour le tournage d’un documentaire.

Aidé d’un guide local, Jorge, Olivier Behra remonte le fleuve Rio Platano. Les soldats honduriens ne les suivent pas, jugeant la région trop dangereuse. Les deux hommes sont des passionnés de botanique et explorent la région. Depuis 1998, la réserve de la biosphère de Rio Platano protège la faune et la flore de la Mosquitia. Mais la protection est loin d’être effective sur le terrain. Dans la jungle, les Amérindiens Pech et Mosquito sont désormais forcés de cohabiter avec des colons venus du reste du pays. Les pâturages remplacent peu à peu les arbres. Les animaux tels que l’Onoré fascié (un héron), l’anhinga d’Amérique (un oiseau), le coulicou manioc (de la famille des coucous), le tangara ceinturé (de la famille des passereaux) et l’arlequin de Cayenne (un coléoptère) sont contraints de vivre sur un territoire réduit.

Au Honduras, la déforestation modifie les écosystèmes et les sociétés locales de façon brutale. Des colons sont payés par les narcotrafiquants pour élever des bovins. Ainsi, les investissements dans l’agriculture servent à blanchir les profits du trafic de drogue. Des milices protègent les troupeaux ou les plantations de palmiers à huile, en intimidant les populations locales si nécessaire. La police, souvent corrompue, n’intervient que rarement. Pendant ce temps-là, la superficie de la forêt diminue.

Pour explorer la forêt, Jorge et Olivier Behra atteigne le village de Pueblo Nuevo, habité par les Garifunas. Originaires de Saint-Vincent, les Garifunas ont été déportés en 1796 sur l’île hondurienne de Roatan. Désormais, on estime que les Garifunas sont environ 200 000 à vivre dans une région allant du Bélize au Nicaragua, en passant par le Honduras.

Dès les premières pages, le récit est vivant, porté par des cases colorées. Afin de poursuivre la lecture de la bande dessinée, il est possible de basculer sur France 5 afin d’admirer les images prises par la mission d’exploration dans un documentaire récent, « Honduras, l’empire de la nature« .

En conclusion, une bande dessinée engagée, en faveur d’une agriculture raisonnée qui s’oppose aux élevages bovins financés par les cartels à des fins de blanchiment. Le tout, en préservant la nature et les populations locales.

Pour aller plus loin :

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Antoine BARONNET @ Clionautes