Avec Du rififi à Ménilmontant, Jacques Tardi revient avec une nouvelle et dernière aventure de son détective fétiche, Nestor Burma, vingt ans après M’as-tu vu en cadavre. Cette bande dessinée s’inscrit dans la lignée des adaptations des romans de Léo Malet, mêlant habilement intrigue policière, critique sociale et une reconstitution minutieuse du Paris des années 1950 et plus particulièrement du XXe arrondissement où vit Jacques Tardi.

Cette bande dessinée, très réussie, aux dialogues ciselés et aux décors épurés mais soignés, immerge le lecteur dans le Paris à la fois bourgeois et populaire de décembre 1957 … le cadeau idéal pour ce Noël 2024 !

L’intrigue

L’histoire débute en décembre 1957, alors que Nestor Burma est affaibli par une grippe qu’il tente de soigner avec un médicament en vogue des laboratoires Manchol. Cependant, fidèle à son tempérament infatigable, il accepte de recevoir une cliente inattendue : Madame Manchol elle-même, épouse du propriétaire du laboratoire pharmaceutique, une entrevue tragique étant donné qu’elle se suicide sous les yeux de Burma. Après les justifications auprès du commissaire Faroux, notre détective se lance dans la quête de la vérité.

Ce qui semblait être une affaire banale de jalousie ou de chantage se transforme rapidement en une enquête complexe dans les arcanes du milieu pharmaceutique. Entre manipulations financières, expérimentation animale et conflits familiaux, Burma devra naviguer à travers des zones d’ombres, tout en se remettant de sa maladie et en évitant les pièges tendus par ses ennemis parfois déguisés en pères Noël flingueurs !

Une critique sociale mordante

À travers cette enquête, Jacques Tardi utilise le personnage de Burma pour dénoncer des enjeux sociaux et éthiques encore d’actualité : les pratiques douteuses des grandes entreprises pharmaceutiques, les abus envers les animaux dans les laboratoires, et l’avidité qui gangrène les relations humaines dans un monde dominé par l’argent. Le Paris de 1957 devient ici un miroir tendu vers notre époque, où les mêmes problématiques continuent de se poser.

Tardi n’épargne aucun acteur du système : industriels sans scrupules, bourgeois hypocrites ou même certains enquêteurs peu scrupuleux. L’humour caustique de Burma sert de contrepoint, soulignant la noirceur de l’univers qu’il traverse.

Le style Tardi

Les cases dépeignent un Paris authentique, où chaque rue, bâtiment et café semble avoir été extrait d’une photographie d’époque. L’ambiance hivernale, avec ses rues glaciales et ses ciels gris, renforce l’atmosphère oppressante de l’intrigue. Les décors sont peut-être plus sobres qu’à l’accoutumée, ce qui n’enlève rien au style si particulier de Jacques Tardi.

Les personnages, dessinés avec le style caractéristique de Tardi, sont expressifs et immédiatement reconnaissables. Burma et sa mine fatiguée, incarne parfaitement le détective usé mais toujours combatif. Les scènes alternent habilement entre moments d’action, dialogues tendus et introspections du héros.

 

Avec cette nouvelle aventure, Tardi prouve une fois de plus son talent à rendre hommage à l’œuvre de Léo Malet tout en y ajoutant sa propre patte. Une œuvre incontournable pour les amateurs de polar et de bande dessinée