De très belles photographies évocatrices des ambiances africaines pour présenter une ville guinéenne qui au XVIIIe siècle accueillait les migrants à bras ouverts. A n’en pas douté un passage obligé pour le voyageur qui veut découvrir cette ville entre le fleuve Niger et son affluent le Milo.

« Nabaya » c’est-à-dire « Soyez les bienvenus » est en quelque sorte le slogan de cette ville musulmane ouverte sur le monde que les auteurs Catherine et Bernard Desjeux nous invitent à parcourir en suivant leurs amis Sansy Kaba directeur de Conakry capitale mondiale, le colonel Diané chef de la région militaire et « Ringo » Kaba conseiller du « soti kemo » au gré de leur séjour en septembre 2017 dans le cadre des célébrations de la manifestation de l’UNESCO « Conakry capitale mondiale du livre ». Cet ouvrage est associé à un film documentaire (joint en fin de volume et réalisé par leur fils Eric Desjeux) qui présente de très intéressantes interviews expliquant la Nabaya, la nature de cette ville de 400 000habitants, les fêtes de Tabasky ou de Mamaya, la place des religions et le bien vivre ensemble ainsi que de nombreuses scènes de rue qui restituent les ambiances sonores. Ce film vivant est riche d’informations sur l’organisation traditionnelle de la société et les manifestations de son ouverture à l’autre étranger.

Le livre propose en cinq chapitres : Kankan et l’histoire du Mandingue, Vivre à Kankan au bord du Milo, Terre d’Islam pour toutes et pour tous, La mamaya attitude, éloge de la grâce, L’eau de pluie luit sur la peau, une véritable découverte en images complétées de textes qui abordent l’histoire du pays Baté et de la ville fondée par le septième soti-kimo (autorité on ne peut le qualifier de roi puisque c’est une notion qui semble étrangère à cette culture), la confrérie des chasseurs, la légende du balafon. Au gré des rencontres avec des femmes et des hommes de la ville du préfet à l’iman, du maître coranique au chauffeur de moto-taxi c’est une ville à la fois traditionnelle et actuelle qui apparait.  Cette ville carrefour commercial et culturel est marquée par la bonne entente entre les religions où on apprend à l’école coranique le bien vivre ensemble et le respect des autres, où la Tabasky (Aïd-el-Kebir) est un moment religieux et festif.

La mamaya est une grande fête organisée par les « sédé » (groupes d’âge) et fondée sur l’égalité, trois jours de danses ouvertes à tous et de récolte de fond pour le développement local en particulier l’école.

Le moment de l’abondance, l’hivernage ou saison des pluies offre de belles images avant un cahier de lecture qui propose des textes de René Caillé, un des premiers européens à voir la ville et d’autres auteurs africains citant kankan.

un bel hommage à un Islam de partage, de beaux témoignages de paix.