Délais excessifs, difficultés à trouver un nouveau médecin traitant, impossibilité d’obtenir une consultation non programmée : voilà trois éléments qui symbolisent la difficulté d’accès aux soins de certains parties de notre territoire. C’est au travers d’une analyse détaillée et argumentée que Magali Dumontet, économiste, et Guillaume Chevillard, géographe, s’attachent à l’épineuse question des déserts médicaux.
Le problème semble double : il y a, de fait, des territoires moins attractifs que d’autres ainsi qu’une baisse des effectifs d’étudiants qui, malgré tout, commence à se corriger. Dès lors, suggérer des mesures incitatives sans contrevenir à la liberté d’installation des médecins tient de l’équilibrisme.
L’ouvrage revient sur des notions comme les secteurs 1 conventionnés (tarifs négociés avec l’assurance maladie) et 2 (avec dépassements d’honoraires), la « demande induite » (le médecin oriente la demande du patient pour le voir à nouveau).
La baisse du numerus clausus et donc du nombre attendus de médecins au début des années 2000 a été compensé par un apport de l’étranger et des dispositifs d’allongement de la durée d’exercice des médecins.
Les premières lectures spatiales exposées dans l’ouvrage montre une attractivité forte des littoraux atlantique et méditerranéen alors que des postes de médecine générale sont non pourvus en Île de France.
Tenir compte de la diversité des profils est important : les jeunes optent pour les remplacements ou les regroupements, la profession se féminise, l’homogamie est présente.
Les déterminants de l’installation des médecins sont multiples : individuels (âge, sexe, lieu de naissance), liés à l’environnement (qualité de vie, équipement, apports d’emplois pour le conjoint), liés aux conditions d’exercice.
La lecture des inégalités dans l’offre de soin peut se lire de différentes manières : par la densité des médecins, par la distance à ceux-ci, par l’accessibilité potentielle à ceux-ci.
Des analyses récentes montrent que, depuis 2004, la densité de médecins généralistes libéraux diminue car leurs effectifs baissent alors que la démographie progresse. Dans le détail, le rural et Paris semblent sous dotés par rapport à d’autres territoires.
Les pistes de solutions résident partiellement dans l’incitation financière, la prise en compte des origines géographiques des intéressés, le regroupement dans des maisons de santé qui permettent d’augmenter les amplitudes horaires. Les expériences étrangères sont inspirantes à l’image de l’Australie et des Etats-Unis qui rendent obligatoires un stage en zone sous dotée.
Un ouvrage très intéressant et très clair sur cette question. Les titres de parties et sous-parties sont très parlants pour le lecteur. On regrettera tout au plus que quelques informations présentées en tableaux auraient pu être imaginées en cartes pour en faciliter l’appréhension.