ÉDITORIAL par Gérard-François DUMONT
LES TERRITOIRES FACE A UN NOUVEAU MOT : ARTIFICIALISATION, QUÉSACO ?
Il importe de clarifier la signification du mot « artificialisation » introduit dans une loi de 2021.
Le dictionnaire Robert précise que ce qui est « artificiel » est, au sens premier, ce qui est créé par l’activité humaine. Dans ce sens, les territoires de la France peuvent être considérés comme artificialisés, créés par l’activité humaine.
A l’opposé, une seconde définition pourrait ne considérer comme artificialisés que les territoires où il y a de l’urbanisation, donc des constructions. Selon cette seconde définition, quelle part des territoires français de métropole serait concernée par l’artificialisation ? 9%. Mais comme une bonne moitié est perméable, seulement 4% des sols sont imperméables et donc artificialisés.
DOSSIER par Gérard-François DUMONT
TERRITOIRES DE FRANCE : QUELS DÉTERMINANTS DES DYNAMIQUES DE POPULATIONS ?
13 départements connaissent une croissance de leur population au moins double de la moyenne nationale. La Seine-Saint-Denis forme à elle-seule un premier type, car sa croissance est exclusivement due à un fort excédent des naissances sur les décès. 2 départements (de Corse) comptent à l’inverse une forte croissance exclusivement due à leur taux d’accroissement migratoire élevé. 10 autres départements à croissance élevée additionnent taux de croissance naturelle et taux de croissance migratoire positifs, comme la Guyane ou le Rhône. Parmi les 8 départements dont la forte croissance est surtout due à un taux d’accroissement migratoire positif nettement supérieur à la croissance naturelle, 4 ont pour capitale une métropole et parmi ces 5, 4 bénéficient en outre d’un phénomène de litturbanisation. Pour le 5ème, la Haute-Garonne, c’est l’importance de l’industrie aéronautique qui l’a rendu attractif.
Une deuxième catégorie distingue 20 départements en croissance démographique relativement assez élevée, mais inférieure au double de cette moyenne. 7 départements entrent dans cette catégorie exclusivement grâce à leur solde naturel. Ils additionnent une composition par âge relativement jeune et une fécondité supérieure à la moyenne nationale. A l’opposé 8 départements connaissent cette croissance exclusivement grâce à leur solde migratoire. C’est le cas de départements voyant arriver des flux significatifs de retraités venir y habiter, selon une logique de litturbanisation et/ou d’héliotropisme positif. Les 5 autres départements de cette catégorie additionnent deux soldes, naturel et migratoire.
Une troisième catégorie contient 33 départements dont la croissance est positive mais moindre que la moyenne de la France. Pour 12 d’entre eux, la croissance, relativement faible, est exclusivement due au solde naturel. Ils se caractérisent souvent par des pertes d’offres d’emploi consécutives à la fermeture ou à la restructuration de grands bassins industriels et par une dynamique économique insuffisamment créatrice d’emplois. A l’opposé, 13 départements doivent leur faible croissance exclusivement à leur solde migratoire. Il s’agit de départements à dominante rurale. Les jeunes adultes en partent souvent pour rejoindre des grandes villes bénéficiant d’une large offre en matière d’enseignement supérieur ou d’un marché d’emploi plus large. Des politiques territoriales volontairement attractives ou facilitant le développement endogène, la proximité avec une métropole fortement croissante ou le phénomène de litturbanisation peuvent toutefois engendrer des apports migratoires. Les 8 autres départements additionnent un solde naturel positif et un solde migratoire également positif.
A l’inverse des 3 catégories précédentes, 33 départements voient leur population diminuer. 12 départements connaissent une décroissance de leur population exclusivement à cause du solde naturel. Ils sont souvent à dominante rurale et sans guère d’offre en matière d’enseignement supérieur. Ils ont souffert de restructurations d’industries traditionnelles. Leur place dans les principaux réseaux de transport est limitée ou s’est trouvée défavorisée. La décroissance de 11 départements est exclusivement due au solde migratoire.
Chaque territoire voit donc son évolution due à de multiples facteurs dont la combinaison conduit à nettement distinguer 16 types qui déclinent 4 catégories principales.
DOCUMENT PÉDAGOGIQUE (libre de droits)
4 CATÉGORIES PRINCIPALES DE DYNAMIQUE DE POPULATIONS
EXERCICE PÉDAGOGIQUE par Éric GACHET
LES ESPACES DE FAIBLE DENSITÉ EN FRANCE – L’EXEMPLE D’UN TERRITOIRE RURAL PRÈS DE BEAUNE EN BOURGOGNE
Cette étude de cas s’insère dans le thème 1 du programme de géographie de 3ème intitulé : « Dynamiques territoriales de la France contemporaine ». « Les espace de faible densité sont abordés sous l’angle de la diversité de leurs dynamiques et de leurs atouts. Ce ne sont pas seulement des marges délaissées », ce sont aussi des espaces dotés de ressources variées.
Construit autour d’une étude de cas (un territoire rural situé en Bourgogne), cet exercice place les élèves en situation d’enquête. Dans un 1er temps, les élèves ciblent les caractéristique démographiques de cet espace de faible densité à l’aide notamment aux sites Cassini et Géoclip. Dans un 2ème temps, ils tentent de cerner les nouvelles dynamiques de ce territoire. Le 3ème temps, qui fait office de conclusion, doit aboutir à la réalisation d’un schém et de sa légende.
ANALYSE par Jean-Marc CALLOIS
DES POPULATIONS NOURRIES PAR LEURS TERRITOIRES DE PROXIMITÉ ? LA PANDÉMIE COVID-19 RÉVÉLATRICE D’UNE RÉVOLUTION DES CIRCUITS COURTS
La pandémie Covid-19 a montré la fragilité de certaines chaînes de production. On a alors constaté un recours à des produits alimentaires de proximité. Cette tendance peut-elle aboutir à une « reterritorialisation » ?
Le lien au territoire s’appréhende intuitivement par la proximité géographique entre la production agricole et les consommateurs. Le territoire de référence pour parler de territorialisation de l’alimentation est traditionnellement constitué d’une agglomération et d’un arrière-pays suffisamment vaste pour englober différents types de production, typiquement de la taille d’un département français, ou dans un rayon compris généralement entre 50 et 100 km. Pourtant, la notion de circuit court se caractérise par la vente directe du producteur au consommateur. Elle repose non sur la distance géographique, mais sur le nombre d’intermédiaires entre producteur et consommateur, au plus égal à 1. Ainsi, la distance géographique peut être importante dans certains cas (agrumes par exemple).
Déjà en 2010, près de 20% des exploitations agricoles avaient une activité de circuit court et cette part augmente continuellement depuis. Mais l’importance économique des circuits courts est évidemment très variable selon les productions et les régions. Ainsi, en 2020, plus des 3/4 des exploitations maraichères commercialisent en circuits courts, contre un 1/10e des exploitations laitières. Cependant, la part de chiffre d’affaires en circuit court reste faible (12% du chiffre d’affaires global des exploitations agricoles en 2016), bien qu’en progression. Les circuits courts et de proximité prennent aussi des formes variés. La vente à la ferme et les marchés de plein air sont les formes historiques, mais on peut aussi citer les AMAP.
La notion de circuit court n’est donc pas suffisante pour évaluer l’autonomie alimentaire d’un territoire. Il reste difficile de chiffrer précisément la part locale de l’alimentation, sachant que de nombreux agriculteurs vendent à la fois selon des canaux locaux et des canaux dits « massifiés ». Un taux théorique d’indépendance alimentaire locale peut être grossièrement défini comme le rapport entre la population pouvant être théoriquement nourrie par la surface agricole utile du territoire et sa population réelle. Dans ce cas, le centre de la Bretagne atteint un taux supérieur à 338%. Dans la réalité, ce taux théorique peut être discuté, voire inversé, par exemple lorsque le territoire dispose de capacités de transformation et de distribution.
LE POINT SUR… par Gwénaël DORÉ
QUELLES GÉOGRAPHIES POUR LES AIDES PUBLIQUES DE L’ÉTAT AUX TERRITOIRES ?
Parmi les différents leviers en matière d’aménagement du territoire, l’État octroie, en France, des aides publiques réservées exclusivement à certains territoires.
3 zonages principaux sont utilisés : le zonage d' »Aides à finalité régionale » (AFR), un zonage infracommunal de soutien aux « quartiers prioritaires de la politique de la ville » (QOV) complété par les « zones franches urbaines » (ZFU) et un zonage rural (les « Zones de revitalisation rurale » (ZRR)). A l’échelle nationale, 20943 communes sont concernées par au moins l’un des 3 zonages principaux, soit 59,4% des communes métropolitaines.
Les critiques principales sont : le saupoudrage sur un nombre élevé de territoires, des périmètres pouvant être perçu comme source d’injustice, la réduction des questions sociales ou économiques à la seule dimension territoriale et la détermination des territoires vulnérables sur la base d’écart à la moyenne de critères généraux alors que c’est mesurer et comprendre une évolution défavorable qui serait plus utile.