De juin à septembre 2017, la capitale du Kazakhstan, Astana, accueille l’Exposition internationale sur le thème de l’énergie du futur. A cette occasion, les Ateliers Henry Dougier propose une mise au point afin de mieux connaître le neuvième État le plus vaste au monde par sa superficie.

Le Kazakhstan et l’Exposition internationale en 2017

Son auteur, Lise Barcellini est une journaliste indépendante, diplômée de l’Ecole supérieure du journalisme de Lille (ESJ). Elle a sillonné la France et le monde pendant dix ans, d’abord pour la rédaction de France 24 puis pour l’émission C dans l’air diffusée sur France 5. Elle vit désormais au Kazakhstan.

Kazakhs ou Kazakhstanais ?

Dans cette ouvrage de la collection « Lignes de vie d’un peuple », le Kazakhstan est présenté à travers une multitude de portraits : chercheur, artiste, cavalier, cuisinier, écrivain, cosmonaute, élu… En cinq chapitres, Lise Barcellini commence par présenter le poids des traditions (construction d’une identité kazakhe, le rôle des ancêtres, la place du cheval et de la musique, l’enlèvement de femmes en vue d’un mariage, la cuisine) puis les héritages soviétiques (l’enfermement à travers le goulag, la glorification militaire, la course à l’espace).

Neuvième État le plus vaste en superficie, fortement enclavé, le Kazakhstan joue un rôle incontournable dans la production d’uranium (premier producteur mondial). Peuplé de près de 18 millions d’habitants, la société multiethnique et multiconfessionnelle distingue les Kazakhs (ethnie majoritaire du pays reposant sur des ancêtres nomades) et les Kazakhstanais (citoyenneté). Les minorités sont nombreuses et présentées dans le troisième chapitre (Ouïghours, Coréens, Tchétchènes, Allemands, Russes). La plupart d’entre elles ont le point commun d’être lié à l’histoire du peuplement forcé (déportations depuis la Volga et l’Extrême-Orient sous Staline entre 1930 et 1953).

« Un Kazakh qui ne parle pas sa langue n’est pas un Kazakh, c’est simplement un Russe avec les yeux bridés ! » (page 27)

Le Kazakhstan est un « foyer d’émigration volontaire (paysans russes, ukrainiens, biélorusses) puis forcé (camps du goulag, déportation de masse) » (page 14). Le russe est la langue officielle parlée par 90% de la population kazakhstanaise. La langue kazakhe est pourtant désignée comme la langue nationale dont la diffusion est encouragée par le gouvernement (phénomène de kazakhization comme le passage prévu à l’alphabet latin d’ici 2025). La non-maîtrise du kazakh est devenu discriminante pour accéder à un poste d’État (président du parlement). Le clivage est particulièrement marqué dans le pays : la population urbaine est majoritairement russophone alors que les ruraux parlent le kazakh. Chaque Kazakh est également associé à une tribu (par exemple Doulat) et un ordre d’appartenance (par exemple la Grande Horde).

Astana, la capitale kazakhe

La capitale Astana est la « capitale la plus isolée et la plus froide avec Oulan-Bator » (bientôt dépassée par Nuuk au Groenland ?). Également surnommée la « Dubai des steppes », cette dénomination est néanmoins contestée par une partie de la population.

Un système politique, reliquat de la période soviétique

Parfois critique envers le gouvernement, le livre de Lise Barcellini insiste sur le mois de décembre 1986 comme un « moment fondateur » de l’histoire kazakhe. Une manifestation contre le remplacement du premier secrétaire du PC mêlant étudiants et ouvriers est réprimée à Alma-Ata (aujourd’hui Almaty). Dans la mémoire collective, cette répression sanglante (près de 200 morts et 2000 blessés) est comparée à un « Tiananmen kazakh ». Héritage de la période soviétique, le système politique est aujourd’hui centralisé autour du président Noursoultan Nazarbaïev qui concentre les pouvoirs. Il est officiellement désigné comme « le leader de la nation » et reste le dernier dirigeant d’Asie Centrale ayant joué un rôle majeur dans l’indépendance de son pays (depuis septembre 2016 avec le décès d’Islam Karimov en Ouzbékistan).

En conclusion, une belle découverte dans un grand format facilitant la lecture. Outre l’attrayante couverture avec la tour Bayterek à Astana, l’auteur s’attache à décrire précisément les enjeux d’une société tiraillée entre la place des traditions et la volonté de renforcer sa place dans la mondialisation. Les élèves de lycée et les étudiants de licence y trouveront une excellente introduction à l’une des puissances émergentes d’Asie.

Antoine BARONNET @ Clionautes