Découvrir les Kiribati par la bande dessinée

Direction l’Océanie avec ce récit de voyage sous forme graphique publié par Rouergue. Il s’agit de la traduction en français de la version italienne par Jérôme Nicolas. Écrit par Alice Piciocchi et illustré par Andrea Angeli, les 140 pages décrivent le voyage du duo réalisé en 2014. Parcourant l’archipel des Kiribati, les auteurs s’attardent sur les différents aspects de la vie quotidienne.

Tarawa-Sud, Makin, Nonouti, Kiritimati à la découverte de la Micronésie

Une île, trente-deux atolls. Ancien protectorat britannique, la République parlementaire des Kiribati est indépendante depuis 1979. Elle est divisée en trois archipels sur une bande de 5000 kilomètres de large et éloignés les uns des autres : les îles Gilbert, les îles Phoenix et les îles de Ligne.

Se voulant dès l’introduction être « une trace, un recueil des éléments qui forment la structure sociale et culturelle de ce peuple, un résumé des ingrédients de ce ciment que nous appelons « appartenance », l’ouvrage s’organise autour d’une courte page de texte (avec une entrée thématique) et d’une page d’illustration à droite (à mi-chemin entre l’infographie, la gravure et le dessin). Décrire le paysage et s’intégrer dans la société de cet archipel situé à plus de 14 000 kilomètres de la péninsule italienne n’est pas aisé : la population est prompte à rendre service mais les difficultés de la vie quotidienne apparaissent vite. Le pays fait face à de graves difficultés sanitaires (manque d’hygiène, espérance de vie de 63 ans pour les hommes, faible nombre de médecins), économiques (le chômage est très élevé, dépendance des produits d’importation) et en matière de transports (très faible nombre d’automobiles, circulation difficile malgré les courtes distances terrestres, deux vols internationaux par semaine pour rejoindre les Fidji ou l’Australie depuis l’aéroport).

L’insertion de la mondialisation des I-Kiribati (l’ethnie majoritaire à hauteur de 89 %) est particulièrement visible à travers l’étude de la vie quotidienne. Le volley-ball est le sport le plus populaire alors que la prostitution progresse à travers des contacts avec les pêcheurs asiatiques, notamment coréens. Les poissons et les coquillages (comme les très beaux tridacnes, une sorte de gros bénitier pouvant atteindre 1,50 m. de long au bout d’un siècle) sont particulièrement recherchés par les aquariums du monde entier.

De très belles cartes, avec des couleurs particulièrement vives et agréables, sont lisibles pour saisir les contraintes de l’insularité et de l’éloignement. À la fois synthétique et originale, cette bande dessinée peut s’avérer particulièrement utile afin de traiter les conséquences du changement global dans la vie quotidienne d’une population océanienne. L’ouvrage peut également être mobilisé afin d’étudier les originalités démographiques et environnementales d’un archipel menacé.

Une belle incitation au voyage, à la découverte et à l’exotisme, dans un archipel où la médiatisation se réduit généralement à présenter les conséquences de l’élévation du niveau de l’océan Pacifique.

Pour aller plus loin, voir la présentation de l’éditeur -> Lien


Antoine Baronnet, pour Les Clionautes