Kivu

Voilà une BD importante. Ces auteurs dénoncent avec force la situation d’extrême violence, intolérable, que vivent les populations et tout spécialement les femmes du Kivu, région de l’Est de la République Démocratique du Congo aux frontières du Rwanda. Le drame humanitaire perdure car les enjeux économiques sont importants pour les multinationales de l’exploitation minière et la presse souvent silencieuse à propos de cette réalité qui dure depuis plus de vingt ans et réapparaît sporadiquement dans l’actualité.

Le scénario rapporte l’aventure de François, jeune ingénieur belge employé par un puissant consortium industriel. Envoyé au Congo, il doit recruter un mercenaire pour défendre les intérêts de l’entreprise importatrice de coltan. Le lecteur apprend au passage l’importance de cette ressource — pour l’industrie aéronautique et surtout celle des smartphones — chaque lecteur est donc concerné. En débarquant à Bukavu le héros est vite confronté au cynisme et de la corruption qui heurtent la probité et les sentiments humanitaires du jeune homme. Sa route croise celle de Violette, une enfant du Sud-Kivu traquée par un puissant chef rebelle. C’est l’occasion de mettre en lumière à la fois la barbarie des groupes armés qui infestent la région et l’action du docteur Denis Mukwege¹, figure bien réelle de la chirurgie réparatrice qui sauve les femmes violées et mutilées dans son hôpital de Panzi. Celui-ci a reçu en 2008 le prix des Droits de l’homme des Nations unies et, en 2014 le prix Sakharov décerné par le Parlement européen.

Cet album mêle imagination et réalisme, certains critiques lui reprochent non sans raison quelques clichés (gentil Blanc, mercenaire cupide, chefs rebelles sanguinaires), une violence « complaisante » mais hélas bien réelle. L’introduction de Colette Braeckman replace cette histoire dans celle du Congo depuis la colonisation.