Cette bande dessinée prend comme point de départ deux faits historiques : d’une part, en 1906, un très violent tremblement de terre qui touche la Californie, et dont l’épicentre se trouve à proximité de la ville de San Francisco ; d’autre part, le fait que des Américains aient envoyé par la poste des bébés ou des enfants dans le premier tiers du XXe siècle, et ce, de manière totalement légale.
Le contexte est lui aussi extrêmement précis, historiquement. Au début du XXe siècle, nous nous retrouvons dans un pays profondément divisé, que ce soit géographiquement, entre les mondes urbains et les mondes ruraux, socialement, entre les catégories les plus riches et les plus modestes de la population, et enfin racialement, entre les descendants des WASP et les Amérindiens.
Dans cet univers, où les mondes se côtoient bien plus qu’ils ne se mélangent, où la violence et l’entre soi semblent être les codes des relations entre personnes humaines, les auteurs nous font suivre le destin de deux personnages principaux. Tout d’abord, une petite fille, Jenny, orpheline, suite au tremblement de terre de San Francisco, envoyée dans la famille d’un homme qui l’a recueillie mais qui ne veut et ne peut pas s’en occuper. Ensuite, un Amérindien, Enyetto, employé de service postal et chargé de cet improbable et encombrant colis.
De cette union inenvisageable va naître un roadtrip rempli d’aventures à travers les États-Unis, entre San Francisco et Chicago. Les deux personnages vont apprendre à se connaître, à se faire confiance, à s’apprivoiser car leurs histoires sont bien plus proches qu’ils ne le pensent au départ.
Ce parcours initiatique est servi par un dessin en tout point remarquable. Le choix des couleurs, les corps, les décors à la fois des villes et de l’Ouest américain sont remarquablement associés à l’imaginaire de la conquête de l’Ouest, à la saleté à la fois des Hommes et de leurs constructions physiques et sociales.
Un petit regret quant à la lecture de cette bande dessinée : la fin. Cette BD semble être annoncée pour un seul tome et les auteurs s’arrêtent de manière assez étrange sur une scène ouverte qui laisse sur notre faim. S’il n’y a pas de suite, cela semble assez facile, voire dommage, de finir ainsi.
Néanmoins, cela ne gâche pas l’attachement que l’on a pour les deux protagonistes de cette histoire. Au-delà du contexte historique ou social, cette histoire c’est surtout la relation entre deux personnes, c’est la mise en avant des émotions et, c’est le basculement de vie que permet le destin. Une belle découverte en somme pour se dépayser et s’émouvoir.
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