La collection » idées reçues » publie un nouvel ouvrage sur l’eau qui cadre parfaitement avec le chapitre de seconde du programme de géographie. Rappelons qu’il s’agit de partir d’une citation, d’une idée reçue et de l’étudier en quelques pages. Le but est de trier entre le vrai, le faux et l’approximatif.
Disons d’emblée que ce petit ouvrage pourra rendre bien des services.

Quatre parties structurent l’ouvrage. Sont successivement abordés les points suivants : L’eau ressource culturelle et matérielle, l’eau maitrisée et utilisée, l’eau menacée et enfin l’eau pour tous.
Dix-huit idées sont ainsi examinées.


Des petits chiffres

Le livre est truffé de petites informations directement utilisables en cours. Ainsi, il faut 1000 fois plus d’eau pour nourrir l’humanité que pour la désaltérer. Chaque jour le nombre de morts liés à l’eau correspond à 100 accidents d’avions ! 135 millions de personnes mourront de maladies transmises par l’eau entre 2002 et 2010.
Purifier l’eau avant usage et épurer l’eau usée sont devenus l’objet d’industries : ainsi, il faut laver deux fois plus d’eau que celles qui lavent. Cela signifie qu’il faut purifier l’eau et que finalement on pense toujours que l’eau est purificatrice alors qu’elle a besoin elle aussi d’être traitée.
En France, on achète avec un euro quelques litres d’eau minérale en bouteille, 400 litres d’eau du robinet à Paris et 10000 litres d’irrigation en Provence.
Le seul lac Nasser, réservoir d’Assouan, consomme par évaporation 12 % du débit du Nil soit l’équivalent de quatre fois les ressources en eau de l’Arabie Saoudite.
On parle beaucoup de la consommation d’eau des Etats-Unis, mais le Turkmène moyen explose tous les compteurs avec une utilisation trois fois supérieure ! On ne peut donc pas faire de lien facile entre consommation d’eau et niveau de développement car souvent on a tendance à trop facilement lier les deux.
Le livre joue aussi habilement sur la notion d’échelle. Si on entend souvent que les villes sont les plus grosses consommatrices d’eau, cela peut être le cas localement, mais c’est faux globalement.

A contre courant

« L’eau sera un enjeu de conflits » : voilà une autre idée souvent entendue ou écrite : on trouve tout au long du XX ème siècle plein de cas qui auraient dû être explosifs et qui ne l’ont pas été. Ainsi le contentieux entre les Etats-Unis et le Mexique à propos des eaux du Colorado n’a pas dégénéré. Il avait commencé dans le premier tiers du XX ème siècle et depuis 1944 les Etats-Unis reconnaissent au Mexique une part de l’écoulement du Colorado.

Les auteurs soulignent aussi que l’eau peut être un facteur de paix. En effet, plusieurs caractéristiques sont à souligner à propos de l’eau. Parmi elles, n’oublions pas qu’ on dispose de temps pour régler un conflit d’usage. En même temps, la variabilité interannuelle peut faire surgir ou non un conflit.

« L’eau est mal répartie sur terre » : là encore des remarques pleines de bon sens. Beaucoup d’autres éléments comme le soleil, la richesse de la terre sont inégalement répartis sans qu’on s’en plaigne !
La page 100 propose un intéressant tableau intitulé « faisons un rêve égalitaire ». Ainsi, « pour égaliser les ressources en eau par tête dans tous les pays du monde en les ramenant partout aux 6800 m3 annuels en moyenne calculés en fonction de la population actuelle, il faudrait bouleverser par des migrations gigantesques la répartition présente des populations en les concentrant dans les pays les plus riches en eau et en évacuant les autres ». Il faudrait ainsi multiplier par 80 la population de l’Islande et par 4 celle du Brésil, mais il faudrait diviser par deux celle de la France , par 6 celle de l’Inde et par 70 celle de la Libye !

La page 103 livre un utile tableau de croisement avec les pays, leur richesse en eau et leur PIB afin d’éviter tout risque de déterminisme.
Enfin, les auteurs abordent le problème du tarif de l’eau dans les pays en voie de développement entre le prix payé par les riches et celui réglé par les pauvres. Selon une étude réalisée à Niamey, le prix de l’eau livrée en micro-détail par les porteurs s’élevait entre 8 à 16 fois le tarif de l’eau potable distribuée par le réseau public. Seulement la première est pour les pauvres et la seconde pour les riches !

Et en classe…

On peut imaginer utiliser certains articles que les élèves exposeraient ou encore faire un questionnaire d’amorce à partir des intitulés des différents chapitres, comme autant de moyens de cerner les représentations sur le sujet. D’ailleurs, et de façon très pratique, les auteurs reviennent à la fin sur toutes ces idées et les résument.
Ajoutez à cela quelques utiles et originaux documents et une grande clarté d’exposition et vous aurez compris que tout à chacun aura intérêt à lire ce livre.

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