Tout à son souci d’ouvrir le public francophone à la culture chinoise, les éditions HongFei propose ce qui peut nous apparaître comme un classique. À ceci près que, on s’en doute, ce n’est pas tout à fait la version que proposaient les studios Disney, voici une vingtaine d’années. Ici, le récit puise dans la tradition qui s’est établie depuis le IVe siècle. Il est en outre le résultat d’une traduction de Chun-Liang Yeh.

L’histoire est celle d’une jeune fille, Mulan. La mobilisation requiert les pères ou les fils aînés. Or, le père de Mulan est trop âgé, même s’il doit partir, mais celui-ci n’a de fils majeur. Mulan décide de s’équiper. Les campagnes militaires se succèdent pendant douze années, mais les armées impériales finissent par triompher. À leur retour, l’empereur récompense les plus valeureux ; Mulan figure parmi ceux-là. Elle refuse les honneurs, ne demandant qu’un cheval pour retourner dans sa région avec ses compagnons d’arme. Ceux-ci découvrent alors qu’elle est une femme. Outre une réflexion sur les valeurs et les a priori accolés à l’identité sexuelle, la morale tient à ce que la perception que l’on peut avoir des choses peut être fausse, et qu’il faut se départir de ses certitudes. C’est donc une ode à l’humilité.

Le texte, très concis, est très bien servi par les illustrations très sobres de Clémence Pollet. Celle-ci n’utilise que trois couleurs (bleu, rouge, jaune bistre) qui renforce l’épure que constitue la partie textuelle. L’album, enfin, est d’une belle qualité, qui contribue au plaisir que l’on prend à lire l’histoire, quel que soit son âge.

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Frédéric Stévenot, pour Les Clionautes