D’après Batrachomyomachie, ce livre nous propose une version actualisée du récit d’Homère. L’histoire débute sur une rencontre entre Joufelu (Roi des grenouilles) et Grippemiette (fils du roi des souris). Ce dernier est assoiffé et aimerai se désaltérer. Joufelu lui propose donc de l’aider mais un accident survient et Grippemiette se noie. C’est sur ce malentendu que s’ouvre le livre et que les souris, furieuses décident de déclarer la guerre aux grenouilles.
La guerre des grenouilles et des souris ou Batrachomyomachia est attribuée à Homère. L’auteur a adapté cette histoire d’une journée, qui dénonce l’absurdité de la guerre. En feuilletant le livre,le décor se constitue au travers des différentes découpes.
Malgré les recommandations de Placidus Dumarais, grenouille expérimentée et sage, de rester en retrait les grenouilles rejoignent le conflit.
S’en suit les préparatifs de la guerre puis, une bataille violente et cruelle : « Les armées s’élancèrent avec des chants de guerre et des cris d’intimidation. Le coassement des grenouilles, insupportable, résonnait dans le marais : COOÂÂÂ ! COOÂÂÂ ! COOÂÂÂ ! COOÂÂÂ ! Les souris répondaient avec des couinements : COUUUUIIIC ! COUUUUIIIC ! COUUUUIIIC ! »

Rien n’est épargné, les actes sont virulents, les images sont rouges (des coquelicots !) Chacun joue de ses alliés, loutre pour les souris, crabes pour les grenouilles.
Lorsque tout à coup, dans sa grande sagesse, Placidus Dumarais propose un duel afin d’épargner un maximum de vies. « Un de nous deux survivra aujourd’hui mais, rappelle-toi, personne ne survit vraiment à la guerre. » Sauf, que dans certaines situations personne ne survit…
« De l’étang et des terres qui avaient donné vie et nourriture à tous, il ne restait plus que gadoue et plantes déracinées, corps en putréfaction, pourriture et poison. »

S’il est clair que ce livre traite d’un sujet fort, il propose différentes échelles de lecture qui peuvent s’adresser à plusieurs types de jeunes lecteurs, selon l’âge. Le texte connu depuis longtemps est mis en scène de façon ludique, où le lecteur peut avoir une vision partielle du passé et du futur selon le moment de l’action par des fenêtres ouvertes. (D’ailleurs ma fille a vu des choses que je n’avais pas vu à travers ces « trous » dans l’histoire). La mise en scène est très efficace !

L’objet est magnifique, le jeu des couleurs, selon les « camps », selon les étapes dans le récit est particulièrement bien orchestré. La guerre n’est jamais belle, elle ne l’est pas plus dans ce livre, mais cet ouvrage permet d’appréhender ce sujet grave de bien meilleure façon que les images médiatiques.
En bref, un beau volume pour jeune lecteur qui se pose des questions sur le monde des « grands ».