L’ouvrage La Belle Fonte n’est pas une sortie récente mais une belle découverte liée à une excursion à Charleville-Mézières.
A la suite d’une exposition présentant la fonderie Corneau à Charleville, l’auteur et historien de la métallurgie, René Colinet, a réalisé ce petit opus retraçant l’histoire d’une fonderie ardennaise de premier plan : l’usine des frères Corneau devenue par la suite l’Usine Deville.
Alfred et Emile Corneau s’associent en 1846 (ils possèdent un atelier spécialisé dans la clouterie mécanique et les ferrures de chemin de fer) et, à la fin des années 1850, ils se lancent dans une activité alors en plein développement dans les Ardennes : la fonte de seconde fusion (les deux frères ont fait installer deux cubilots, des appareils de fusion, dans leur nouvelle usine en 1859. Une photographie en donne un aperçu page 35). L’activité est prospère et les gendres, les frères Corneau, sont associés à la gestion de la fabrique. Parmi eux se trouve Albert Deville qui va plus encore assurer le rayonnement de l’unité de production. En mai 1886, la société en commandite Deville, Pailliette et Cie est fondée. Lors de son décès en 1913, Albert Deville est considéré comme l’un des grands patrons ardennais.
René Colinet écrit (p.18) que « la fonderie Corneau Frères est l’exemple de ce qu’on peut appeler une fonderie universelle. Elle est en effet capable de mouler en seconde fusion une foule d’objets courants, que l’on peut partager par commodité entre quelques principales catégories (articles d’agrément, domestiques, utilitaires, du bâtiment, funéraires, religieux) ».
La production de la fonderie est extrêmement impressionnante et les nombreuses planches illustrées de ce petit ouvrage en témoigne. Certains artefacts sont d’authentiques œuvres d’art à l’instar des porte-parapluies figurant des pages 25 à 27 de l’opuscule.
L’auteur évoque également les travailleurs de cette usine (mouleurs mains, modeleurs, fondeurs), leur formation et les conflits sociaux qui ont pu y exister.
La Belle Fonte est un petit ouvrage riche, de part son propos et ses illustrations, qui remet en lumière le patrimoine d’un département dont l’activité métallurgique était particulièrement importante en France. Sa lecture pourra contribuer à enrichir une séquence relative à la révolution industrielle.
Grégoire Masson