« Servir l’humanité est chez moi une passion dévorante. Je donnerais ma vie, je vendrais mon âme pour pouvoir la servir. » Flora Tristan
Paru aux éditions Tautem au mois de mai, le tour de France de Flora Tristan revient sur le parcours et la vie d’une femme, militante féministe finalement très peu connue, et que l’historienne Carole Reynaud-Paligot entend faire connaître et reconnaître.
Femme de convictions et pleine de liberté, croyante insurgée par les pratiques de l’église de son temps, Flora Tristan a en elle cette radicalité qui vous pousse à tout abandonner. Elle fait sienne la parole rapportée par Matthieu : « va, vends tout ce que tu possèdes, donne nos pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis moi. »(Matthieu 19:21, traduction Louis Segond) .
La vie de Flora est similaire à celle de milliers d’autres femmes de son époque. Elle née dans la pauvreté en 1803, gagne la capitale avec sa mère où elles tenteront de subsister tant qu’elles peuvent. La chance semble lui sourire lorsque, devenue ouvrière lithographe chez la famille Chazal, elle épouse son employeur. La misère sociale cède alors la place à la solitude et l’ennui d’un mariage triste avec un époux joueur et criblé de dettes. Elle parviendra néanmoins se séparer de ce dernier et à briser une emprise qui la conduira aux portes de la mort en 1838, le jour où celui-ci tentera de l’assassiner.
Libérée des contraintes d’un mariage qui l’avait enfermé, Flora partira à l’autre bout du monde, vers le Pérou d’où venait son père mort dans sa toute jeunesse. Elle trouvera l’affection, des proches qui l’accueilleront comme une sœur, mais qui montreront leur avidité et leur manque de considération pour les plus pauvres, même pour la famille. Quant-il s’agit d’argent il n’y a pas de lien de sang ! Flora découvrit au cours de ce voyage également la pauvreté et les inégalités qui, de l’Amérique du Sud au quartier de Londres, unissaient les travailleurs et les esclaves. Le fouet la misère étaient le quotidien des opprimés que Flora voulait connaître et défendre.
Cette pauvreté elle la retrouvera tout au long de son voyage en France qui nous est conté par Madame Reynaud-Paligot. Notamment dans la région lyonnaise où, rencontrant les canuts, elle prit conscience du combat pour la dignité que menaient ces femmes et ces hommes. Surveillée étroitement par les autorités elle gagne néanmoins des alliés, l’écoute du milieu ouvrier et parvient à réunir et faire travailler ensemble des mouvements concurrents derrière l’espoir d’une transformation sociale et politique d’ensemble.
La suite de son voyage l’amène vers Avignon, Marseille, Toulon, Nîmes, Montpellier, Béziers, Carcassonne, Toulon, Agen et enfin Bordeaux. Partout Flora retrouvait la même misère, les mêmes mots qu’elle tentait de conjurer par son énergie et son verbe, décidée à se dévouer complètement à cette tâche. Quitte à s’oublier et à se voir dépérir au point de s’éteindre peu de temps après son arrivée à Bordeaux, frappée par la fièvre typhoïde.
Un bref récit revenant sur le parcours singulier d’une féministe, d’une militante ouvrière méconnue dont le parcours demeure pour autant passionnant. Une courte entrée en matière que l’on peut conseiller à l’achat pour les CDI de nos collèges et de nos lycées.