Un livre fort qui dit la détresse d’une enfant, la douleur inscrite dans sa chair. L’autrice révèle, dans ce récit presque autobiographique, ce qui motive sa lutte contre la pratique traditionnelle de l’excision qui bien qu’interdite, demeure pratiquée même sur le territoire français.
Deux phrases expriment son mal-être et son combat :
‘ »Quand on ose me dire que je suis française et que j »ai des droits ! Oui, mais tout ça c’est de la théorie. Les droits, c’est pour les autres [ les garçons notamment] ; les devoirs, c’est pour nous [les filles, les femmes africaines] « page 163.
« Je crois qu’être née femme est une grande injustice. Il n’y a rien de pire dans ce monde que d’être une femme […] Petite on m’a préparés à devenir une femme, une mère. […] Comment être soi et non celle qui joue le rôle que d’autres ont écrit pour elle ?page 185-186
Chaque enseignant pourra trouver, dans ce récit, de quoi être à l’écoute de certaines élèves. Les jeunes collègues pourront y trouver des clés de compréhension de leurs élèves issus des cités de banlieue, assez semblables, au fond, à la cité Rimbaud.
Ce récit de vie d’une jeune enfant, née en France dans une famille immigrée d’Afrique de l’Ouest. Elle vit entre l’école et la famille, deux cultures qui s’affrontent. Comment adolescente se construire dans un corps mutilé par l’excision. Quelle femme devenir entre désir de liberté et tradition. On suit la jeune Maya et sa famille dans le quotidien d’un appartement de plus en plus petit à mesure que la famille s’agrandit, la difficulté de concilier devoirs scolaires et tâches ménagères, la question des rapports filles-garçons, le mariage forcé…
C’est aussi un bel hommage à Clémence la maîtresse de maternelle qui n’a pas oublié sa petite élève et Joséphine, la prof de français qui outre la découverte de la littérature invite à la réflexion personnelle. Ces deux personnages, inspirés, comme le reste du récit du vécu de l’auteur ou des personnes qu’elle a côtoyées, montre à quel point la rencontre entre un élève et un enseignant peu être déterminante. Comment, au-delà des savoirs transmis, l’attention, l’écoute sont fondamentales pour que l’école puisse être un lieu d’apprentissage et de construction de la personnalité de tous nos élèves.