Nombreuses sont les qualités du beau livre récemment publié par Christian Bougeard aux Presses universitaires de Rennes. Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bretagne occidentale à Brest, membre du Centre de Recherche Bretonne et Celtique, Christian Bougeard est un spécialiste de l’histoire de la Bretagne au XXe siècle et de la Seconde Guerre mondiale. Ses recherches ont débuté dans les années 1970 dans le cadre du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, et il a publié de nombreux livres depuis, sur l’histoire politique de la Bretagne contemporaine. Il signe aujourd’hui un ouvrage que l’on peut classer dans la catégorie des « beaux livres », couverture cartonnée, papier glacé, riche iconographie : le premier objectif que s’est fixé l’auteur, nous inviter à une « promenade en images à travers la Bretagne des Années noires » est parfaitement rempli. Il faut ajouter que le second objectif, sans doute plus difficile à atteindre, nous proposer « un livre qui se voudrait en même temps une synthèse des savoirs sur cette période » est lui aussi atteint.

Une promenade en images et une synthèse des savoirs

Christian Bougeard parvient en effet à rédiger un texte assez bref qui est une claire synthèse de tous les aspects de la Bretagne sous l’Occupation : invasion, défaite, mise en place des structures allemandes d’occupation, conditions de l’occupation (vie quotidienne et répression), installation des structures de l’État français, aspects et acteurs de la Révolution nationale, collaboration et collaborationnisme, naissance de la Résistance (nombreux départs vers Londres et création de groupes de résistance bretons), évolution, organisation et action de la Résistance (réseaux et mouvements), préparation de la libération (préparation militaire et politique), création des maquis et appui logistique des Alliés, insurrection et combats de la libération, épuration sous ses diverses formes, retour des absents (prisonniers de guerre, travailleurs du STO, déportés), restauration des institutions républicaines, mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Bretagne.

Malgré l’ampleur du sujet, l’auteur dresse en quelques lignes de nombreux portraits d’hommes politiques et de résistant(e)s (René Pleven ou Jeanne Bohec par exemple) et veille à toujours résumer brièvement la situation nationale ainsi que les acquis et les problématiques les plus récentes de l’historiographie. Le propos est constamment appuyé sur la présentation de situations locales précises, empruntées à des études historiques locales ou départementales. Les travaux -en particulier cartographiques- réalisés par les correspondants départementaux du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale sont mis à contribution, sans qu’il soit pour autant oublié de souligner leur faiblesse quand c’est nécessaire, ainsi en est-il des statistiques de la déportation, qui n’ont pas fait l’objet d’une nouvelle étude depuis les années 1970. Enfin, et c’était là encore une difficulté, l’auteur parvient à traiter de la situation globale de la Bretagne historique (les cinq départements dont la Loire-Atlantique) en la mettant en perspective avec la situation de la zone Nord de la France, de la France plus globalement, tout en parvenant à établir des distinctions, fréquentes, entre les diverses situations départementales. Les documents sont nombreux, d’une très bonne qualité de reproduction, et de nature variée : photographies en noir et blanc mais aussi en couleurs, tracts et affiches, cartes historiques. Chacun fait l’objet d’un petit commentaire et d’une mention très précise de la source. Ce compte rendu ne prétend évidemment pas à l’exhaustivité et s’attachera à souligner les particularités bretonnes.

Un profond brassage de population

Deux chocs frappent la population bretonne au début de l’été 1940 : l’installation d’importantes troupes allemandes qui imposent brutalement l’ordre nazi, et le nombre considérable de soldats français capturés. Une zone côtière interdite étant instaurée dès l’automne 1940, de nombreuses villes bretonnes se trouvent dans cette zone, de Saint-Malo à Saint-Brieuc, de Morlaix à Brest, de Quimper à Lorient et à Saint-Nazaire, compliquant fortement la vie quotidienne des habitants.

De nombreux soldats casernés dans les villes de Bretagne sont faits prisonniers à l’arrivée des troupes allemandes ou quelques jours plus tard. Pendant plusieurs mois, ces prisonniers français sont détenus dans des casernes ou des camps militaires de la région, puis ils sont transférés vers le Reich. Dans les Côtes-du-Nord par exemple, 16 % de la population active masculine part pour le Reich et l’impact humain en est considérable. Parallèlement la Bretagne connaît un afflux massif de réfugiés : la première vague s’était produite en septembre 1939 ; en mai 1940 une migration bien plus importante conduit en Bretagne des centaines de milliers de réfugiés. Comme pendant la Première Guerre mondiale, la présence de ces réfugiés, souvent logés chez l’habitant ou par leurs propres moyens, a profondément marqué la mémoire de la guerre. La guerre a donc provoqué un brassage de population sans précédent en Bretagne, plus visible dans les villes et sur les côtes du fait de l’occupation militaire allemande, mais qui concerne aussi les campagnes en raison de la présence de réfugiés, d’évacués et de sinistrés de plus en plus nombreux, alors que l’absence des prisonniers qui touchent la plupart des familles est durement ressentie. La concentration de milliers d’ouvriers sur les grands chantiers et leurs rotations fréquentes intensifient ces flux de population tout au long de l’occupation car la Bretagne présente un important intérêt stratégique.

La Bretagne, enjeu stratégique dans le monde en guerre

« La position géographique de la péninsule armoricaine, sa proximité de la Grande-Bretagne et sa façade maritime ouverte sur la Manche et l’Atlantique font de cette région un enjeu stratégique majeur pour les Allemands comme pour les Britanniques dès lors que toute la zone Nord est passée sous la coupe des armées allemandes victorieuses. » Pour l’Allemagne, la Bretagne est un objet de préoccupations défensives et offensives. Il lui faut préserver les côtes bretonnes des attaques britanniques et, à partir de 1942-1943, d’un éventuel débarquement des Alliés. Mais le contrôle de la région est un atout considérable pour la Kriegsmarine dans la guerre sous-marine contre les Britanniques puis les Américains. L’Allemagne commence par reconstruire les ports et les arsenaux avec la « collaboration » de la France. Puis de gigantesques travaux de défense couvrent les côtes bretonnes de blockhaus, points d’appui et forteresses. De grands travaux visant à édifier des bases sous-marines sont effectués à Lorient puis à Brest et à Saint-Nazaire, dès janvier 1941. C’est l’organisation Todt qui prend en charge la construction de cette partie du mur de l’Atlantique. Des centaines de travailleurs de la région, au chômage, s’embauchent sur ces chantiers allemands, attirés par les salaires élevés et les primes alléchantes des entreprises allemandes et françaises. Parallèlement, des milliers de travailleurs venus de toute l’Europe s’entassent dans les camps de baraques autour des ports, parfois attirés par des salaires élevés, parfois requis de force. C’est aussi près de ces chantiers que se constitue l’un des premiers groupes de résistance de la région, démantelé en décembre 1940.

Les Britanniques mènent très tôt d’importantes opérations contre ces aménagements, qu’il s’agisse de bombardements ou d’expéditions de commandos. D’audacieuses et coûteuses opérations sont menées tandis que les services secrets britanniques puis gaullistes s’efforcent d’implanter leurs premiers réseaux de renseignement.

Une occupation massive, violente, soutenue par les nationalistes et vite rejetée par les Bretons

La présence allemande est très forte dans les villes et sur le littoral. L’occupation est de plus en plus rude dans le cadre d’une cohabitation qui devient vite insupportable mais qu’il faut supporter. Les sources françaises et allemandes montrent un rejet immédiat de l’occupant par l’opinion publique et des espoirs tournés vers l’Angleterre, « à part une poignée de collaborationnistes français et bretons qui jouent la carte allemande, et d’affairistes qui profitent d’une situation de pénurie ». Des violences de guerre se produisent des le début de l’Occupation, manifestations d’une répression impitoyable. Bien que la marine anglaise ait coulé la flotte française à Mers-el-Kébir, et que l’anglophobie ait été forte dans certains milieux maritimes, très vite les sympathies des Bretons se tournent vers l’Angleterre et très tôt « une résistance balbutiante » émerge dans les villes.

Les Allemands ont ramené dans leurs fourgons les chefs du Parti national breton (PNB), dissous par la République en octobre 1939, qui avaient choisi de rejoindre Berlin lors de la déclaration de guerre et créé, en juin 1940, « un gouvernement breton » à Berlin. Ces nationalistes sont soutenus par une partie des responsables nazis (mais une partie seulement) et deviennent les plus extrémistes des collaborateurs. Au nom de la défense de la langue et de la culture bretonnes, ces militants nationalistes servent d’instruments à la pénétration de l’idéologie nazie dans certains milieux culturels et artistiques. Leurs cadres servent d’agents chargés d’infiltrer la Résistance au sein de laquelle ils ont fait des ravages. Le fossé « ne cesse donc de se creuser entre cette poignée d’activistes bretons et la population ».

De nombreux Bretons dans la France libre et une forte résistance intérieure

Beaucoup de jeunes volontaires s’embarquent sur les chalutiers et les cargos qui quittent les ports de Bretagne pour l’Angleterre à la mi-juin 1940 ; les départs sont particulièrement massifs à partir des ports finistériens. L’exemple le plus spectaculaire est bien sûr celui des pêcheurs de l’île de Sein, 129 ralliés à la France libre dont 22 sont « morts pour la France ». Tout au long de l’Occupation, des hommes ont tenté de gagner l’Angleterre à partir des côtes bretonnes. La surreprésentation bretonne est très forte dans la France libre, le rapport est de cinq à un par rapport à la moyenne nationale. Les Bretons ont donc joué un rôle important dans la France libre, comme par exemple Yves Morvan-« Jean Marin », l’un des animateurs de l’émission « Les Français parlent aux Français », ou René Pleven qui eut un rôle essentiel auprès du général de Gaulle.

Les agents français des services britanniques et gaullistes parachutés en Bretagne pour y constituer des réseaux, découvrent que de petits groupes de résistants se sont constitués, isolés, et ne demandent qu’à mettre leur courage et leurs compétences au service des Alliés. C’est ainsi que deux résistances vont se rencontrer, et très progressivement se structurer et agir. Les réseaux de renseignement mis en place dès la fin de 1940 et 1941 jouent un rôle important, et pionnier au regard de la situation de l’ensemble de la France. Avec les réseaux d’évasion par la mer, le renseignement structure la Résistance en Bretagne dans les premiers mois de l’occupation.

Par la suite se constituent en Bretagne des mouvements de résistance, l’Organisation civile et militaire, Libération-Nord, Défense de la France et le Front National, ce dernier mouvement traduisant l’essor de la résistance communiste. Les sabotages de matériel ferroviaire augmentent considérablement en 1942 et 1943 ; en janvier 1943, pour la première fois, un local allemand est attaqué. Avec l’essor des actions, la répression s’abat de plus en plus violemment, stimulant bien davantage qu’elle ne décourage les résistants. Des affaires douloureuses frappent l’opinion. « À partir de l’été 1943, malgré les risques et les pertes répétées, tous les mouvements de résistance oeuvrent à la préparation de la libération du pays, en appui du débarquement allié tant attendu et avec le soutien d’une partie non négligeable de la population. »

L’éprouvante dernière année d’occupation prépare la libération

Les derniers mois de l’Occupation sont particulièrement pénibles, car à la présence et à la répression allemande renforcées, s’ajoutent les conditions aggravées de ravitaillement et les terribles destructions des bombardements. Les autorités militaires ordonnent dès la fin de 1943 l’évacuation d’une partie des populations côtières, contre leur volonté, et ceux qui restent sont astreints à travailler sur les chantiers avec leur matériel et leurs attelages. L’aviation alliée attaque systématiquement les installations militaires et les voies de communication, et plus seulement les ports de guerre. Les grandes villes sont écrasées sous les bombes et les morts se comptent par centaines.

Le combat résistant s’intensifie néanmoins : les réseaux se diversifient, les mouvements se renforcent, les maquis se constituent, se structurent, s’arment et entrent dans le combat. En Bretagne, le phénomène maquisard est relativement tardif, compte tenu de la densité de l’occupation allemande et de la présence de puissantes forteresses intégrées au mur de l’Atlantique. Mais des milliers de fermes dispersées dans le bocage abritent des milliers de réfractaires, dont une minorité seulement rejoint la Résistance, essentiellement les FTP. Les maquis combattants n’apparaissent qu’en mars-avril 1944, formés par des résistants opérant auparavant dans les zones urbaines. Afin de préparer la libération, les mouvements se rapprochent, des commandements FFI sont constitués et des Comités départementaux de la libération créés dans la clandestinité.

Des missions militaires alliées viennent renforcer et armer la résistance bretonne

La Bretagne occupe une place importante dans les plans stratégiques des Alliés et dans les objectifs de la France libre. Il s’agit de retarder l’envoi en Normandie de forts contingents allemands stationnés en Bretagne (au moins 150 000 hommes). Les Alliés n’ont guère confiance dans la résistance bretonne et ils envoient des missions parachutées qui prennent alors connaissance de son importance ainsi que de son manque d’armes. Les Alliés décident en conséquence d’armer les maquis et l’occupant réagit en s’efforçant de les écraser.

Le Special Air Service (SAS) parachute 500 hommes et du matériel pour constituer deux puissantes bases en Bretagne, l’une au sud de Guingamp, l’autre au coeur des Landes de Lanvaux, près du maquis de Saint-Marcel. Mais elles sont rapidement et puissamment attaquées par l’ennemi et les hommes doivent se disperser en abandonnant des stocks d’armes dans la forêt, récupérés par les résistants et la population. Les parachutages se poursuivent et une base puissamment armée se reconstitue près du maquis de Saint-Marcel qui devient un vaste camp retranché. Des dizaines de tonnes d’armes sont parachutées, permettant d’armer 4000 hommes en une dizaine de jours. De nombreux volontaires gagnent alors les maquis et le bilan des actions est impressionnant.

La répression est impitoyable, son efficacité et son extrême violence s’expliquant en partie par le rôle des miliciens, qu’ils appartiennent à la Milice française ou à celles des partis nationalistes. Dans leurs centres de détention, on torture atrocement comme en témoignent les charniers découverts après la Libération. L’occupant vide les prisons et remplit les trains de déportation pour l’Allemagne. « Violences et crimes de guerre atteignent bien leur paroxysme en Bretagne en juillet et août 1944. La percée à Avranches des armées américaines, le 31 juillet 1944, arrive à point nommé pour éviter des situations plus sanglantes encore mais la brutalisation de la société par les troupes de la Wehrmacht, et pas seulement par la SS ou la Gestapo, est une réalité qui va marquer durablement la mémoire de la guerre. »

C’est dans ce contexte de rafles massives, de tentatives d’infiltration et d’attaque des maquis qu’il faut resituer les aspects les plus violents de l’épuration. Les tontes de femmes prennent une grande importance et l’auteur souligne que ceux qui y procèdent agissent la plupart du temps sur décision des autorités de la Résistance.

Après la percée d’Avranches le 31 juillet, les Américains sont les principaux acteurs de la rapide libération de la Bretagne. Répondant à l’ordre de l’insurrection généralisée du général Köenig le soir du 3 août 1944, diffusé par la BBC, la levée en masse des FFI se généralise. Ils servent d’éclaireurs et de fantassins aux Américains, « nettoyant » les poches de résistance allemande. Les Allemands s’enferment dans les garnisons urbaines, ne faisant que des sorties en force pour réduire les maquis. Devant la puissante offensive, ils se replient sur des bases et des points fortifiés où ils s’accrochent dans les mini poches de Saint-Malo-Dinard-Cancale et de Concarneau que les Américains doivent assiéger. « Pour de nombreux villages, surtout en basse Bretagne, la libération est amère car dans les premiers jours d’août les troupes allemandes, dont certaines ont servi sur le front de l’Est, se sont livrées à des crimes de guerre et à des exécutions collectives contre les civils, notamment dans le Finistère. » Les Allemands se retranchent dans Brest dont ils ordonnent l’évacuation de la population et les Américains doivent assiéger la ville pendant 43 jours. La ville est détruite à plus de 75 %, les Allemands ont 3000 morts et les Alliés près de 2000. Les milliers de personnes enfermées dans les poches de Lorient et de Saint-Nazaire devront affronter encore un hiver d’occupation et de privation, et ne seront libérées qu’après la capitulation du Reich, le11 mai 1945.

La Bretagne libérée

L’avant-dernier chapitre présente la situation de la Bretagne de l’été 1944 au printemps 1945 : nouveaux pouvoirs et rétablissement de la légalité républicaine, diverses formes de l’épuration, combats devant les poches de Lorient et de Saint-Nazaire, retour des absents (prisonniers de guerre, requis du STO, déportés), renouveau de la démocratie républicaine. Le général de Gaulle effectue un tour triomphal des villes de Bretagne à la fin de juillet 1945. Accompagné de ses ministres bretons, René Pleven (ministre de l’Économie et des finances) et Tanguy Prigent (ministre de l’Agriculture), il est acclamé par les populations de Brest, de Saint-Brieuc, de Quimper et de Lorient.

Les élections municipales et les élections à la première Assemblée constituante en 1945 révèlent que le rapport des force droite/gauche bouge peu en Bretagne, la redistribution des sièges se faisant au sein de chaque camp avec un glissement en faveur du parti communiste à gauche et du MRP à droite. Les élections de 1946 confirment le poids des droites et des centres en Bretagne et, dès 1949, les droites se renforcent encore à la faveur de la poussée du RPF gaulliste. Néanmoins le renouvellement des hommes est considérable et, dans tous les partis, une nouvelle génération politique, plus jeune et issue de la résistance, assure la relève.

Histoire et mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Bretagne

« Dès la libération, des rituels commémoratifs de la guerre s’élaborent avec la participation active des autorités et des associations mémorielles des anciens résistants, déportés et autres victimes du conflit non sans déchirements et affrontements politiques en particulier dans les années de la guerre froide. Au travail de mémoire portée par les associations se joint un travail d’histoire menée à partir de 1944-1945 par un comité qui deviendra le Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale (…) Son rôle est d’abord de collecter les archives de la période, de recueillir les témoignages des acteurs (les résistants), et de mener des enquêtes sur des thématiques définies avec des historiens universitaires (…) L’originalité de ce comité d’histoire (…) est de s’appuyer sur des correspondants départementaux, au départ des anciens résistants et des enseignants, puis de jeunes universitaires, qui ont un accès privilégié aux archives publiques. Ces correspondants ont été particulièrement actifs en Bretagne et leurs travaux, prolongés ou revisités, ont servi en partie de support à cet ouvrage. C’est ce travail collectif qui a jeté les bases d’une connaissance scientifique des Années noires. »

Dans ce chapitre l’auteur aborde plusieurs thèmes : les commémorations, les conflits de mémoire, les lieux de mémoire, les musées (importance du Musée de la Résistance bretonne à Saint-Marcel dans le Morbihan) et le patrimoine de la guerre. Avec les nombreux blockhaus qui parsèment le littoral, en général laissés à l’abandon, le devenir du patrimoine de cette période est posé. Le départ de la marine nationale, à Saint-Nazaire et à Lorient, en 1997, à posé aux municipalités la question de la reconversion et de l’utilisation des bases sous-marines. En réponse, les usages touristiques et économiques ont été développés.

La Bretagne reste le lieu d’une intense activité commémorative qui répond à une forte demande sociale encouragée par l’État et les collectivités territoriales. « Parallèlement, un travail de recherche historique est mené. S’appuyant sur des travaux d’étudiants, le dépouillement des archives publiques, l’enquête orale auprès des acteurs et des témoins, colloques et ouvrages universitaires ont permis depuis une quarantaine d’années d’affiner notre connaissance, de développer de nouvelles problématiques et de donner 70 ans après la libération une lecture plus équilibrée, plus complète, plus apaisée de la Bretagne dans la Seconde Guerre mondiale. ».

Cet ouvrage en est l’éclatante preuve. Il a bien évidemment sa place dans tous les CDI des collèges et lycées des cinq départements de la Bretagne historique, mais aussi bien au-delà de cette région.

© Joël Drogland