Sujet à la mode ? Voilà un thème qui fait couler beaucoup d’encre: articles de presse, nombreux ouvrages d’Adama Gaye Chine-Afrique : le dragon et l’autruche, L’Harmattan, 2006 à Eric N’guyen Les relations Chine-Afrique, Studyrama 2009 de Lotfi Ouled Ben Hafsia et Karima Belkacem Avenir du Partenariat Chine Afrique, L’Harmattan, 2011 à Julien Bokilo [http://clio-cr.clionautes.org/spip.php?article3810->http://clio-cr.clionautes.org/spip.php?article3810] et quelques autres sans oublier Le dessous des Cartes: Que fait la Chine en Afrique? [http://www.arte.tv/fr/392,CmC=1579666,view=books.html->http://www.arte.tv/fr/392,CmC=1579666,view=books.html].
Olivier Mbabia se veut délibérément critique vis à vis de ses prédécesseurs. Il choisit de resituer la question dans le temps : évocation des motifs et caractères de l’intérêt de la Chine pour l’Afrique depuis les années 80, mode opératoire le leadership chinois et rhétorique d’un partenariat mutuellement bénéfique.
Généalogie des relations sino-africaines
Depuis les tous premiers contacts que l’auteur fait remonter à l’époque pharaonique l’auteur montre l’importance de la période de décolonisation pour l’intérêt de la Chine de Mao pour le continent africain. D’une aide idéologique la Chine passe dans les années 80 à plus d’investissements et au développement commercial avant un retour du politique après Tiannmen.
Une stratégie plurielle: entre pragmatisme et intérêts nationaux
Olivier Mbabia présente la place de l’Afrique dans la politique chinoise entre expansion commerciale et action internationale depuis les années 90 et plus encore avec la création du FOCAC Forum on China – Africa Cooperation avec pour conséquence le développement d’un commerce déséquilibré en dépit des déclarations chinoises de bénéfice mutuel. La politique chinoise est en fait dictée par ses besoins énergétiques pour maintenir son niveau de croissance. Si l’Afrique reste du point de vue comptable un partenaire marginal, l’auteur montre comment le déséquilibre des échanges crée des emplois en Chine et déstabilise l’emploi en Afrique, situation aggravée par l’envoi de travailleurs chinois sur les chantiers africains. Les effets de la non conventionnalité de l’aide sont vus à travers l’exemple angolais.
Les paradoxes de l’aide chinoise
Les engagements multiples de la Chine sur le continent, y compris dans des secteurs sensibles: pétrole, armes ne sont pas sans risques pour les pays africains: dépendance économique, risques liés à la gouvernance (soutien à des dictatures ), insécurité écologique. L’auteur focalise son étude sur la question vitale pour la Chine de son approvisionnement énergétique et présente plusieurs exemples: la relation sino-saoudanaise, l’absence de standards sociaux et environnementaux au Congo.
L’épanouissement de la puissance chinoise en Afrique
Ce chapitre met en lumière la politique culturelle avec le développement des Instituts Confucius, l’utilisation de la Diaspora, le rôle du discours dans les instances internationales et la participation aux opérations onusiennes de maintien de la paix et la pénétration des média.
L’objectif de Pékin de séduire les Africains semble atteint, la Chine jouit en Afrique d’une bonne image à nuancer cependant par la montée d’un rejet des migrants chinois.
Présence chinoise et jeu de puissance en Afrique
Restait à mettre en perspective les relations Chine-Afrique avec les relations euro-africaines et notamment française, les relations Amérique-Afrique sans oublier de poser la question de la place d’un autre pays émergent: l’Inde.
En conclusion Olivier Mbabia revient sur le retour d’une diplomatie Sud-Sud, l’importance pour la Chine de sa place au concert des Nations dont l’Afrique n’est qu’un élément et pose la question du positionnement à venir des élites africaines face à la Chine.
Christiane Peyronnard ©Les Clionautes