Nous sommes en 1857, et la comtesse de Ségur est en panne d’inspiration. Elle a pourtant promis à son éditeur, Louis Hachette, d’écrire le chef d’œuvre de sa carrière. Rien à faire ! Les idées ne lui viennent pas.

Pendant ce temps, ses deux petites-filles modèles mènent la vie dure à leur pauvre gouvernante anglaise, Mary Brown (dont les dents, contrairement à ce qu’en dit la comtesse, sont de taille parfaitement normale). Celle-ci a pourtant promis à leurs parents de leur inculquer une bonne connaissance de Londres, où elles doivent rejoindre leur famille après les vacances. Mary Brown a d’autres ennuis : sa sœur vient d’épouser un jeune Américain, et est partie vivre dans ce pays sauvage qui, à en croire la comtesse, grouille d’hommes incultes et d’«Indiens féroces» !

La comtesse n’aime ni l’Angleterre, ni l’Amérique, et pourtant, ces pays et leurs cultures sont omniprésents dans son œuvre… et dans sa vie ! Que ce soit ses séjours à Londres pour visiter sa fille Nathalie de Malaret (mère des petites filles modèles), ou la gouvernante anglaise de celles-ci (qui ressemble en beaucoup de points au personnage fictif de l’histoire), l’Angleterre et la Comtesse sont inextricablement liés… qu’elle le veuille ou non ! Un roman qui puise son inspiration dans la correspondance de la célèbre écrivaine, et qui permet aux enfants de découvrir, non seulement la vie de la Comtesse, mais également des épisodes marquants dans l’Histoire de trois pays : la France, l’Angleterre, et les États-Unis.

Ce livre est accessible aux enfants à partir de 9 ans. Il est bilingue anglais/français. C’est une manière très intéressante pour les enfants d’apprendre la langue en alternant plus ou moins avec les deux langues. Je m’interroge toutefois s’ils peuvent toujours bien comprendre ; même si j’ai constaté qu’avec la suite des phrases en français qu l’on peut comprendre le contexte.

Lorsque Mary Brown écrit dans son journal, l’écriture est « classique », mais lorsqu’il s’agit de lettres écrites par elle, sa sœur ou encore la comtesse de Ségur, c’est stylisé. Pour des enfants ne comprenant pas l’anglais, j’ai trouvé que l’écriture italique est assez difficile à lire car des lettres ne sont pas bien distinctes. L’idée est bonne mais il faudrait alors aérer davantage.

L’histoire ainsi racontée permet aux enfants de connaître la vie assez hiérarchisée du XIXe siècle, les conflits aux États-Unis, les moyens de transports et le temps beaucoup plus allongé pour recevoir des nouvelles de ses proches.