Visitez la cité aux côtés du poète Joachim Du Bellay, assistez à la préparation de l’édit de Nantes, participez au siège de la ville avec les Vendéens, faîtes connaissance avec le sculpteur David d’Angers, revivez l’épopée de la maison Cointreau et découvrez comment Angers devint pour un temps la capitale de la Pologne !

Cette BD est le 2ème tome de la collection sur la ville d’Angers, le 1er allait de Dumnacus au roi René.

Comme pour toute la collection sur les villes, on retrouve la partie documentaire qui vient en appui de la bande dessinée et explique davantage le contexte tout en allant plus loin en apportant des connaissances.

 

Joachim Du Bellay et la douceur angevine

Angers est devenue une importante place financière et commerciale mais aussi politique car de nombreux membres de la famille royale gouverne la capitale du duché d’Anjou, comme Louise de Savoie (mère de François Ier) ou le futur roi de France Henri III.
A la Renaissance, Angers est très dynamique et accueille de plus en plus de personnalités. Joachim Du Bellay en fait partie, il y a séjourné quelques jours.

Nous apprenons que son cousin, cardinal à Rome, l’a renvoyé à Angers car il était tombé amoureux d’une femme mariée. Il croise Michel-Ange auquel il raconte quelques bribes de sa vie mais de manière très rapide : son amour de jeunesse lui a inspiré ses poèmes, il avait mis un point d’honneur à ne pas écrire en latin et avait fondé la Pléaide avec Pierre de Ronsard et d’autres amis poètes.
Il quitte Rome en 1557 et meurt 3 ans plus tard à Paris, à l’âge de 37 ans. Il n’aura pas pu revenir sur ses terres d’origine.

Henri IV et la préparation de l’édit de Nantes

Angers est marqué, au XVIe siècle, par la diffusion du protestantisme et par les guerres de Religion qui s’en suivent.
Lorsque Henri IV vient en 1598, la paix revient. L’édit de Nantes fut en réalité écrit à Angers, cependant, Henri IV n’attendit pas la fin de sa rédaction pour continuer sa visite du royaume et les rédacteurs de l’édit le rejoignirent à Nantes, où il le signa, d’où le nom de cet édit. Les objectifs sont clairs : pacifier le royaume, apporter la liberté et la tolérance religieuse afin que chaque sujet du roi puisse vivre sa religion sans peur de représailles.

Saint Vincent de Paul, réformateur de l’hôpital Saint-Jean

L’hôpital Saint-Jean est déplorable et a mauvaise réputation, Saint Vincent de Paul est alors appelé pour reprendre la gestion en 1639. Il demande alors à Louise de Marillac (veuve du secrétaire de Marie de Médicis) de s’y rendre et elle reçoit comme mission de rendre l’hôpital propre et qui permette de soigner tous les malades grâce à la présence de médecins, chirurgiens, apothicaires, religieux, serviteurs, lavandières…
Les différentes épidémies depuis le XIVe siècle et la peste qui sévit à partir de 1602 touchent tous les âges de la population… On estime que près d’un tiers de la population d’Angers disparaît au cours de ces épidémies.

Le Muséum, une création dans la tourmente révolutionnaire

Le musée d’histoire naturelle a connu bien des péripéties à la fin du XVIIIe siècle. La collection qu’il abrite aujourd’hui provient en partie de citoyens ayant donné de gré ou de force leurs collections, pour certaines remarquables. Dans un premier temps, elles ont été entreposées dans l’ancienne abbaye Saint-Serge en 1793. Mais en décembre 1793 les Vendéens ont tenté un siège et se sont retranchés dans l’ancienne abbaye. Les combats qui s’y sont déroulés ont abîmés les collections et pour certaines les ont anéanties.

Par la suite, le nouveau cabinet d’histoire naturelle ouvra au logis Barrault en 1797 et devint musée en 1801.

 Le dernier séjour de David d’Angers en Anjou

Au début du XIXe siècle, Angers connaît de nombreux rebondissements.
Au Premier Empire, la ville se pare de nouvelles institutions comme le lycée et la préfecture (Maine-et-Loire), palais de justice ; l’enceinte médiévale est démolie et suite à la chute de l’Empire la ville est occupée par les Prussiens. La ville connaît de grands aménagements : grands hôtels particuliers, nouvelles rues, quais…

Nous en apprenons plus sur l’artiste David d’Angers, natif de la ville qui fit carrière à Paris. L’une de ses oeuvres principales visibles aux yeux de tous est le fronton du Panthéon à Paris. Son père était sculpteur sur bois et fut le premier formateur de son fils ; il reçu de la municipalité d’Angers une bourse d’étude et a beaucoup voyagé. Il s’est engagé politiquement, a été maire du XIe arrondissement de Paris mais a été contraint à l’exil, et a été député de l’Anjou en 1848.
Un musée lui est consacré dès 1839, au Logis Barrault.

Il mourut le 6 janvier 1856 à Paris et est enterré au cimetière de Père-Lachaise.

Les Bazin, une famille d’écrivains

Au XIXe siècle, Angers a de plus en plus la réputation de ville intellectuelle de par le nombre de bibliothèques, de sociétés savantes, l’installation de l’école régionale des beaux-arts et de plusieurs établissements d’enseignement supérieur.

René Bazin est un écrivain du XIXe siècle ayant fait sa licence de droit à Paris puis son doctorat à l’Université catholique de l’Ouest, créée en 1875, après que la loi abolisse le monopole de l’Etat sur l’enseignement supérieur. Il devint professeur de criminologie mais développa surtout son talent d’écrivain. Il écrivit notamment Stéphanette, Les Noellet, La sarcelle bleue. Son oeuvre était locale, il mettait en scène ses personnages dans des lieux de la ville d’Angers ou à proximité. Il entra à l’académie française en 1903 et mourut en 1932.
Son fils Hervé Bazin fut aussi écrivain et perpétua la lignée familiale en entrant à l’académie Goncourt dont il devint le président en 1973.

L’épopée des Cointreau, liquoristes

L’entreprise Cointreau a été créée en 1846 par Edouard-Jean Cointreau et son frère Alphonse. Le fils d’Edouard-Jean, nommé Edouard, a repris la distillerie locale en 1875 et a cherché à la démarquer des autres concurrents en innovant avec le Triple-Sec : une liqueur aux écorces d’oranges douces et amères. Le succès a été immédiat et il a fallu démultiplier la production. Cependant, il a dû se confronter aux contrefaçons et a dû trouver une parade : développer la marque en ayant une effigie avec le Pierrot de Nicolas Tamagno.

Victor Bernier, un maire au coeur de la Seconde Guerre mondiale

La ville d’Angers n’est pas restée tranquille durant ce conflit. Elle accueillit de novembre 1939 à juin 1940 le gouvernement polonais en exil. Une fois la France défaite, les Allemands y regroupe toute l’administration militaire du Grand Ouest. Par ailleurs, c’est de là qu’est parti le seul train de déportés juifs directement de province en direction d’Auschwitz (Convoi n°8 le 22 juillet 1942). A ce sujet, un mémorial a été inauguré en juillet 2023 près de la gare. D’autre part, 4 résistants membres des Compagnons de la Libération sont natifs d’Angers.

La BD revient sur l’histoire du maire, Victor Bernier, qui a été démis de ses fonctions le 30 mars 1944 pour motif d’actes de résistance trop nombreux dans la ville. Il a donc repris le chemin de sa pharmacie pour s’en occuper. C’est après le débaraquement en Normandie que les angevins ont pu être libérés par les Américains. Le 8 août 1944, le seul pont qui n’a pas été détruit sur la Maine a pu être emprunté par les soldats alliés.

Une fois la ville libérée, l’ancien maire a été salué par Michel Debré à l’hôtel de Ville puis par Charles de Gaulle en personne le 14 janvier 1945.
Mais Victor Bernier n’a pas repris ses fonctions, il a décidé de se retirer pour profiter de sa famille et de laisser place à la nouvelle génération pour redynamiser la ville.

Le Chant du Monde de Jean Lurçat

La ville abrite la tapisserie de l’Apocalypse, commandée par le duc d’Anjou Louis Ier au XIVe siècle ; elle est visible dans l’ancien Palais Episcopal.
Jean Lurçat l’a visitée en juillet 1938 et eu l’idée de s’en inspirer pour faire une oeuvre titanesque de 500 mètres carrés en 1956. Plusieurs ateliers l’ont tissée, en raison de l’importance du travail, mais il fallait faire attention à ce qu’ils aient la même qualité, même densité et même poids car les morceaux devaient être cousus ensemble.
Malheureusement, Jean Lurçat n’eut pas l’occasion de voir le dernier carton dessiné car il mourut subitement en 1966. Son oeuvre fut d’ailleurs inachevée mais on peut la voir aujourd’hui à l’hôpital Saint-Jean car sa veuve l’a vendue à la ville.

 

A la fin de la BD, une carte de France est placée avec, pour chaque ville racontée en BDMontpellier de la Préhistoire à Rabelais, Dobbs, Béatrice Merdrignac, Petit-à-Petit, 2020, une petite vignette de la couverture publiée (avec pour certaines 2 tomes). De quoi assurément compléter la collection.