On tirera un grand profit de ces 150 pages; l’essentiel est dit en neuf courts chapitres, chaque fois suivis de documents: textes fondamentaux ou témoignages particuliers. Un petit nombre de cartes et de graphiques essentiels illustrent le texte.
Après avoir rejeté l’illusion de la famine-catastrophe naturelle, le livre prend un ton nettement plus militant et dénonciateur: la famine est une arme politique: elle permet d’éliminer les groupes d’opposants ou d’attirer l’attention des médias et avec eux, de l’argent et des denrées parfois détournées. Sylvie Brunel montre également la lenteur et les limites des grandes institutions internationales, mais elle explique aussi comment les ONG peuvent être prises en otage par les gouvernement et les chefs de guerre.
Ce livre n’a pourtant rien de décourageant: il est au contraire fort stimulant: le potentiel agricole du monde est loin d’être complètement exploité, notamment en Afrique. Tous les habitants des pays en voie de développement pourraient manger à leur faim avec seulement 40 milliards de dollars de plus. La faim dans le monde est un problème que l’on pourrait vaincre: ce livre se présente aussi comme un appel à la mobilisation des opinions publiques occidentales qui peuvent faire bouger les choses.
Il s’achève enfin sur la dénonciation d’idées reçues: non, l’Afrique n’est pas un continent maudit par son climat; non, l’agriculture commerciale ne prend pas la place de l’agriculture vivrière; non, le déversement des excédents des agricultures du « nord » n’est pas une bonne solution à long terme; non, le réchauffement de la planète n’est pas forcément une mauvaise chose…