Disons-le d’emblée, les travaux de Jean-Claude Boyer, spécialiste incontesté des pays du Benelux, ont toujours eu notre faveur : clairs, accessibles à tous les publics et, notamment, aux étudiants, maniant des sources de première main, éclairant avec talent les paradoxes de ces petits pays qui hantent notre conscience de grande puissance. Autant dire que le sujet – difficile – des banlieues françaises traité dans ce livre a été traité aussi avec les mêmes qualités.
Les premiers chapitres présentent les banlieues dans la recherche géographique et leur formation dans l’histoire récente des villes françaises. Les cartes, empruntées à l’IGN, forment un bon appui documentaire. Les sociétés vivant dans les banlieues actuelles sont décortiquées dans un troisième chapitre à partir de leurs comportements. Elément novateur de cet ouvrage, un long développements est consacré aux banlieues aisées et à la vision conservatrice du territoire qu’en ont leurs habitants.
Les activités dans les banlieues sont ensuite vues en rapport avec les trois secteurs d’activité : là, le livre est moins convaincant que les travaux du laboratoire Strates (Paris-1) dont l’approche spatiale marquait mieux l’imbrication des activités dans des territoires multi-fonctionnels.
Les pages consacrées au peuplement, à la » crise » des banlieues et à la politique de la ville gardent toutes les qualités pédagogiques nécessaires pour asseoir les bases d’un débat esquissé avec brio dans le dernier chapitre. Ainsi, les réflexions sur les dangers du communautarisme, les choix politiques (ou l’absence de choix) peuvent-ils être accessibles à tous les étudiants qui auront eu en main cet ouvrage. N’est-ce pas là le plus beau compliment pour l’auteur et pour cette collection qui porte bien son nom ?