Marquis Louis-François de La Tierce (1699-1782), Francis Drake (1764-1821), Paul Adam, manuels scolaires, Benoît Malon (1841-1893), Autriche
Professeur-documentaliste certifié dans l’enseignement privé catholique sous contrat d’association avec l’Etat, à Tours (Institution Marmoutier). Titulaire d’une maîtrise d’histoire contemporaine intitulée « Les radicaux et les radicaux-socialistes en Indre-et-Loire (1928-1934) », soutenue en 1992, sous la direction de Michèle Cointet-Labrousse.

La revue « Chroniques d’Histoire Maçonnique » – ou CHM pour les initiés – (publiée depuis 1982) sera désormais présentée par le service de presse des Clionautes, dans le cadre de la Cliothèque. Cette revue réunit des travaux de chercheurs français (pour la plupart) sur les évolutions historiques de la Franc-Maçonnerie française, liée à la plus importante obédience française : c’est-à-dire le Grand Orient De France ou GODF. L’abonnement annuel à la revue Chroniques d’histoire maçonnique comprend 2 publications par an expédiées en décembre et juin. Cette revue s’applique à être fidèle au projet défendu depuis plus de 30 ans : l’étude du fait maçonnique dans son intéraction avec l’histoire politique et sociale. Soucieux de travailler des domaines peu exploités, la rédaction de Chroniques d’histoire maçonnique s’efforce aussi de rendre compte des liens entre la franc-maçonnerie et les milieux culturels. Les dossiers s’attachent à restituer les sources, le contexte idéologique … et la difficile application sur le terrain. Cette revue est réalisée avec le concours de l’IDERM (Institut d’Etudes et de Recherches Maçonniques) et du Service Bibliothèque-archives-musée de l’obédience du Grand Orient De France (GODF). L’éditeur délégué est Conform Edition.

« Chroniques d’Histoire Maçonniques » n° 70 (2012-2) : La franc-maçonnerie dans les livres

Ce numéro, composé de 6 articles, comporte deux études consacrées à 2 francs-maçons : le marquis Louis-François de La Tierce et Francis Drake), un dossier sur la franc-maçonnerie dans les livres (romans et manuels scolaires), une figure du socialisme maçonnique français en la personne de Benoît Malon (1841-1893) puis un document-témoignage (de février 1939) sur les persécutions nazies contre les francs-maçons en Autriche, après l’Anschluss (15 mars 1938).

ETUDES : L’énigmatique marquis de La Tierce : vers un essai de bio-bibliographie :

Ce premier article, rédigé par François Labbé, brosse un portrait biographique et intellectuel du premier traducteur français des « Constitutions d’Anderson » : le marquis Louis-François de La Tierce (1699-1782)= 83 ans. Noble d’ascendance huguenote, il quitte la France en 1724 (à l’âge de 25 ans) « pour cause de religion » et s’installe en Hollande, ensuite en Angleterre, puis à partir de 1733, dans divers états allemands où il sert les intérêts anglais, sans jamais jouer un rôle de premier plan. Probablement initié franc-maçon à Londres, vers 1725, la Loge française de Londres confie au marquis la traduction (ou plus exactement l’adaptation en français) des « Constitutions d’Anderson », achevée dès 1733 mais publiée seulement en 1742, à Francfort. Puis, le marquis de La Tierce disparaît du paysage maçonnique européen, après 1744, pour des raisons inconnues des historiens.

La véritable affaire Francis Drake :

Ce deuxième article, écrit par Eric Burst, est consacré à l’histoire vraie d’une tragi-comédie où se mêlent, sous le Premier Empire de Napoléon Ier, tous les ingrédients d’un bon thriller ésotérique : franc-maçonnerie, espionnage et politique… La loge strasbourgeoise « La Concorde » réalise un « gage d’innocence politique », probablement exceptionnel dans l’histoire de la franc-maçonnerie française. Elle décide de procéder à la radiation de l’Ordre d’un sujet britannique qui avait été initié à Strasbourg sous l’Ancien Régime au motif qu’il combat Napoléon Bonaparte. Mais, cet acte, qui est une violation caractérisée des Constitutions d’Anderson, n’est sans doute qu’un simulacre de loyalisme devant probablement servir surtout les intérêts personnels et profanes du Vénérable de cet atelier alors en exercice, Charles Popp.

DOSSIER : La franc-maçonnerie dans les livres

Le dossier est consacré à la manière dont la franc-maçonnerie est présentée dans les livres.

La franc-maçonnerie entre 1810 et 1830 dans le cycle romanesque de Paul Adam « Le Temps et la Vie » :

Ce troisième article, rédigé par François Cavaignac, continue son cycle sur le traitement du « fait maçonnique » dans la littérature. L’historien invite les lecteurs à redécouvrir Paul Adam (1862-1920), mort à 58 ans. Un auteur, bien oublié aujourd’hui, mais qui connut le succès en son temps. Sa série romanesque « Le Temps et la Vie » développe différentes conceptions de la Maçonnerie. Dans la tétralogie romanesque de Paul Adam « Le Temps et la Vie » – 4 volumes représentant plus de 1800 pages : La Force (1899), L’enfant d’Austerlitz (1902), La Ruse (1903) et Au soleil de Juillet (1903) -, il est difficile en effet de nier le rapport du texte et de son auteur tant les idées et les thèmes développés correspondent ouvertement à sa personnalité. Cette fresque, foisonnante et parfois brouillonne, présente 3 autres caractéristiques : Il s’agit d’abord d’un roman familial ; cette œuvre insère dans l’intrigue des personnages littéraires de fiction empruntés à d’autres œuvres romanesques (Balzac et Hugo, notamment) ; enfin, l’occultisme imprègne profondément l’ensemble de ce cycle littéraire.
La franc-maçonnerie dans les livres :
Ce quatrième article (écrit par Maurice Stein) s’attache à livrer, après de longues recherches, les résultats d’un travail approfondi et novateur sur la façon dont les manuels scolaires présentent la franc-maçonnerie. Les livres sont certes le reflet des idées de leur temps… mais ils influent à leur tour les conceptions de leurs lecteurs. Ainsi, tous les établissements de l’enseignement public ou de l’enseignement catholique sous contrat d’association avec l’Etat choisissent désormais leurs manuels chez les grands éditeurs scolaires qui s’en tiennent à une grande neutralité en la matière et ne contiennent donc pas de mise en cause explicite.

FIGURES : Benoît Malon et la franc-maçonnerie :

Ce cinquième article, rédigé par André Combes, est consacré à une figure du premier socialisme français. L’historien retrace les liens de Benoît Malon (1841-1893), mort à 52 ans, avec les loges et l’importance qu’avait pour lui son engagement maçonnique. D’humble naissance, berger, autodidacte, puis journaliste et écrivain socialiste, Malon est fondateur de la « Revue Socialiste », en 1885, et également auteur du « Socialisme intégral ». Après la proclamation de la IIIe République, il est élu municipal de Paris dans le 17e en novembre 1870 et député de la Seine en février 1871. Il a probablement été initié dans une loge « sauvage » composés de réfugiés politiques. En janvier 1877, il devient compagnon puis maître à la loge « Fedelta », Orient de Palerme. En 1880, il « maçonne » ponctuellement à la loge parisienne « La Ruche Libre » et en juillet 1889, il s’affilie à la loge « Le Lien des Peuples et les Bienfaiteurs Réunis ».

DOCUMENTS : La lettre de Maximilian Brandeis à Paul Perrin : un témoignage poignant sur les persécutions nazies contre les francs-maçons en Autriche :

Ce sixième et dernier article est écrit par Marcus Patka. Ce dernier a retrouvé un témoignage sur les persécutions nazies contre les francs-maçons autrichiens et la façon dont les Frères français leur portèrent secours. La lettre de 2 pages (issue de la Bibliothèque du Grand Orient de France) a été écrite le 18 février 1939, à Paris, par le franc-maçon autrichien Maximilian Brandeis (1894-1996), mort à 98 ans. Ce dernier, réfugié politique dans la capitale française, adresse sa missive à Paul Perrin en sa qualité de membre du Conseil de l’Ordre du GODF, c’est-à-dire le bureau de l’Obédience. Jointe à cette lettre se trouvait une liste recto-verso de 9 Frères dont 2 veuves de Frères se trouvant dans les situations les plus critiques parmi tous les réfugiés autrichiens.

Jean-François Bérel © Les Clionautes