L’échelon régional s’est affirmé en France à partir de la deuxième moitié du XXème siècle. Il répond à de nouveaux besoins dans les années 50 et 60 en lien avec la planification, la modernisation du pays, l’entrée en crise des bassins industriels ou la déconcentration des actions de l’État. On compte alors 21 régions de programme en 1955 puis 22 régions en 1975 jusqu’en 2015. Elles trouvent progressivement leur place et de véritables identités régionales s’affirment petit à petit. La principale rupture qualitative date de 1982-1983. La Région devient alors une collectivité territoriale de plein exercice dotée d’un Conseil Régional élu au Suffrage Universel Direct et d’un Président de Région. Puis, elle est inscrite dans la Constitution en 2003.
La création des nouvelles Régions est née de la volonté de simplifier, de clarifier le « millefeuille » administratif du pays, de réaliser des économies dans les dépenses des collectivités territoriales et de doter la France de régions « de niveau européen ». Au final, 7 nouveaux ensembles régionaux sont nés de la fusion d’anciennes régions et 6 Régions restent inchangées. Le choix de dénomination des nouvelles Régions témoigne de situations régionales contrastées et révèle quelquefois un réel problème de cohérence géographique, territoriale, productive. Une identité régionale est parfois à inventer complètement. Au final, les nouveaux ensembles régionaux occupent de très grandes étendues spatiales mais sont assez peu cohérents car ils réunissent souvent des ensembles très inégaux. Des inégalités interrégionales se sont transformées en inégalités intrarégionales.
Depuis les lois de décentralisation de 1982, les Régions possèdent des compétences dans des domaines d’intervention divers : formation, transports, domaine culturel, tourisme, gestion des parcs et réserves… La loi NOTRe de 2015 recentre la Région sur les domaines du développement économique et de l’aménagement du Territoire. Son rôle de stratège territorial est renforcé par 2 nouveaux schémas prescriptifs (SRADDET et SRDEII), qui doivent permettre une plus grande cohérence des interventions des différentes collectivités sur un Territoire. Elle dispose également de l’autorité de la gestion des programmes européens.
Malgré tout, la Région reste un acteur de second plan face aux communes et aux départements. En effet, les Régions restent mal pourvues avec 4% des emplois et 11% des recettes fiscales de l’ensemble des collectivités territoriales françaises. Ses moyens restent très limités avec une faible autonomie fiscale. Elles sont très dépendantes des dotations de l’État. Seuls 15% de leur fiscalité est modulable. Un système de péréquation est toutefois organisé qui consiste à prélever une partie des ressources des collectivités les plus riches pour les redistribuer aux plus pauvres.
Chaque Région est ensuite présentée en sortant intelligemment des plans à tiroirs : géographie physique, secteurs économiques… Les auteurs ont bien adapté chaque chapitre aux spécificités régionales même si on remarque une trame commune : la notion d’identité régionale (les facteurs d’unité l’emportent-ils sur les disparités internes ?), les dynamiques démographiques et productives, les recompositions territoriales. La notion de système productif est particulièrement présente, à juste titre car elle permet de présenter les héritages et les éventuelles bifurcations. Un 14ème chapitre a été ajouté pour les Départements et Régions d’Outre-Mer. Enfin, très bonne idée, un atlas central en couleur est très pertinent pour représenter graphiquement l’organisation de chaque Région. Un ouvrage de base à posséder par tous les étudiants et les professeurs d’Histoire-Géographie.