D’apparence très classique chez cet éditeur spécialisé dans la préparation de concours, cet ouvrage présente la partition normale chez Atlande : Repères/Thèmes/Outils/Bibliographie. Pour faciliter le compte-rendu de ce livre, nous proposons une reprise suivant ces 4 catégories.
La première partie, Repères, est très centrée sur l’agrégation interne quant aux thèmes abordés. L’auteur a ainsi voulu marquer, dès le départ, l’orientation concours d’un tel livre, sur un sujet qui aurait permis de faire un ensemble moins typé « concours ».
La France, objet de la géographie est la première sous-partie. L’auteur insiste sur la différenciation de la France comme étude de cas ou objet de l’étude géographique. Pour cela, il fait le point sur l’épistémologie, sur l’enseignement à l’école de la géographie et, enfin, sur la géographie aux concours avec un rappel des sujets des dernières années. Rien de particulier à signaler si ce n’est les photos très moyennes tirées du site Eduscol pour les programmes de 3e et 1ère.
Enseigner la géographie générale de la France est la deuxième sous-partie. L’auteur évoque la place de la géographie de la France dans les programmes avec un rappel intéressant des débats autour du Conseil supérieur des programmes. Ensuite, est analysée la manière d’aborder la géographie de la France dans les programmes, notamment pour son entremêlement avec les autres sciences sociales. Il est montré comment cette vision de la géographie est liée aux notions d’habiter et de développement durable. Puis, il est rappelé que l’enseignement de la géographie part très majoritairement, en France, de l’étude de cas et fait la part belle à la démarche inductive. Enfin, cette sous-partie s’achève avec la présentation de la géographie dans ses objectifs civiques et culturels, d’où le lien fort avec l’histoire et l’EMC.
Dernière sous-partie: Mythes et dynamiques du territoire français. Deux objectifs dans ce passage: combattre certains clichés utilisés par les enseignants, les manuels et autres (la ligne Le Havre/Marseille ; la diagonale du vide ; macrocéphalie du territoire métropolitain) ; moderniser la vision de la géographie autour de notions comme métropolisation, périurbanisation, littoralisation et marginalisation. L’ensemble peut paraître parfois un peu stéréotypé voire banal, mais il était indispensable de faire ce point : beaucoup trop d’enseignants utilisent encore, à des fins de vulgarisation et de compréhension légitimes, des termes qui sont dépassés dans les discours universitaires.
La 2e partie Thèmes compose le corps principal de l’ouvrage. Il est intéressant par la multiplicité des exemples et la variété des thèmes abordés. Nous en ferons le point, très synthétique, sous-partie par sous-partie, encore une fois pour une question de confort.
Opportunités et menaces de la mondialisation
Rappel des phénomènes récents liés à la mondialisation. Beaucoup d’exemples précis comme Mittal ou Airbus avec une réflexion sur le rôle de l’Etat, de l’UE et des collectivités locales. A compléter avec l’ouvrage d’Alexandra Monot, La France une puissance en mutation.
Nouvelles ruralités
Propos axés sur l’évolution récente des milieux ruraux et leurs rapports complexes avec l’urbain pour dépasser ou conserver la notion d’héritage. Puis un développement sur les évolutions spatiales, économiques, administratives, démographiques les plus récentes.
Urbanités françaises
Réflexions sur l’étymologie, l’épistémologie, les indicateurs à utiliser lorsque l’on évoque l’urbain.
Une France connectée : transports, mobilités, réseaux
Passage très actualisé avec une vraie réflexion sur les ZIP, le transport aérien, les LGV. A chaque fois, insistance sur les problèmes de gouvernance, de concurrence mondiale, de modernisation des lieux. A compléter, à nouveau, avec l’excellent ouvrage d’Alexandra Monot, La France une puissance en mutation.
La France et la mer.
Interrogation sur le rapport entre la France, les Français et les mers dans un contexte de maritimisation des échanges, des populations et des activités. Regard pertinent sur les questions de gouvernance, d’habiter, de développement durable, d’exploitation de ces milieux marins. Néanmoins, il est étonnant de ne pas voir les DROM apparaître à leur juste mesure dans cette sous-partie.
Nouveaux pouvoirs, nouveaux territoires
Réflexions sur les grands changements des 20 dernières années sur la gouvernance des territoires et les découpages/regroupements administratifs. Il est regrettable que la loi NOTRe ne soit pas plus développée : c’est un aspect important de la lettre de cadrage. Il nous paraît primordial de compléter cette sous-partie avec le livre de Laurent Carroué, La France des 13 régions, dont l’introduction revient en détail sur ce changement majeur, indispensable à maîtriser.
La France en Europe.
Rappels sur l’importance de ce sujet dans les programmes de secondaire, au collège comme au lycée. Il se dégage une impression de déception sur la qualité, la lisibilité et l’ancienneté d’une majeure partie croquis proposés dans cette sous-partie : l’éditeur a accumulé des scanners de qualité inférieure, ce qui donne un très mauvais rendu à l’impression. De manière surprenante, les propos prennent comme point de départ la fameuse et discutée expression « banane bleue » de Brunet et les conséquences, à court, moyen et long terme de cette appellation. Au final, très prenant et vivant.
La troisième grande partie est Outils. Elle se compose d’une seule sous-partie: Dix cartes pour comprendre la France.
Comme son nom l’indique, ce sont dix ensembles de croquis plus nets dans leur réalisation, mais encore avec des problème de finition à l’impression, avec un commentaire à chaque fois. Les thèmes évoqués sont multiples : densité, évolution de la population, chômage, catégories socioprofessionnelles, vieillissement et encadrement médical ; étrangers en France ; 1er tour des présidentielles de 2017 ; tourisme ; pratiques sportives ; énergie éolienne. A compléter obligatoirement avec le visionnage de croquis proches, actualisés et en couleurs sur le site de l’INSEE. Surtout, et c’est un des gros écueils de cet ouvrage, les DROM sont totalement absents de cette partie, ce qui semble inconcevable à le lecture de la lettre de cadrage du concours. Un ouvrage sur la géographie de la France ne peut se passer de l’étude des régions ultrapériphériques.
Enfin, les auteurs nous proposent une bibliographie, dont les références sont très récentes, ce qui est un vrai plus.
Au final, cet ouvrage était attendu depuis plusieurs mois. Le premier regard est décevant: moins de 200 pages, des croquis mal finis, un manque global d’études de cas, une solidité physique qui laisse à désirer (l’ouvrage ne durera pas longtemps intact, mais c’est récurrent chez Atlande). Une fois dépassé cela, nous avons un ouvrage agréable à lire, à la fois accessible et pointu par instant. Il est quand même assez dérangeant de ne pas avoir évoqué les DROM de manière plus spécifique, complète et visible. De même, un passage, une évocation de la géographie physique aurait été un vrai plus, notamment parce qu’elle est aussi absente dans les autres manuels sur le sujet. 25 euros ? Il serait plutôt logique que certains ne franchissent pas le cap d’une telle somme pour un Atlande en-dessous qualitativement de ce que nous a proposé l’éditeur ces dernières années.