« Mon pays est un camp de réfugiés »
Le reportage qui ouvre la revue est consacré à la vie dans un camp de réfugiés. Omar, vingt-sept ans, a fui son pays d’origine, la Somalie, déchirée par une guerre civile. Les auteurs donnent les points de repère nécessaires pour comprendre comment on en est arrivé à une guerre civile. En 1992, ce sont pas moins de 90 000 Somaliens qui ont rejoint le camp de Dadaab situé au Kenya. Le camp de Dadaab, d’abord provisoire, est devenu permanent. Romain Gras et Peggy Adam parlent de la vie quotidienne dans un camp : avec le kit donné à l’arrivée et les difficultés du quotidien. On peut parler d’une génération Dadaab quand on sait que les gens y restent en moyenne dix-sept ans. Avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump la porte vers les Etats-Unis, qui a longtemps constitué un horizon d’espoir s’est fermée. La situation se complique puisque le groupe terroriste Al-Shebab, lié à Al-Qaida, sévit dans la zone et cherche à endoctriner les enfants en Somalie. Aujourd’hui, le camp est donc accusé de servir de base pour les opérations des terroristes au Kenya. Le gouvernement a la volonté de fermer le camp même si la mesure a, pour l’instant, été suspendue. Il faut mesurer le paradoxe d’une telle mesure quand on sait qu’avant le camp il n’y avait là qu’un désert alors que maintenant un semblant d’activité économique s’est développé. Le HCR estime à 14 millions de dollars par an les bénéfices de l’économie liée à Dadaab.
Comprendre le darknet
Le reportage invite à se méfier des clichés sur le darknet. Gurvan Kristanadjaja et Robin Cousin définissent d’abord ce que c’est. Utiliser le darknet s’explique par une envie de ne pas être visible sur Internet et donc par l’envie de protéger sa vie privée et les traces que l’on laisse. Mais sur le darknet, on trouve de tout, des plateformes d’achat et de revente de drogues ou des forums de discussions de hackers. Un des darknet les plus connus est Tor et on pourra prolonger avec un autre article de ce numéro qui évoque le « hater », ce personnage qui met des commentaires désobligeants sur Internet.
Du côté des rubriques
La revue propose un portrait de Malala, cette jeune Pakistanaise qui milite pour le droit à l’éducation et résiste aux Talibans. Rappelons qu’elle a reçu le prix Nobel de la paix en 2014. « Sans contresens » s’arrête sur l’expression de « fake news » et « Ca part en live » parle des gestes chez les rappeurs. Comme d’habitude, le reportage ne se contente pas d’évoquer les éléments les plus récents mais donne un peu de profondeur historique en rappelant par exemple l’époque de Kiss. « Les maitres du jeu « vous permettra de vous faire votre opinion pour savoir si jouer aux jeux vidéo rend violent. Le débat est présenté sous forme d’un procès avec accusation et défense. Du côté des sciences, direction les Etats-Unis avec le Yellowstone, un volcan qui pourrait se révéler dévastateur. Lorsqu’on le compare avec le Vésuve au moment de Pompéi, on mesure mieux l’ampleur de la différence : il y eut 5 km3 de débris évacués dans le cas italien alors que dans la plus récente de ses irruptions, le volcan étatsunien a expulsé 1 000 km3 de débris. « Tranche de l’art » évoque l’art brut en partant du cas du palais du facteur Cheval. Pauline Auzou et Fabien Roché décryptent une photographie de Salvador Dali.
L’ école derrière les barreaux
La revue poursuit son approche des autres écoles comme dans le numéro précédent. Il s’agit ici des jeunes en prison. Le reportage signale que, en juin 2017, ce sont près de 900 mineurs qui étaient incarcérés, presque exclusivement des garçons. Isabelle Dautresme et Bast racontent plusieurs itinéraires. Les enseignants sont tous volontaires. On pénètre véritablement dans le quotidien avec par exemple la remise des bulletins aux familles chaque trimestre au parloir. On mesure aussi la difficulté de se projeter dans les études lorsque tout semble joué.
La revue Topo contient d’autres reportages à découvrir comme quelques pages d’ « Aya de Yopougon », cette bande dessinée qui retrace la vie quotidienne d’une jeune fille à l’époque du miracle ivoirien. Pour découvrir ce dernier numéro c’est ici https://issuu.com/topo75/docs/topo_09_extraits
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes