A lire la préface d’Anne Hidalgo et l’introduction de Christophe Najdovski et Alexandre Labasse, respectivement président et directeur général de l’APUR, l’Atelier Parisien d’Urbanisme, cet atlas se veut éclairer les transformations massives de la capitale à l’œuvre de longue date et que l’actualité des Jeux Olympiques (d’ailleurs traités dans l’opus) a pu rendre visibles aux yeux des visiteurs. Reconquête de l’espace public, culture, économie, vivabilité…ce sont quelques 50 entrées qui sont étudiées et illustrées par environ 150 cartes.
L’ouvrage n’offre pas de plan thématisé mais s’ouvre et se ferme sur les enjeux climatiques comme pour y attirer l’attention du lecteur de façon particulière: l’eau est une ressource mais une menace réelle de par les risques d’inondations (pp 10-11), le sous-sol n’est plus tant vu comme une ressource en matériaux mais comme pourvoyeur d’énergie via une géothermie de surface et plus profonde qui pourrait couvrir une partie des besoins (pp 12-13). La hauteur de la végétation appelle le « dézoom » non pas sur le Grand Paris mais au-delà de l’Ile De France pour pouvoir trouver des hauteurs supérieures à un mètre (pp 120-123). Les toits végétaux progressent malgré tout (pp 124-125). On trouve également d’inquiétantes représentations des îlots de chaleur urbains (pp 126-127).
Quelques entrées sont originales et parfois plus légères : la faune observée (pp 26-27), les lieux de partage d’un moment familial (p 43), la possession d’un animal domestique (pp 34-35)…et on appréciera d’apprendre encore des choses sur des thématiques que l’on croit connues : la profondeurs des différentes lignes du métro (pp 16-17), l’existence d’un réseau souterrain d’eau non potable pour l’arrosage des jardins (p 18)…
Sur le fond, les oppositions classiques se lisent particulièrement bien avec quelques exemples savamment choisis : l’opposition centre-périphérie avec le logement social (pp 86-87 et pp 90-91) ou la répartition des parisiens nés à Paris ou non (pp 30-31), l’opposition Est-Ouest avec les revenus (p 99).
Les représentations permettent parfois d’apprécier le « blanc » des cartes comme les parcs et le boulevard périphérique mis en lumière lorsqu’il s’agit d’aborder le non bâti.
Elles prennent appui sur des sources variées, notamment les applications en vogue que sont Instagram et Strava qui permet d’ailleurs d’apprécier les différences de parcours entre les cyclistes (pp 48-49) et les coureurs à pied (p 57).
Signalons une coquille : p 40, « aux abords des écoles maternelle et primaires » (rappelons que le « primaire » est la « somme » de la « maternelle » et de « l’élémentaire ») et une suggestion d’améliorations si réimpression (on le souhaite !) il devait y avoir (p 24 : la présentation de parcs et jardins détourés mis en regard de leur emplacement sur la carte ne donne pas une lecture aisée sans une référence par le biais un numéro par exemple…là, l’œil doit faire un bel effort pour trouver chaque lieu uniquement grâce à sa physionomie).
Ces deux petites remarques mises à part, il apparait indispensable de clôturer ce compte-rendu par un solide éloge à l’adresse de ce pourquoi il a été conçu : rendre attrayante la représentation spatiale de données actuelles de la capitale. Quelques réalisations sont dignes d’œuvres d’art : les lieux parisiens les plus instagrammés (p 67), le rythme festif à Paris la nuit (p 69), la qualité de l’air à différentes dates (pp 128-129). Les couleurs sont nombreuses, variées et percutantes que ce soit pour lire des informations très pixellisées (la consommation d’eau potable totale en p 113 ou les flux logistiques en p 118) ou des coalescences aux limites plus floues (les annonces de location AIRBNB en p 88, la production de biodéchets et dispositifs de collecte en pp 116-117, la modélisation des températures de l’air en p 127).
Un très bel atlas et donc une bien belle façon d’accueillir les productions de l’APUR dans nos colonnes !