Certains ouvrages appartiennent à une catégorie particulière de publications constamment rééditées en raison du marché que constitue l’ensemble des étudiants et des candidats aux concours et les enseignants désireux d’actualiser un cours sans se limiter aux manuels ou aux « livres du professeur » qui les accompagnent.

Édité pour la première fois en 1997, ce petit livre appartient donc à la dite catégorie. La question qui se pose est donc, après avoir donné un aperçu de l’organisation et de la démarche de l’ouvrage, de s’intéresser à ce qui justifie sa réédition en dehors de l’argument commercial bien compris selon lequel un ouvrage récemment réédité se vendra mieux qu’un ouvrage qui paraît plus ancien. La question n’est pas vaine dans la mesure où, dans certaines publications, certaines contributions attestent qu’on ose tout dans la volonté de capter les dividendes de la volonté de réussite des étudiants et des candidats aux concoursDeux ouvrages collectifs récemment parus sur des questions de concours l’ont encore démontré (ils ne font pas partie des ouvrages cités dans cette recension –))..
Heureusement, l’ouvrage de Philippe Piercy ne paraît pas mériter ce sévère jugement de la part de qui se range avant tout du côté du public visé. Rappelons d’abord la démarche.

D’abord les fondements d’une division, ensuite les grands ensembles régionaux

Dans la première édition (1997), Philippe Piercy avait privilégié une démarche fondée sur la définition de la région donnée par Paul Claval (1992) : « L’expression dans l’espace des relations que les hommes nouent, des groupements auxquels elles donnent naissance et des solidarités qui en résultent – et dont les protagonistes ont une conscience plus ou moins claire ». Or aujourd’hui, les documents d’accompagnement concernant le programme de première 2002 indiquent que, si le fait régional recouvre des réalités et des ensembles spatiaux divers par leurs tailles, leurs limites et leurs contenus, il est préférable de partir de la région administrative lors de l’étude des régions en France en classe de première. C’est d’ailleurs la démarche d’un ouvrage sur les 26 régions françaises paru récemment chez Armand ColinJ.-C Boyer, L. Carroué, J. Gras, A. Le Fur, S. Montagné-Vilette, La France – Les 26 régions, Armand Colin, Collection « U », 2e édition, 2009, 368 p..
Ce n’est pas véritablement un problème puisque Philippe Piercy souligne lui-même, malgré le choix effectué depuis la première édition, que la région administrative fait système. Il en tient compte dans ses développements.

Depuis sa première édition, l’ouvrage est divisé en deux grandes parties. La première est consacrée aux fondements d’une division régionale de l’espace français. Elle débute par un questionnement géographique de la notion de région avec un retour sur l’historique des différentes démarches géographiques. Le second chapitre intitulé « Région et polarisation » part de l’exemple de la région lyonnaise pour aborder la question de la transition régionale en France. La polarisation est d’abord étudiée dans ses aspects démographiques puis économiques. L’auteur aborde ensuite la question des réseaux de transport. Le troisième chapitre est consacré aux inégalités régionales. Vient ensuite la question de la régionalisation de l’aménagement. Un chapitre suivant s’intéresse à la question des territoires infra-régionaux que sont les départements, les villes et les régions. L’auteur y revient entre autres sur les stratégies départementales, le problème des métropoles en déséquilibre et celui des villes moyennes. Les dernières pages sont bien évidemment consacrées à la question de l’intercommunalité, aboutissement de plusieurs réformes des années 1990.
La partie se termine sur un chapitre intitulé « Milieu géographique et régions » dans lequel on s’intéresse aux littoraux, aux différents types de montagnes et aux profils des grandes vallées.

Consacrée aux grands ensembles régionaux, la seconde partie en distingue six. Un septième chapitre est dédié aux régions dans le contexte européen et aux espaces frontaliers. Si, sans surprise, les grands ensembles distingués sont l’Île-de-France et le Bassin parisien, l’Ouest intérieur et maritime, la région lyonnaise et le Centre-est, les régions du Nord et de l’Est, la France méridionale et les terres d’Outre-mer, il est clair que la notion de région administrative n’est pas évacuée. La collectivité régionale est donc reconnue dans son rôle d’acteur de l’aménagement du territoire.

Les principales nouveautés

Les changements intervenus depuis les premières éditions ne sont pas fondamentaux. Certes, la définition mentionnant Paul Claval a disparu de l’édition actuelle, comme s’il n’était plus besoin d’en justifier. Pour le reste, l’introduction reste identique aux précédentes éditions si ce n’est qu’elle annonce l’intégration de données récentes, dont certaines sont d’ailleurs fondées sur le recensement de 2006. Comme l’indique l’auteur, les données plus anciennes ont été conservées lorsqu’il n’en existait pas de nouvelles, parce qu’elles avaient justement un intérêt rétrospectif. Lorsqu’on examine en détail, le plan de l’ouvrage, il est clair que, pour l’essentiel, celui-ci n’a pas été considérablement modifié. On note que le troisième sous chapitre « La région à l’ère de la communication triomphante », jusque-là intégré au chapitre 4 « Régionalisation et aménagement régional » a été glissé-déplacé au chapitre 2 « Région et polarisation », après le sous-chapitre consacré aux réseaux de transport.

Certains textes ont disparu au profit d’autres documents. L’édition 2000 clôturait le chapitre « Régionalisation et aménagement régional » par un texte de Roger Brunet (1994) aujourd’hui remplacé par un tableau de la population des régions en 2008On note au passage que, si l’auteur orthographie correctement Champagne-Ardenne dans le texte (C’est à dire sans le S ce qui n’est pas le cas des logiciels de dictée), ses efforts sont sans cesse contrecarrés par les corrections éditoriales qui réintroduisent la faute dans les tableaux.. Le cas toulousain n’illustre plus la notion de métropole. Les dépenses des collectivités sont actualisées à 2003 (contre 1993 dans l’édition 2000). S’agissant de l’Outre-mer, on soulignera, malgré la persistance curieuse du nombre de 22 régions en introduction, que les DROM-COM font toujours l’objet d’un chapitre. Quelques indicateurs démographiques et économiques sont fournis à ce sujet. Les différentes cartes sur l’Ouest, le Midi et le Centre-Est sont conservées mais pas le texte sur le territoire de l’estuaire de la Loire. Cette quatrième édition, qui renouvelle celle de 2005, a par ailleurs intégré les scrutins régionaux de 2004 et municipaux de 2008 ou les grèves antillaises de 2009. D’une façon générale, les chiffres les plus récents sont datés de 2008. Il faut souligner le caractère pratique des documents pour leur intégration à un document de travail en classe. On dispose toujours de l’index des mentions de régions administratives, de la table des documents et d’une bibliographie par chapitre.

Cet ouvrage apparaît donc essentiel à qui veut se constituer une bibliographie sur la France dans l’optique d’un examen, d’un concours ou tout simplement de l’actualisation d’un cours.

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