Quels empires ont dominé l’Inde avant 1947 ? Pourquoi les latrines sont-elles un enjeu de société ? Qu’est-ce qui fait le succès de Bollywood ? La vache est-elle toujours un animal sacré ? Voici quelques-unes des questions auxquelles Gilles Boquérat s’attache à répondre de manière concise mais très documentée au sujet de l’Inde, ce géant démographique (1 personne sur 6 dans le monde est indienne)  qui devrait atteindre 1.6 milliard d’individus en 2050  (p. 211).

L’Inde contemporaine en 100 questions / réponses

Dans son récent livre L’Inde d’aujourd’hui en 100 questions,  édité par Tallandier, Gilles Boquérat balaye en 100 questions les enjeux contemporains de l’Inde. La Cliothèque a déjà présenté certains volumes de cette collection en questions / réponses chez Tallandier comme celui sur la Russie ou sur l’Algérie.  D’ailleurs Gilles Boquérat, en spécialiste des dynamiques internes de l’Asie du Sud, est déjà l’auteur du Pakistan en 100 questions paru en 2018. Après avoir mené des recherches de terrain à Islamabad et à New Dehli, et été responsable du département  Asie du Sud à l’Institut Français des Relations Internationales, Gilles Boquérat est actuellement  chercheur associé à la fondation pour la recherche stratégique.

L’ouvrage est organisé en plusieurs thèmes : histoire, religion, politique, économie, société, culture, géopolitique. A l’intérieur de chaque thème des réponses sont apportées en 4 pages maximum à des questions portant sur l’Inde contemporaine. Ainsi dans le thème « religion », la complexité religieuse est abordée  par exemple avec les questions suivantes : Comment l’hindouisme organise la société en castes ? Pourquoi les musulmans sont-ils discriminés ? Comment s’explique la puissance économique des jaïns ?  Les réponses sont très instructives pour des lecteurs du monde occidental, souvent peu habitués aux pratiques culturelles et religieuses de ce géant démographique finalement méconnu. En effet, au-delà des hindous et des musulmans, l’Inde abrite également des chrétiens (avec 218 millions de catholiques et de protestants, les chrétiens constituent la 3è communauté religieuse du pays, p. 95), des sikhs (23 millions soit 2% de la population, p. 97), des bouddhistes (moins de 1% de la population, p. 100), des jaïns (moins de 5 millions, p.103). A côté de ces 6 principales religions (hindouisme, islam, christianisme, sikhisme, jaïnisme, bouddhisme), on trouve encore  des adeptes du zoroastrisme dans la communauté des Parsis. Le faible poids démographique des Parsis (à peine 57 000 individus en 2011) est en contradiction totale avec leur poids économique. Ainsi, des FTN indiennes sont aux mains de Parsis comme le groupe très connu Tata ou Cyrus Poonawalla, premier producteur mondial de vaccins (p. 107).

L’ensemble des points étudiés sont mis à jour jusqu’à évoquer la pandémie Covid 19. C’est ainsi que l’auteur s’attache à décrire les premiers effets plutôt positifs du confinement national décrété le 24 mars 2021 puisque « le nombre de victimes restait faible par rapporté à la population totale » en janvier 2021. Cependant les rassemblements religieux et les élections régionales au printemps 2021 ont entraîné une reprise de la pandémie. Or, l’Inde, privilégiant au départ de la pandémie la diplomatie de la santé  au détriment des dépense de santé (0.5 lit d’hôpital pour 1000 habitants), a été touchée de plein fouet par la seconde vague qui, selon Gilles Boquérat, place l’Inde comme le pays le plus touché  devant le Brésil et les Etats-Unis.

La partie Société est particulièrement intéressante au vu des disparités culturelles entre l’Inde et l’Occident. (l’article 377 a été supprimé en 2018)
Un ouvrage très utile pour la préparation des cours

On peut lire l’ouvrage par curiosité en fonction de ses propres interrogations sur l’Inde, lire un thème  qui nous interpelle ou bien y chercher des informations quant à un sujet précis. Des documents complémentaires permettent de situer dans le temps et l’espace les données grâce à des cartes et une chronologie (de 1858 à 2021) en annexe. Cet ouvrage a donc toute sa place dans un CDI collège et lycée ou dans une bibliothèque personnelle car les informations sont classées, triées, documentées et permettent d’apporter une première réponse à une question ou d’aider à la préparation d’un point d’un cours en particulier. Par exemple, pour la spécialité HGGSP, niveau 1ère, on appréciera les questions suivantes : L’Inde est-elle une puissance commerciale ? Qu’est-ce qui fait le succès de Bollywood ? Qui sont les agents du soft power indien ?  pour le thème sur les puissances internationales. De même, les questions portant sur les litiges frontaliers (Quelles sont les craintes du côté de la Chine ?  Comment l’Inde s’attache ses voisins himalayens ? Qu’est ce qui entretient l’animosité avec le Pakistan ? ) constituent des lectures stimulantes pour le thème sur les frontières.

Une carte synthétique et accessible sur le Cachemire dans l’Inde d’aujourd’hui en 100 questions.

On peut également utiliser cet ouvrage pour y prélever des extraits à donner en classe pour des ensembles documentaires.

 

 

 

 

 

 

Exemple : urbanisation et métropolisation en Inde (4è, 1ère générale et technologique)

A côté de 650 000 villages, L’Inde comptait, en 2018, 61 agglomérations urbaines de plus de 1 million d’habitants, elles n’étaient que 5 en 1951. (…) Accroissement naturel et phénomène migratoire généré par la perspective d’emplois font que la part des résidents urbains est passée de 18% de la population totale en 1960 à 34 % en 2018. (…). Ainsi la population de la région métropolitaine de New Dehli est évaluée à près de 29 millions d’habitants (22 millions pour Mumbai) et pourrait atteindre 39 millions en 2030, ce qui la placerait au premier rang mondial. (…) Les centres urbains sont les moteurs de la croissance et leur physionomie change avec la construction d’immeubles de plusieurs étages et d’autoponts ou encore le développement de lignes de métro, souvent aériennes  (…) le développement des centres commerciaux (…) la création d’ensembles résidentiels protégés. (…) Un citadin sur 6 vit dans un slum (65 millions de personnes en 2011), et on trouve des bidonvilles dans deux tiers des villes indiennes. Celui de Dharavi, l’un des plus grands d’Asie (…) abrite 800 000 individus sur 2.5 km2 et suscite la convoitise de promoteurs désireux de transformer ce quartier situé au cœur de Mumbai en centre d’affaires hérissé de tours résidentielles.

Gilles Boquérat, L’Inde d’aujourd’hui en 100 questions, Paris, Tallandier, pp. 237-239