CR de Catherine DIDIER – FEVRE, professeure au lycée Catherine et Raymond Janot à Sens et au collège du Gâtinais en Bourgogne à Saint Valérien.

Des magazines comme National Geographic ou Géo donnent à voir une géographie du passé, faite de descriptions du monde connu, de la découverte exotique de l’Autre, de terres inconnues. L’enseignement de la géographie participe encore trop souvent à la diffusion de ces idées reçues. Pour beaucoup d’élèves, la géographie, c’est apprendre des listes de pays, de chiffres et de population.
Pourtant, la géographie est autre chose. C’est bien plus que cela : c’est « le déchiffrement du monde » (cf. Roger Brunet), comment les hommes s’approprient l’espace et se le représentent. Science carrefour, la géographie offre les clefs indispensables de compréhension du monde dans le cadre de la mondialisation.

L’objectif de ce petit opus est de déconstruire les clichés qui collent à la matière et de montrer que cette discipline est en plein cœur des problématiques de notre temps. Les auteurs examinent ainsi une vingtaine d’idées reçues :
– complètement fausses : par exemple, « Les frontières sont des réalités naturelles »
– ou partiellement vraies : par exemple, « La mondialisation accentue les délocalisations ».
En quelques pages, ils analysent les tenants et les aboutissants de la question.Les auteurs de cet opus sont tous trois chargés de cours à l’IEP de Paris dans le cadre des enseignements « Enjeux politiques de la géographie ».
Sylvain Allemand est, par ailleurs, journaliste scientifique. Il a participé à de nombreux ouvrages : codirection avec François Ascher et Jacques Lévy du volume Les Sens du Mouvement. Belin / Colloque de Cerisy, 2004 ; avec Jean-Claude Ruano-Borbalan. La mondialisation. Le Cavalier Bleu, 2005.
René-Eric Dagorn est géographe et historien. Il a écrit de nombreux articles sur le thème de la mondialisation et de la société-monde.
Olivier Vilaça est géographe. Il est actuellement conseiller technique au Fonds Mondial de Lutte contre le Sida.

Ce petit livre est à recommander aux élèves de terminale qui pensent engager des études universitaires en géographie à la rentrée d’octobre. Le futur étudiant y trouvera un certain nombre de clés pour appréhender la matière. Les auteurs font le tour des outils du géographe et des institutions de la discipline : SIG, carte, FIG, IGN, Cafés Géographiques, AFDG (Association française pour le développement de la géographie). De grandes notions (espace vécu, carte mentale, chorème, réseau, paysage, risques, village global, Archipel Métropolitain Mondial, mondialisation…) y sont présentées. De nombreuses références épistémologiques les accompagnent (Lacoste, Vidal de la Blache, Reclus, Berque, Dolfus…) et donnent envie d’aller plus loin.

Ce stimulant petit volume peut être conseillé aux enseignants soucieux de mettre à jour leurs connaissances en épistémologie de la géographie. La formule très courte de chaque chapitre permet de retrouver rapidement les idées essentielles. La bibliographie commentée en fin d’ouvrage et les indications de sites internet sont des pistes intéressantes pour continuer la réflexion engagée.

Pour le grand public, la lecture de cet ouvrage permettra de renouveler l’image de la géographie. La géographie n’est pas un simple regard sur le monde ou une science naturelle des genres de vie, elle est une science sociale complexe. Si les idées reçues sur la discipline sont tenaces, cela tient au fait que pendant longtemps, la géographie universitaire s’est cantonnée à la technique, loin de la réflexion fondamentale sur l’espace des sociétés et sur le monde. Le changement engagé depuis peu doit trouver sa dynamique et une ouverture dans la géographie scolaire. « La géographie vient au monde » comme le dit Jacques Lévy en 1996 dans la revue Débat.

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