Parue aux éditions Delcourt, cette bande dessinée-documentaire bénéficie de dessins originaux et humoristiques de Maud Rivière ; elle réussit à transposer graphiquement les explications très pédagogiques d’Olivier Bossard, professeur et responsable du MSc Finance à HEC. Olivier Bossard s’intéresse depuis longtemps à la vulgarisation du monde financier et économique puisqu’il a participé à l’exposition consacrée à Largo Winch à la cité de l’économie en 2020.

Le livre blanc du mystérieux Satoshi Nakomoto

En réponse à la crise financière mondiale de 2008, un certain Satoshi Nakomoto publie le Livre blanc : Bitcoin : un système de paiement électronique entre particuliers. Dans ce court texte de 11 pages publié sur un réseau de messagerie chiffrée (Cypherpunk), l’auteur y explique un nouveau système de paiement électronique : le système Bitcoin. On ne sait toujours pas qui est véritablement ce mystérieux Nakomoto mais très vite, un nombre croissant d’informaticiens s’intéressent à ce nouveau système.

Trois mois après la publication du Livre blanc, le 3 janvier 2009, le premier bitcoin (BTC) est né : une monnaie numérique de particulier à particulier et décentralisée. Ce n’est pas la première monnaie numérique à être inventée ni même le premier système de paiement à être proposé. D’autres avaient été essayés mais aucun n’a vraiment percé. Pourtant, c’est depuis janvier 2009 que la grande aventure de la blockchain débute.

Une présentation chronologique et très détaillée de la grande aventure du bitcoin et de la blockchain

Pour comprendre, des précisions de vocabulaire s’imposent : le bitcoin désigne le jeton de crypto-monnaie, le Bictcoin désigne la technologie sous-jacente, désormais connue sous le nom de technologie blockchain.

Neuf chapitres très détaillés, avec des exemples expliqués de manière très pédagogique nous emmène de la naissance du bitcoin au potentiel de la blockchain  en passant par les modalités de création.

 

Le système qui permet d'émettre des bitcoins est réalisé par des informaticiens appelés mineurs.
Le système qui permet d’émettre des bitcoins est réalisé par des informaticiens appelés mineurs.

 

La blockchain, à quoi sert-elle ?

La Blockchain permet de se passer des banques, du notaire, des agences de location, c’est-à-dire de ne pas passer par un tiers pour des transactions sécurisées. Diverses applications de cette technologie sont ainsi rendues possibles dans les secteurs de la finance, de l’assurance, auprès des administrations gouvernementales, pour le commerce de détail. En effet, les échanges sont inscrits dans un grand livre où rien ne peut y être effacé ou modifié grâce aux ordinateurs connectés entre eux, en somme un système infalsifiable constitué de blocs enchaînés chronologiquement par cryptographie formant ainsi entre eux une chaîne de blocs. Tout est vérifié par plusieurs ordinateurs (les mineurs), ensuite les données sont intégrées dans le registre. Ce réseau est par conséquent fondé sur une forme d’égalité entre ces ordinateurs, la blockchain est ainsi nommée The trust machine puisqu’elle se base sur l’anonymat, la décentralisation et la transparence. La blockchain n’est pas une technologie entièrement nouvelle car elle combine en réalité plusieurs systèmes qui existent déjà comme les horodatages, la cryptographie asymétrique et les algorithmes de consensus.

L’intérêt de cet ouvrage est de questionner l’impact des projets découlant de la blockchain. D’abord, les crypto-monnaies sont expliquées et on ne nous présente pas uniquement la monnaie la plus utilisée (le bitcoin) mais aussi d’autres crypto-monnaie comme le Litecoin, le Nem, le Dash, etc.. Ensuite les plateformes sont une autre application de la blockchain : ce sont des infrastructures techniques qui permettent de développer justement des applications possibles de la blockchain comme par exemple les jetons qui permettent de créer et de certifier des documents comme les diplômes, les titres de propriété, de biens immobiliers, d’œuvre d’art numérique.

La blockchain, une révolution ?

La révolution de la blockchain
La révolution de la blockchain peut-elle changer le monde comme internet ?

Les auteurs mettent ainsi sur un pied d‘égalité la création du Web par Tim Berners-Lee et la création de la technologie bitcoin par ce fameux Satoshi Nakamoto, présentant ainsi les atouts majeurs de cette technologique révolutionnaire.

Néanmoins, les inconvénients sont aussi présentés comme le fait que les transactions, bien que inaltérables, sont irréversibles, et que le caractère décentralisé oblige à chaque fois à se rééquiper en matériel plus performant ou à se regrouper pour obtenir les besoins de stockage nécessaire au registre complet. Toutefois, la dernière double page constitue une conclusion qui donne à réfléchir sur les nouveaux aspects de la puissance. On y voit ainsi les grandes organisations (publiques et privées) qui gravitent autour de la blockchain. Les acteurs présents sont soit américains, soit russes soit chinois. L’absence de l’Europe est d’ailleurs présente à chaque chapitre du livre.

Pour conclure, Olivier Brossard termine la bande dessinée par cette phrase « si après avoir refermé ce livre, vous comprenez enfin le concept de Bitcoin et de la blockchain, nous aurons gagné le pari ». J’approuve cette phrase ! Néophyte dans ce domaine, j’ai lu cet ouvrage avec curiosité et j’ai beaucoup appris. Malgré tout, certains aspects de cette technologie restent encore obscurs pour moi-même et l’on peut s’interroger sur le fait que cette révolution est finalement comprise et maîtrisée par un nombre infime d’acteurs alors que son potentiel de transformation sur les transactions est énorme.

La grande aventure du Bitcoin et de la Blockchain constitue un excellent point de départ pour des sujets de grand oral combinant NSI et HGGSP. C’est donc un ouvrage qui trouve sa place tout naturellement dans les CDI des lycées. Pour avoir un aperçu de la BD, Delcourt met en ligne les premières planches.