Tout est dans le sous-titre de l’ouvrage : “Comment les humains s’adaptent depuis 3 millions d’années” : il ne s’agit pas de refaire du Leroy-Ladurie, mais d’expliquer comment le climat a guidé l’évolution de notre espèce. Dans leur avant-propos, les auteurs présentent ce livre comme “une sorte de version archéologique du rapport du Giec, de la Préhistoire jusqu’à aujourd’hui”. Pour cela ils s’appuient sur les publications scientifiques les plus récentes de la climatologie, de l’archéologie ou encore de l’anthropologie entre autres (l’ouvrage s’achève sur une riche bibliographie de 32 pages et est ponctué de cartes et graphiques qui rendent le propos encore plus clair). Ainsi les auteurs offrent un exposé rigoureux des changements climatiques qui ont marqué l’histoire humaine et de la manière dont les sociétés ont surmonté ces bouleversements ; ils apportent un éclairage intéressant et suscitent la réflexion sur la crise climatique actuelle tout en prévenant, en introduction qu’il s’agit bien d’un livre d’histoire qui ne saurait en aucun cas apporter une solution à la crise actuelle.
Après une introduction où ils répondent à ces trois questions (essentielles quand on aborde le thème de l’environnement en terminale HGGSP) :
- qu’est-ce que le climat ?
- qu’est-ce qui fait varier le climat ?
- comment connaître les climats du passé ?
… ils décrivent, selon un plan chronologique découpé en neuf épisodes marquants du paléolithique à nos jours, comment les sociétés humaines ont fait face aux variations climatique :
- Les hominidés et le climat (où ils montrent le rôle qu’a pu jouer le climat dans l’évolution de l’espèce humaine comme dans sa diffusion sur la planète)
- Le Dernier maximum glaciaire
- Le réchauffement holocène (où ils montrent l’influence probable mais sûrement pas unique, du climat dans “l’invention” de l’agriculture)
- L’évènement 8200 BP
- La fin du Sahara vert (et l’essor de la civilisation égyptienne)
- L’effondrement de l’âge du bronze (évènement bien connu des antiquisants, dont certains savent que le climat y a sa part)
- L’optimum climatique romain
- Le petit âge glaciaire
- la crise climatique contemporaine (qui se termine par une réflexion sur la notion d’anthropocène, comme pour fermer la boucle de leurs réflexions. Selon les auteurs, si le terme est avant tout symbolique, “il nous oblige à prendre conscience de notre rôle. (…) Puisque l’humanité est désormais une force géophysique de premier plan, elle ne peut qu’endosser cette responsabilité et agir pour réparer ce qui peut l’être”)
Dans l’introduction, ils mettent également en garde : il n’est pas question pour eux de faire du climat le moteur de l’Histoire et ils recommandent au lecteur de toujours garder à l’esprit que le climat n’est jamais la cause unique des bouleversements historiques.
Pour conclure, j’ai déjà pu apprécier les talents de vulgarisateurs de Clothilde Chamusssy et Lucas Pacotte en suivant leur chaîne Passé sauvage, dont j’utilise certaines vidéos en classe – de 6e (un peu plus difficilement mais ça marche) comme de terminale HGGSP. Cet ouvrage est à l’image de leurs vidéos : rigoureux mais d’une grande clarté avec un vrai souci didactique et d’accessibilité ; c’est à mon avis un livre indispensable tant pour les enseignants que pour les élèves, qui mérite de figurer au catalogue de tous les CDI.
Clothilde Chamussy est archéologue et vidéaste ; depuis 2015, elle anime la chaîne YouTube de vulgarisation « Passé sauvage » qui traite d’histoire, d’archéologie et d’anthropologie. Professeur d’histoire et archéologue, Lucas Pacotte écrit les textes des vidéos des chaînes YouTube « Passé sauvage » et « Nota Bene ».