L’histoire de Glenn Cowan, joueur de ping-pong américain hippie et farfelu, est liée à ce qu’on a coutume d’appeler la « diplomatie du ping-pong », ce rapprochement sino-américain du début des années 70. Alcante, scénariste du très remarqué « La bombe » et Alain Mounier, dessinateur auteur de très nombreux ouvrages dont « Ambulance 13 », proposent d’en savoir plus sur cet épisode des relations internationales.
Une équipe des Etats-Unis peu brillante
Glenn Cowan est un jeune Américain, de dix-neuf ans qui joue au ping-pong. Dilettante, il arrive juste à temps pour les championnats de son pays. Il est loin d’être le meilleur mais parvient tout de même dans le dernier carré, ce qui lui ouvre les portes du championnat du monde. C’est une sacrée aventure pour lui de quitter son pays pour aller à Nagoya. Sa mère est inquiète, à la fois pour la financement d’un tel déplacement et pour le risque pour ses études. Finalement, la situation se résout et il embarque avec son équipe pour le championnat du monde.
Le ping-pong dans les relations internationales
L’album montre les tensions qui existent dans la fédération quand certains proposent de faire entrer Taïwan comme membre à part entière. Les championnats du monde de 1971 marquent une étape importante car, après avoir dominé le ping-pong, les Chinois avaient boycotté les compétitions internationales. La compétition de 1971 marque donc leur grand retour. Au niveau sportif, tout le monde pronostique un duel entre Chine et Japon, avec quelques outsiders possibles dont les Etats-Unis ne font pas partie.
Histoire d’une rencontre
Au centre d’entraînement, le hasard veut que Glenn Cowan croise le champion chinois Zhuang Zedong. Ils échangent quelques balles et le volubile américain n’hésite pas à se mêler à l’équipe chinoise dans le bus qui ramène tout le monde après entraînement. Les journalistes présents sur place sont sidérés par cette situation. En tout cas, le courant semble passer entre les deux pongistes.
Changement de dimension
Ce qui n’est au départ qu’une simple amitié naissante prend d’autres proportions. L’information de cette rencontre est remontée jusqu’en Chine. La compétition reprend et Zheng est sommé d’abandonner pour ne pas affronter un représentant d’un gouvernement qui est l’ennemi du peuple cambodgien. Pour la première fois en vingt ans, c’est un jeune Suédois qui gagne la compétition en individuel. En Chine, l’idée est lancée d’inviter l’équipe des Etats-Unis pour une tournée. C’est un moyen de se rapprocher des Etats-Unis et aussi d’affirmer son existence face à l’URSS. Après quelques hésitations, les Etats-Unis acceptent l’invitation, d’autant que tous les frais seront pris en charge. Les joueurs sont briefés par l’ambassade américaine pour ne pas commettre d’impair une fois sur place.
La tournée en Chine
Toute l’équipe arrive d’abord à Hong-Kong. Bravant les consignes, Glenn Cowan en profite pour sortir le soir afin de goûter aux joies de la nuit hong-kongaise. L’équipe arrive ensuite officiellement en Chine et on s’aperçoit que la tournée est très encadrée. Les visites sont l’occasion de rappeler quelques épisodes marquants de l’histoire chinoise. Glen Cowan apparait toujours un peu décalé et franchement maladroit avec ses remarques sur l’opium. Lors du tournoi, les Chinois évitent d’humilier les Etats-Unis alors que le différentiel entre les deux équipes est conséquent.
Retour sur le parcours de Zhuang Zedong
Arrivés à ce point de l’album, les auteurs procèdent à un flash-back sur la carrière du champion chinois. Il a été accusé en 1967 de vouloir une gloire individuelle. Soupçonné d’embourgeoisement, il est rééduqué de force en étant envoyé à la campagne pendant trois ans. Il est réintégré en vue de la compétition de 1971.
Retour aux Etats-Unis
Avant de partir, Zhuang Zedong donne à Glenn Cowan un cliché pris par un photographe et qui les rassemble. Sa mère a tout collecté ce qui était dit sur son fils et elle le presse de questions. Après cette tournée, la République populaire de Chine entre à l’ONU en octobre 1971 puis en février 1972, Richard Nixon se rend en Chine. C’est le premier président des Etats-Unis à le faire.
Un dossier pour aller plus loin
Alcante donne quelques précisions importantes dans le dossier. Tout d’abord, il souligne son goût pour l’histoire qui s’inscrit dans l’Histoire. La diplomatie du ping-pong a servi de catalyseur à des négociations secrètes. Le résultat final c’est tout de même l’entrée de la Chine à l’ONU. L’auteur confesse ensuite sa passion personnelle pour le ping-pong. Il est sensible enfin à cette histoire d’amitié qui lui rappelle la sienne avec un jeune Japonais.
Alcante précise ensuite qu’il a procédé à quelques changements par rapport à l’histoire réelle. Ainsi, Glenn et Zhuang n’ont pas disputé les deux matchs montrés dans cet album. Cependant, cela ne nuit en rien à l’histoire ici racontée. Alcante dit également qu’après cet épisode Zhuang a connu une vie mouvementée, passant du statut de ministre à la disgrâce. Glenn Cowan est mort lui prématurément à 51 ans.
Cet album raconte donc, avec de légers changements par rapport à la réalité, cette histoire assez incroyable qui montre comment le sport peut parfois faire évoluer positivement les relations internationales.