François Trébosc, professeur d’histoire géographie au lycée Jean Vigo, Millau

Catapultes, béliers, tours, autant de machines dont le nom vient à l’esprit lorsque l’on évoque la guerre de siège et qui apparaissent dans de nombreux films consacrés à l’époque médiévale. Mais passés les effets spéciaux cinématographiques, quelles sont les performances réelles de ces armes ? Comment et par qui ont-elles été employées ? Autant de questions auxquelles l’ouvrage de Renaud Beffeyte essaye de répondre.

Les éditions Ouest France nous livrent ici l’ouvrage d’un passionné. En effet, l’auteur, Renaud Beffeyte, dirige une société spécialisée dans la fabrication de machines de guerre médiévales et la reconstitution.
Il ne s’agit pas ici d’une étude sur la guerre au Moyen âge dans son ensemble mais, comme le précise le sous-titre, d’un ouvrage surtout consacré aux machines de guerre et à la poliorcétique.

Armes et combattants.

De nombreux acteurs interviennent dans la guerre au Moyen Age. L’auteur essaye donc de nous les présenter tous, ainsi que les différentes composantes de leur équipement : armes, armures… La partie consacrée aux combattants eux même laisse cependant largement le lecteur sur sa faim : des données très générales, un traitement de faveur pour les chevaliers et mercenaires, alors que les fantassins sont expédiés en quelques lignes…

L’auteur se révèle plus précis lorsqu’il s’agit de passer à la description des équipements des combattants, toujours, cependant, dans la seule optique de la guerre de siège. Il y a donc la description d’un grand nombre d’armes, avec leurs caractéristiques, leur poids etc. Pour nous montrer leur efficacité, l’auteur mêle les extraits de chronique et les comptes-rendus de reconstitution. Mais rien sur les tactiques employées, on reste dans l’énumération.

Le siège

Pour bien comprendre les difficultés d’un siège, l’auteur nous rappelle les grandes lignes de l’évolution de l’architecture militaire médiévale qui passe des constructions en bois à des murs de pierre de plus en plus épais. Une évolution qui se traduit aussi par l’apparition de nouvelles enceintes, d’une nouvelle organisation des forteresses et de l’équipement de celles-ci en machines de guerre.

Des machines diversifiées et aux performances inégales que nous présente l’ouvrage. Regroupées en fonction de la technique utilisée (armes à contrepoids, machines à torsion etc.), toutes ont droit à une description rapide. Celle-ci nous précise leur rôle, leur portée, leur cadence de tir, la période d’utilisation, avec également les résultats de test effectués lors de reconstitution par l’auteur. On est frappé par les performances de certains de ces engins, capables d’envoyer des projectiles de près de 140 kg à plus de 200m.

Malheureusement l’ouvrage ne comprend pas de dessins qui permettent de visualiser ces engins impressionnants, ni de schémas permettant de comprendre la doctrine d’emploi de ces armes lors d’un siège en règle. L’apparition de l’artillerie est mentionnée mais sans que l’on apprenne vraiment si elle modifie la guerre de siège.

Une affaire de spécialistes

Ingénieurs et chefs de guerre utilisent encore largement les techniques et les écrits de l’antiquité pour mettre au point leurs machines et stratégies, en particulier ceux de Végèce. Ils sont cependant contraints de s’adapter aux contraintes de l’époque médiévale. Qu’il s’agisse de la capacité à recruter des ingénieurs capables de concevoir et de servir de telles machines, ou de se procurer les matériaux nécessaires à leur construction, l’occident médiéval n’est pas l’empire romain. Les machines de sièges restent en nombre limité, et ceux qui en ont vont parfois même jusqu’à les louer, comme le fît la ville de Saint-Flour qui loua deux trébuchets à Du Guesclin.

Pourtant un certain savoir arrive à se transmettre, comme le montrent les cahiers de Villard de Honnecourt. Une transmission qui se fait le plus souvent par l’apprentissage auprès d’un maître, comme chez les compagnons.

Au final, on regrettera donc le manque d’illustrations, mais le petit format du livre ne s’y prête guère. Par contre un chapitre consacré aux doctrines d’emploi des machines décrites et à la conduite des sièges aurait mérité de compléter cet ouvrage.
Celui-ci vaut donc surtout pour les nombreuses donnés techniques sur les différentes armes de siège.

François Trébosc©