Présentation de l’éditeur. « 1524, les pauvres se soulèvent dans le sud de l’Allemagne. L’insurrection s’étend, gagne rapidement la Suisse et l’Alsace. Une silhouette se détache du chaos, celle d’un théologien, un jeune homme, en lutte aux côtés des insurgés. Il s’appelle Thomas Müntzer. Sa vie terrible est romanesque. Cela veut dire qu’elle méritait d’être vécue ; elle mérite donc d’être racontée ».
Éric Vuillard est romancier, il a publié plusieurs romans historiques dont L’Ordre du Jour sur le IIIe Reich pour lequel il a obtenu le prix Goncourt en 2017. Il est aussi l’auteur de Congo sur la conférence de Berlin ou de 14 Juillet sur la prise de la Bastille.
Dans ce court roman, il évoque la figure de Thomas Müntzer, prédicateur du XVIe siècle et inspirateur de la « guerre des paysans », grande insurrection populaire qui traverse le Saint Empire romain germanique entre 1524 et 1526.
L’auteur revient sur l’apparition de l’imprimerie, vecteur de diffusion de la Bible en évoquant les lectures du jeune Thomas Müntzer qui devient prédicateur en 1520 à Zwickau, en Saxe. Il y prêche pour les plus pauvres, pour les tisserands et les mineurs, dénonce la cupidité.
Éric Vuillard remonte dans le temps et fait une série de parallèles : d’abord en évoquant John Wyclif, qui, deux siècles plus tôt, avait émis l’idée d’une relation directe entre Dieu et les hommes, traduit la Bible en anglais, refusé l’idée de la transsubstantiation et prôné un idéal de pauvreté pour le clergé. Le romancier évoque aussi son disciple John Ball et la révolte des paysans contre la poll tax en 1380, puis Wat Tyler qui prend la tête de la révolte pendant l’emprisonnement de John Ball et enfin Jack Cade, chef de file d’une nouvelle révolte populaire sous Henri IV. Ils partagent le même destin tragique.
De même, il évoque l’influence de Jan Hus qui avait prêché « que le repentir ne passe ni par l’argent des indulgences, ni par la violence des croisades, ni par le pouvoir des princes ». Éric Vuillard mentionne son exécution, avant de revenir à Thomas Müntzer, qui arrive en Bohème, région de Jan Hus, après avoir été chassé de Saxe. Prêchant en allemand, il se heurte au pouvoir politique. Les tensions montent et le discours de Thomas Müntzer devient de plus en plus violent, rendant la répression inévitable.
La Guerre des pauvres est un court ouvrage, qui réalise surtout des parallèles entre les luttes des pauvres contre les puissants, qui accompagnent les transformations religieuses dans un contexte eschatologique.
Jennifer Ghislain, pour les Clionautes