Cet ouvrage qui vient à peine de paraître au Cavalier Bleu est différent dans son esprit de tous ceux qui ont été présentés dans ces colonnes. La « petite collection » de cet éditeur présente en 127 pages une mise au point sur différents sujets.
La collection libertés plurielles est, sous un format plus conséquent, destinée à des acteurs et même à des praticiens. Cet ouvrage s’adresse donc à tous ceux qui ont à voir avec la justice, en tant que citoyens mais aussi ceux qui sont en charge de l’initiation aux questions touchant au Droit et à la Justice, à savoir les professeurs d’éducation civique juridique et sociale. Ce livre pourra les aider à trouver des exemples très précis pour réaliser des séquences qui aillent au delà des simples généralités qui se trouvent dans les manuels.

Les deux auteurs sont eux aussi des praticiens du droit, engagés dans le mouvement associatif comme «Droit d’urgence». ils développent donc une réflexion politique sur les relations entre la justice, en tant que service public et les administrés.
Le Droit est un outil de régulation sociale, un instrument au service du vivre ensemble. Toutefois, il apparait distant des administrés, compliqué, inaccessible parfois. Si la Révolution française a rendu les citoyens égaux en droits, ils ne le sont pas devant le Droit.

L’accès au droit, dont dépend l’application du principe d’égalité, est en prise directe avec les fondements même d’une démocratie. C’est dire son importance.

Les auteurs balaient donc le champ historique de l’accès au droit, faisant référence aux principes de gratuité de la justice, ce qui ne signifie pas, on le verra, la gratuité des frais de justice. L’aide juridictionnelle a été mise en place progressivement. à partir de 1851 pour être finalisée en 1972.

Basée sur un principe de charité l’aide juridique est devenue une forme de la solidarité. par ailleurs, dans un souci de rapprochement des justiciables par rapport au service public de la justice, la justice de paix est devenue ensuite une justice de proximité.

L’accès au droit, est un enjeu démocratique et citoyen. les auteurs de l’ouvrage reviennent largement sur cette notion, rappelant la loi de 1991, réformée en 1998. qui en définit les principes.
Les modes alternatifs de règlement des conflits sont une façon de désengorger les tribunaux mais posent le problème une fois de plus d’une justice à deux vitesses. Un plaignant ayant les moyens de financer une procédure classique sera mieux armé, mieux défendu que celui qui fera appel à des médiateurs de justice aux compétences plus limitées.

Face à un tel enjeu, et confrontés à des attentes et comportements parfois contradictoires des justiciables et administrés, les pouvoirs publics ont tenté à de nombreuses reprises et de différentes manières de faciliter l’accès au droit et à la justice. Des lois, règlements, circulaires ont été édictés, des réformes ont été conçues pour rapprocher le droit des Français, pour vulgariser sans démagogie et simplifier sans excès. La succession, et parfois l’enchevêtrement des dispositifs ont parfois alimenté cette même complexité (administrative) contre laquelle ils devaient permettre de lutter.

Bien des services existent, comme les maisons de justice et du droit, les maisons des services publics, les points d’information, centres de renseignements, les structures, lieux, espaces d’accueil, d’information ou d’orientation mais souffrent d’un déficit de visibilité et d’information.

Il n’existe toujours pas selon les auteurs de véritable service public de l’accès au droit, même si des textes, comme la loi du 10 juillet 1991 relative à l’aide juridique et la loi du 18 décembre 1998 relative à l’accès au droit et au règlement des, conflits, ont rappelé la nécessité d’un soutien au citoyen-justiciable et l’exigence de la mobilisation de professionnels et d’institutions pour garantir un accès effectif à la règle de droit ou au tribunal.

Au final cet ouvrage qui peut répondre à des besoins spécifiques en éducation civique, juridique et sociale, peut largement répondre aux interrogations de citoyens confrontés à une demande précise d’information sur des points de Droit. L’ouvrage ne saurait se substituer pourtant à une véritable consultation mais la bibliographie, la sitographie permettent de trouver déjà bien des réponses.