La revue monde chinois livre son quinzième numéro organisé autour d’un dossier consacré à l’eau en Chine, de questions et enfin de chroniques sur la Chine. A travers tout ce numéro, courent les questions de modèle de développement et de cohésion d’une société.

Un dossier très utile pour la géographie de seconde.

Dans le cadre du programme de seconde, on signalera particulièrement le dossier sur l’eau en Chine. Constitué de deux articles très structurés totalisant une trentaine de pages, il permet d’actualiser, de mieux comprendre cette question cruciale pour la Chine. Cruciale puisqu’avec 21 % de la population mondiale le pays ne dispose pourtant que de 7 % des ressources en eau de la planète. Ceci est particulièrement intéressant pour travailler autour de la problématique entre abondance et rareté puisqu’à l’échelle du pays les réalités sont très contrastées ; en effet le Nord est particulièrement dépourvu. A travers cet exemple, c’est l’ensemble des aspects du chapitre que l’on peut aborder puisque ensuite il est question notamment de pollution ou du traitement des eaux usées. Tout ceci oblige à poser la question du développement à la chinoise. C’est peut-être sur ce point qu’on sera le plus surpris puisque la Chine agit, contrairement à une image que l’on a peut être. La question de l’eau est aussi liée à celle des villes puisqu’entre 2000 et 2005, c’est 100 millions de personnes supplémentaires que les villes abritent !

L’eau : une question totale.

La question n’est pas que chinoise et doit s’envisager avec ses voisins notamment les ex- républiques soviétiques d’Asie centrale ou encore l’Inde. En plus du strict accès à l’eau, c’est une question religieuse pour l’Inde. L’eau est aussi une question politique à travers les projets de développement du Xinjiang car cette région est un immense réservoir de ressources naturelles et ne doit donc pas échapper au pouvoir central. C’est aussi dans ce cadre que l’on doit aborder la question du Tibet : l’eau du Tibet est vue comme une ressource stratégique.
La Chine n’est en tout cas pas immobile comme le prouve le discours de Wen Jiabao dans lequel la préoccupation environnementale apparaît comme jamais. Le pouvoir chinois avait d’ailleurs envisagé d’utiliser le Green GDP sorte de PNB vert mais devant les résultats catastrophiques il a vite renoncé. On peut signaler encore le souci de développer les technologies liées au dessalement de l’eau de mer. Enfin on termine par l’ensemencement des nuages vu comme un moyen d’accéder à davantage d’eau ! C’est dire que le sujet de l’eau est bien une question totale.

Irriguer en Chine.

Le second article plus ciblé sur la question de l’irrigation se révèle aussi très intéressant. De façon très claire, l’auteur distingue les acteurs, les règles et les mesures récentes. On s’aperçoit ainsi de la multitude d’acteurs et des difficultés à articuler l’action de chacun d’autant que, dans cette question de l’eau, des organisations internationales interviennent aussi.
L’objectif en tout cas aujourd’hui est bien de réduire le gaspillage et d’augmenter la productivité de l’eau dans le secteur agricole. Le levier choisi est la tarification combinée à une approche décentralisée non exempte de problèmes de corruption parfois.

Actualiser ses connaissances sur la Chine.

La deuxième partie traite des questions de Chine. Là aussi on apprend beaucoup autour d’une des questions incontournables pour la Chine de demain à savoir la protection sociale. Des réformes sont en cours mais ce qui frappe c’est que leur montée en régime ne semble pas suffisante pour enrayer le clash démographique qui s’annonce, lié notamment au déséquilibre hommes femmes après la politique de l’enfant unique. Ce qui est frappant, c’est que la question ne se résume pas à la mise en place de dispositifs : il faut qu’ils soient vus comme intéressants et véritablement protecteurs par les acteurs sinon ils s’en dispensent. De toutes façons, l’aide délivrée est très faible. Aujourd’hui 13 % de la population chinoise a plus de 60 ans; en 2045, les plus de 60 ans devraient représenter 30 % de la population.
Un autre article complète celui-ci et revient spécifiquement sur le déficit des filles en Chine. Les faits sont bien connus mais Gérard François Dumont replace cette politique dans un ensemble de politiques démographiques à la chinoise. L’article permet néanmoins d’actualiser peut être des données : ainsi dans la tranche 5-9 ans, l’écart est de plus de six millions entre filles et garçons ! La fin de l’article est plus originale et envisage les conséquences géopolitiques d’une telle situation comme l’émigration d’hommes ou un risque de militarisation de la société lié à cette surreprésentation masculine.
Un très court article revient sur les Jeux et démontre en quelques lignes de façon très éclairante combien le palmarès des olympiades a toujours été le reflet de la situation géopolitique du moment : ainsi les résultats 2008 pourraient être vus comme l’émergence de la Chine.

Découvrir d’autres facettes de la Chine.

La partie chroniques, sur des sujets plus précis et plus inattendus, permet de découvrir par exemple les tulou de Fujian, ces maisons de terre inscrites à présent dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et plusieurs clichés nous font découvrir ces maisons forteresses, véritables petites villes qui servaient de protection face aux attaques des brigands. Les clichés noir et blanc sont quand même un peu tristes ! On découvre aussi le travail du photographe Jean-Philippe Gauvrit qui, loin des clichés touristiques sur la chine ou Shangai particulièrement, cherche à montrer la ville telle qu’elle est dans ses aspects les plus banals.
Cette partie accueille aussi des travaux encore plus pointus comme celui de Nicole Bensaq-Tixier sur la représentation consulaire en chine de 1880 à 1914.
Ce numéro inaugure aussi deux nouvelles chroniques sur les médias et sur Taiwan. En effet, depuis 2008 le rapprochement des « deux Chine » s’est accéléré.

Au total cette revue, ou au moins ce numéro, mélange habilement des aspects généraux de mise au point comme dans le dossier, des aspects de découvertes culturelles comme les tulou et des informations sur la Chine qui bouge, comme la question démographique. On pourra en tout cas utiliser utilement les aspects du dossier pour le cours de seconde, en couplant le tout avec l’irremplaçable DVD du « Dessous des cartes ».

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