En relation avec le thème de l’édition 2012 du FIG, la sortie de ce dernier ouvrage de Yves Luginbhül (directeur de recherche émérite au CNRS) arrive à point nommé pour reprendre un peu de hauteur et explorer la notion de paysage à travers son histoire.
Si l’intérêt des populations envers le sujet ne n’est manifesté que tardivement car ne constituant pas une priorité parmi leurs différents besoins, le paysage a, à partir du XVIème siècle, imposé sa voix pour évoluer et devenir aujourd’hui une problématique d’aménagement à part entière ayant d’ailleurs généré une profession spécifique, celle de paysagiste.
Et s’il dépeint bien les sensibilités dont les paysages pastoraux, sublimes, pittoresques, l’horticulture…ont pu être à l’origine, l’essai porte surtout sur la construction des paysages « ordinaires », « banals », les plus nombreux finalement, mais qui sont les réels témoins de la vie de leurs habitants.
C’est bien pour cela que l’essence du débat actuel tourne autour de la question de leur protection et des rapports entre les degrés de naturalité et d’artificialité, plus ou moins fantasmés, d’où l’intérêt porté à la question des représentations, les enquêtes révélant la forte charge positive du terme « paysage » qui, dans l’imaginaire collectifNotamment chez les enfants, ne doit pas être (trop) humanisé pour être considéré comme beau.
Dès lors, qui serait sensible aux paysages ? Seuls ceux dont le regard aurait été éduqué dans ce sens ? Cet élément de définition du paysage, le fait qu’il « s’offre à la vue » en rejoint de nombreux autres et c’est bien là l’apport essentiel du livre : saisir pleinement les invariants de la notion pour mieux la comprendre et la travailler à tous niveaux de la société.
Un ouvrage majeur sur la question, extrêmement bien documenté, riche d’exemples rendant donc un bel hommage à la maturité de réflexion de son auteur.