« La collection « les cahiers POPSU » s’inscrit dans un programme de recherche-action mené dans le cadre du volet « Métropoles » de la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines, rattachée au Plan urbanisme construction architecture. Ce programme assure la production de recherches sur les métropoles et leur diffusion dans les milieux de la recherche, auprès des élus, des professionnels des territoires, ainsi que du grand public. Chaque cahier est une restitution d’un enjeu particulier au sein d’une métropole partenaire du programme ».
Mettre le paysage au centre de la fabrique de la métropole Aix-Marseille-Provence est une proposition peu commune pour un territoire multipolarisé de 1,8 million d’habitants. Pourtant, c’est un espace à 21% agricole et à 56% naturel, contribuant bien à l’attractivité touristique et résidentielle. On peut toutefois se demander si cette incantation n’interfère pas avec des défis concernant le rayonnement méditerranéen et international de la métropole, les mobilités ou l’équité spatiale et sociale d’un territoire où les inégalités sont fortes.
Le projet métropolitain « Ambition 2040 » veut donc valoriser le patrimoine naturel et paysager, souvent angle mort de l’action publique territoriale dans les autres collectivités car à la frontière de l’urbanisme, de l’environnement, du patrimoine et de l’agriculture. Sont en jeu de nouveaux équilibres garantissant l’habitabilité du territoire, son attractivité et son développement futur, alors qu’une urbanisation peu régulée a fragilisé les milieux naturels ces dernières décennies. Pour Jean-Marc BESSE, il s’agit d’agir avec le paysage et non sur le paysage, comme on a l’habitude de faire. Le GR 213, sentier de randonnée métropolitain, donne une dimension concrète et vécue à cette métropole-paysage en rendant visible la diversité des paysages et leurs enjeux sociaux, environnementaux, d’aménagement, de mobilité,… Loin d’être simplement un décor, la considération du paysage comme espace de vie (travaillé, parcouru, vécu, senti, donc habité) doit alors être placée en avant pour restituer ou proposer un cadre et une qualité de vie dignes de ce nom pour les populations. Cela implique différents niveaux de décision et de coopérations. La compétence de valorisation du patrimoine naturel et paysager est portée par la direction Agriculture-Forêts-Paysages. Non exclusive, cette compétence est également exercée par les Parcs Naturels Régionaux voisins de Camargue, des Alpilles et du Luberon. A l’intérieur de la métropole, des coopérations s’engagent avec les Parcs Nationaux, les zones Natura 2000 ou même les communes.
Le plan de paysage de 2019 initié par la métropole Aix-Marseille-Provence met l’accent sur les paysages anthropisés et cible des situations d’interface. La question des limites entre espaces protégés et non protégés et des contacts entre ville et nature sont à redéfinir.
Pour qualifier ces zones de contact, l’idée a été de moduler les niveaux de protection et de naturalité. Le paysage est une ressource qui se construit au contact de différents usages des sols. Le concept d’écotone est alors mobilisé, c’est-à-dire les manières dont les usages sociaux de la nature et les choix d’occupation des sols interfèrent avec le vivant. La spécificité des paysages de cette métropole réside justement dans « ces relations subtiles, entre micro et macro, là où « des coopérations entre les systèmes verts (naturels) et gris (urbains), bleus (humides) et jaunes (agricoles) se manifestent et se croisent de façon exemplaire » dans le cadre d’une interterritorialité naissante.