Une courte introduction met en perspective la question de la mondialisation économique. Elle insiste sur la croissance des flux (marchandises, services, capitaux, informations, …) induites par l’action des organisations internationales et rendue possible par la révolution numérique. Cette mondialisation économique favorise l’émergence d’une nouvelle organisation du travail et de nouveaux acteurs étatiques de premier plan, les pays émergents. L’accent est mis sur les conséquences néfastes de la mondialisation (creusement des inégalités sociales, fragilisation des sociétés, conflits futurs).
L’ouvrage se divise en trois parties. Le premier volet a pour ambition de Décrypter les faits d’actualité. Quatre faits d’actualités sont ainsi abordés : l’ouverture du marché du textile au 1er janvier 2005, l’arrivée du Français Pascal Lamy à la tête de l’Organisation Mondiale du Commerce en 2005, les affrontements entre les salariés de STMicroelectonics et les forces de l’ordre le 10 juin 2004 et la question du renchérissement de l’euro par rapport au dollar depuis 2001. Ils sont dans un premier temps analysés. L’œil critique fait le point sur leur traitement par les média. Enfin, chaque fait d’actualité permet d’élargir le propos sur la mondialisation économique en abordant l’un de ses aspects. La section Grand angle aborde ainsi les grands acteurs du commerce mondial, les institutions internationales, la mondialisation du travail et enfin la position dominante occupée par la monnaie américaine. La double page consacrée à cette section est complétée par des encarts (statistiques significatives, tableau ou texte explicatif, photographie permettant d’aborder un autre aspect de la question). Une carte de synthèse clôt cette présentation de la mondialisation économique. La deuxième partie vise à Comprendre les mots de l’info. Plus de cinquante notions sont ainsi abordées. Enfin, le dernier volet présente des textes et documents utiles à une meilleure compréhension de la mondialisation économique. Il s’agit de quatre photographies. La première montre un hypermarché Carrefour de Pékin et sert de support pour évoquer le poids des multinationales. La deuxième représente les participants au sommet du G8 à Heiligendamm et met en perspective cette institution. Enfin, l’association des photographies d’un quartier aisé et d’une favela de Sao Paulo permet de rappeler les inégalités de revenu à l’échelle de l’agglomération et de généraliser à l’échelle mondiale. Plusieurs extraits de textes complètent ces premiers documents : la déclaration des objectifs de l’OMC formulés à Doha en 2001, l’appel à la reprise des négociations en vue de poursuivre le cycle de Doha formulé par l’Union africaine en 2006, un rapport de 2003 du Conseil économique et social visant à lier libéralisation des échanges et respect du droit du travail et enfin le Manifeste altermondialiste de l’association Attac publié en janvier 2007. L’ouvrage s’achève sur une présentation de quelques sites internet (organismes internationaux et nationaux, organes de presse, méthodologie pour le décryptage des média).
Cet ouvrage s’inscrit dans une collection intitulée les Clés de l’info. Le lecteur s’attend donc à un décodage de l’actualité. C’est ce que se propose apparemment cet ouvrage en abordant quatre faits d’actualité. Cependant, il n’y parvient pas véritablement. Les auteurs prennent en effet plutôt prétexte d’événements qui ont marqué l’actualité pour exposer la mondialisation économique. En premier lieu, cela tient à la présentation de ces faits d’actualité. Une photographie ainsi qu’une citation sont destinées à résumer un événement. Cela ne nous semble pas aller de soi pour des élèves d’autant plus que ni l’origine de la photographie ni celle de la citation ne sont indiquées. Les auteurs sont d’ailleurs conscients de ce problème puisqu’ils accompagnent photographie et citation d’un court texte qui les remet dans leur contexte. De même, les commentaires, forts pertinents au demeurant, qui portent sur le traitement médiatique de ces faits d’actualité ne sont en prise avec aucun document présenté dans l’ouvrage. Nous eussions nettement préféré le même exercice en lien avec un article de journal dûment référencé, par exemple.
Enfin, l’ouvrage manque parfois de cohérence. Ainsi dans la présentation des grands acteurs du commerce mondial, les firmes multinationales ne sont présentées qu’au troisième rang après les Etats et les institutions internationales tandis qu’un encart présente la multiplication de ces dernières entre 1990 et 2005. Outre cet aspect, le rôle des firmes multinationales dans la croissance du commerce mondial de marchandises nous semble négligé puisque le commerce intra-firme est estimé à environ 30 % du commerce global. D’autre part, la mise en relation des informations est parfois difficile à réaliser. Elle nous semble particulièrement délicate pour un élève, notamment un élève de collège, qui ne serait pas guidé dans sa lecture. Par exemple, un encart indique que 13500 emplois industriels ont été supprimés en France à la suite de délocalisations. Cela représente un peu plus d’un emploi sur trois cents. Pourquoi les auteurs n’ont-ils pas inséré cette information dans le corps même du texte pour relativiser leur propos sur les délocalisations industrielles ?
Paradoxalement, « cette nouvelle collection destinée à tous, notamment aux adolescents » ne me semble pas pouvoir être mise entre les mains de tous les élèves, notamment les élèves de collège. Les mises au point intitulées L’œil critique peuvent cependant offrir des pistes de réflexion pour une analyse du traitement médiatique de la mondialisation économique, par exemple dans le cadre du programme d’Education Civique de 4e (chapitre consacré aux enjeux de l’information).
© Clionautes – Cyrille Chopin
Pour lire un autre compte-rendu sur le même livre : http://www.clionautes.org/?p=1623