Sylvain Connac, professeur des écoles, appartient à l’équipe pédagogique de l’école coopérative Antoine Balard à Montpellier qui a reçu le prix de l’innovation éducative décerné par le Café pédagogique. Docteur en sciences de l’éducation, il publie régulièrement des articles dans des revues pédagogiques. L’ouvrage comprend une bibliographie ainsi qu’un glossaire-index.
Une structure en quatre temps
Sylvain Connac annonce les objectifs de son ouvrage parmi lesquels la volonté d’équilibrer les situations de travail collectives et individuelles ou encore le souci de mettre à disposition des enseignants des outils d’auto-formation. Il propose un schéma qui articule tous les aspects qu’il va aborder et il choisit donc de l’insérer au début de chaque partie en soulignant quel aspect précis il va alors traiter. C’est un aide-mémoire très utile. Pour mener à terme son projet, il construit chaque chapitre en quatre temps. Il propose tout d’abord un « pédagotest », sous forme de questionnaires à choix multiples pour que l‘enseignant puisse déterminer son profil sur l’aspect abordé. Ensuite, on trouve des repères conceptuels et réflexifs sur le thème, puis l’auteur propose quelques études de cas de situations éducatives. Enfin, sont proposés des « q-sort » qui sont des outils pour les formateurs afin de les aider à faire réagir un groupe de participants.
Qu’est-ce que la personnalisation des apprentissages ?
Sylvain Connac définit d’abord ce qu’il entend par la personnalisation des apprentissages : « C’est apprendre pour soi et pour les autres, apprendre par soi et avec les autres ». « La personnalisation se trouve à l’équilibre entre un processus de socialisation qui pourrait dépersonnaliser et un autre d’individualisation qui risquerait d’isoler ». Cela implique d’articuler une approche didactique, un travail individualisé et des interactions coopératives. On trouve un très utile tableau précisant ce qu’est la personnalisation des apprentissages, et ce qu’elle n’est pas. Parmi les défis à relever, il souligne qu’il ne doit pas s’agir d’une « usine à gaz » mais bien, par exemple, d’évaluations « permettant d’améliorer les apprentissages et associant les élèves ». De même, il ne faut pas entendre par là une façon de faire qui resterait incompréhensible des familles mais bien plutôt de penser à communiquer sur les réussites et les besoins de chaque élève.
Tenir compte de l’individu
Sylvain Connac précise que cette personnalisation des apprentissages passe forcément d’abord par une bonne connaissance de quelques principes généraux sur l’apprentissage. Pour résumer les principaux points à retenir, il propose une formule à l’allure mathématique qu’il éclaire ensuite. A = (C + M + T). A pour apprendre, C pour comprendre, M représente la mémorisation et T pour transférer. Il précise également trois conditions nécessaires à l’acte d’apprendre : se percevoir dans un espace sécure, être disponible cognitivement et s’investir dans les activités cognitives. L’auteur prend également le temps de définir quelques verbes clés : enseigner, éduquer, puis il livre un utile résumé de quelques théories pédagogiques dont celles de Bandura ou le socio-constructivisme. L’individualisation se vit pendant le temps scolaire en équilibre avec des situations coopératives et via des activités qui font sens pour l’élève. Sylvain Connac réserve une place à la question des émotions.
L’organisation de la coopération entre les élèves
Comme à chaque chapitre, Sylvain Connac propose d’abord de faire le point sur ce que l’on pense du sujet afin de déterminer ses orientations. L’enseignant pourra savoir si, pour lui, la coopération à l’école est plutôt inutile, si elle sert à l’autonomie des élèves ou encore si la coopération sert au tuteur ou à celui qui la sollicite. De façon très pertinente l’auteur distingue ensuite et définit aide, entraide et tutorat.
Les compétences et l’évaluation comme aides aux apprentissages
L’enseignant doit également s’interroger sur ses représentations de l’évaluation. Trop souvent conçue comme une sanction, il y a pourtant d’autres façons beaucoup plus utiles et formatrices de la pratiquer. Quelques page synthétiques permettent d’ailleurs de faire le point sur les différentes facettes et façons de pratiquer. L’auteur s’interroge également sur la notion de compétences avec ses avantages et ses limites. Sylvain Connac termine son chapitre par deux études de situations dont l’une sur des parents qui s’interrogent en primaire sur l’absence de notes des élèves. Il prend le temps de détailler l’argumentaire de l’enseignant.
Difficultés pour apprendre et déficit de motivation
Quel statut donne-t-on aux difficultés que rencontre un élève ? La difficulté est-elle un obstacle, un échec, un malentendu ou une immaturité ? Sylvain Connac propose une utile mise au point sur la question de la motivation, distinguant motivation intrinsèque et extrinsèque, et s’appuyant aussi sur les travaux de Deci et Ryan. On peut également s’appuyer sur une utile mise au point qui propose à l’enseignant de l’aider à distinguer huit formes du décrochage scolaire
La construction de relations sereines et sécures
Tous les éléments développés jusque là visent finalement à construire des relations « sereines et sécures » dans la classe et pour l’élève. On doit d’abord s’interroger sur le rapport que l’enseignant entretient avec l’autorité. Cette question, qui préoccupe très fortement les jeunes professeurs, est à considérer avec recul pour ne pas tout mélanger. Sylvain Connac s’arrête d’ailleurs sur quelques variantes du mot autorité en distinguant être autoritaire, faire autorité, être l’autorité et avoir de l’autorité.
En conclusion, l’auteur pose la question de la formation des enseignants. Pour celles et ceux qui veulent prolonger la lecture et la réflexion, il existe également une liste de discussion numérique dont l’adresse est donnée au début de l’ouvrage. Si vous voulez découvrir quelques pages de l’ouvrage, c’est ici. http://www.youscribe.com/BookReader/Index/2586549?documentId=2683633
Le grand mérite de l’ouvrage de Sylvain Connac est d’aider l’enseignant à se poser des questions sur sa pratique. Pris parfois dans le rythme de l’année, il est pourtant fondamental de savoir s’arrêter et réfléchir sur ses pratiques.
© Jean-Pierre Costille pour les Clionautes