Le reste du livre est composé d’un grand nombre de textes d’auteurs, géographes pour la plupart, ressemble beaucoup aux actes d’un colloque, qui bénéficierait d’une édition privilégiée.
Les contributions
Parmi les contributions les plus intéressantes (c’est-à-dire pertinentes et relativement inédites), on peut citer « Concepts du nomadisme et nomadisme des concepts » de D.RETAILLE qui éclaire la construction du stéréotype du nomade traditionnel et met en question le nouveau mythe d’une hyper-mobilité post-moderne. Cet auteur développe également l’idée de deux postures d’être au monde, l’inscription dans une généalogie (plutôt historienne) et la coprésence (plutôt géographique).
G.SIMON dans « la planétarisation des migrations internationales » tord le cou au mythe d’un monde de migrations. En valeur relative, moins de migrants aujourd’hui qu’au siècle dernier ! (la sédentarisation de la planète ?)
Déclin des couples migratoires traditionnels (départ/accueil), et mondialisation des flux sur un grand nombre de compétences professionnelles. Mythe politique de l’immigration zéro impossible à vivre (et donc a usage interne).
Eldorado médiatique (télé, satellite) en trompe-l’œil car inaccessible au plus grand nombre à cause de la montée des politiques anti-immigration.
Les textes sur les mobilités de loisir sont plus courts, mais balayent beaucoup de questions.
Un texte très intéressant de L.RADIA sur la mémoire israélienne et palestinienne, à travers les maisons palestiniennes devenues israéliennes en 1948, dont les accords d’Oslo ont fait disparaître les derniers espoirs de retour à leurs anciens propriétaires.
Plusieurs textes sur l’économie à travers la mobilité : infrastructures et choix de transports en Europe (R.MARCONIS), émergence de la logistique qui nous renvoie à cette optique de la géographie comme compétence professionnelle de base (voir « La France redécoupée »), le rôle et la réalité du télétravail (C. MORITZ-JUNGMAYR) avec quelques propositions de calcul économique, un texte collectif sur « mobilités et emplois » montrant notamment le rapport entre le desserrement urbain, l’offre de vitesse des infrastructures routières, les stratégies résidentielles et la localisation des emplois.
Un article sur l’espace migratoire des Francais (B.VERQUIN) montrant le passage de l’émigration à l’expatriation (provisoire et souvent très qualifiée) avec plusieurs cartes de répartition en France et dans le monde (déclin des destinations anciennement coloniales). 1997 : 1 671 426 Francais résidant à l’étranger (dont la moitié seulement immatriculés auprès des consulats français).
Les identités (J. LEVY, F.PERON) avec notamment cette fin annoncée de « l’homme-lieu » corollaire de la fin des centres. Qu’est-ce qui remplace cette dimension ?
Un article sur les cyberidentités (E.EVENO), texte bienvenu mais trop bref et trop riche en références philosophiques pour être immediatement utile.
Usages
C’est un livre collectif (ce qui en soi mérite d’être apprécié à sa juste valeur, cela est rare), mais inégal, car le collectif exige aussi une cohérence.
Sans doute aurait-il fallu moins d’articles (c’est le choix et le travail de l’éditeur comme du festival de St-Dié), mais tous plus étoffés, davantage illustrés, brefs plus enrichissants pour le lecteur.
Au-delà des textes de grande qualité signalés ci-dessus, on s’étonne toujours d’un livre de géographie si faiblement illustré.
Avril 1999.
