Les questions aux concours ont suscité un nombre important de livres sur les métropoles mondiales. Celui de Michel GOUSSOT paru dans la célèbre collection U de chez Armand Colin, est à remarquer à plusieurs titres : d’abord parce qu’il répond à la fascination qu’exercent ces villes américaines sur les Européens en retraçant l’histoire de cette urbanisation ; surtout, il développe les grands thèmes de l’urbanité aux Etats-Unis à partir des travaux d’urbanisme, d’architecture et, plus généralement, d’aménagement dans ces villes.
La complexité pour définir les aires urbaines n’arrête pas l’auteur qui, avec plusieurs cartes fort pertinentes et schémas très suggestifs, parvient à démêler l’échevau des limites et des emboîtements. Ainsi, les dynamiques urbaines apparaissent-elles dans leur contexte historique, bousculant les hiérarchies de l’époque industrielle, engendrant un déplacement non négligeable du centre de gravité urbain du pays autour du « big L » de Luc-Normand Tellier.
Si on les situe, cette fois, dans l’archipel mondial, les grandes villes américaines développent pour y renforcer leurs positions des plates-formes aéro- et téléportuaires qui assoient toujours plus leur suprématie dans la finance, le tourisme, la recherche.
Dans la seconde partie sur les « pratiques » des grandes villes, les espaces urbains américains sont replacés dans l’histoire de l’architecture qui permet de décrypter les grilles conceptuelles des politiques et des urbanistes qui ont fabriqué ces villes. L’épineuse question de la dégradation des centres et de leur rénovation est abordée de manière fort exhaustive à partir de la thèse de J. Zacharias et des travaux de J. Rouse. Des études de cas (New york, Los Angeles) sont exposées sur ce thème ainsi que sur les communautés qui peuplent les grandes villes d’aujourd’hui.
Sur la planification et le développement des villes, l’auteur fait des rappels historiques essentiels pour comprendre comment les choix, comme celui de l’étalement, ont été faits. Le futur passera-t-il par les banlieues comme le titre Michel Goussot ? Les urbanistes n’ont pas tranché, adaptant toujours leurs travaux aux changements de perception qui ne manquent pas de se produire dans ces villes.
Aux thuriféraires de la mondialisation, Goussot rappelle que les grandes villes américaines sont des structures spatiales trop spécifiques pour que les problèmes actuels de ces villes puissent devenir ceux des villes européennes dans le futur.