Le sommaire de ce numéro estival de « La Revue Dessinée » met en avant la question de l’eau, celle des origines du Brexit, mais se penche également sur le serpent de mer que constitue la ligne de chemin de fer Lyon-Turin.
Sources de conflits
A partir d’un exemple situé à Niort, Angela Bolis et Valentine de Lussy posent la question de l’irrigation. Depuis dix ans, une querelle existe entre les associations environnementales et les exploitants agricoles. Les deux camps ont pourtant le même argument : il s’agit de se préparer aux sécheresses et de limiter l’impact du réchauffement climatique. Le reportage détaille donc le cas de Mauzé-sur-le-Mignon avec de nombreux intervenants qui se succèdent. Pour bien comprendre les enjeux, un historique de l’irrigation est fait en rappelant qu’elle s’est développée à partir du milieu des années 60 en lien avec les progrès techniques et aussi avec la PAC. Entre 1970 et 2000, les surfaces irriguées en France ont été multipliées par trois. L’irrigation s’est développée plus récemment dans le sud-ouest en lien avec la culture du maïs. A partir de 2021, la politique des retenues se développe mais, si elle a tendance à améliorer les choses, c’est souvent à court terme. La parole est donnée à Amandine Pacault, ex-porte parole de la Confédération paysanne des deux Sèvres, qui évoque des mesures possibles. La double-page finale insiste sur l’exemple du maïs, très consommateur en eau. Sa superficie cultivée a été multipliée par deux entre 1970 et aujourd’hui. Au niveau mondial, c’est la céréale la plus cultivée car elle connait beaucoup de débouchés possibles.
Rubriques : lune, divorce et escalade
« Face B » parle d’Anne Sylvestre, qui ne doit surtout pas être réduite à ses « fabulettes ». Elle débute en 1957, enregistre un premier 45 tours en 1959 puis un album deux ans plus tard. Elle rencontre François Rauber, arrangeur qui va l’accompagner sur ses disques pendant plus de trente ans. « Instantané » revient sur un des clichés les plus célèbres, celui de l’homme sur la Lune. Un hasselblad modifié pour résister à des températures extrêmes a permis de réaliser cette image devenue iconique. « Au nom de la loi » se penche sur le divorce en mettant en avant la loi de 1884. Jean-Christophe Mazurie revisite aussi les anciens temps, l’importance de la Révolution française. En 1884, dans cette loi, le mariage est un contrat dont la rupture sanctionne une faute. A partir de 1975, l’adultère n’est plus un délit. Aujourd’hui, un mariage sur deux se termine par un divorce. Au niveau sport, « Mi-temps » présente l’escalade devenue une discipline olympique en 2020. Silki présente les différentes variantes comme l’escalade de bloc ou l’escalade rocheuse.
Délit de fuites
Rui Pinto est l’homme derrière les « Football Leaks », à savoir la plus grande fuite de données jamais connues dans le monde du sport. Ces documents ont mis sur le devant de la scène des pratiques liées à des fraudes fiscales ou des commissions occultes. Les auteurs s’interrogent pour connaitre ses motivations : faut-il voir là un appât du gain ou la figure d’un lanceur d’alerte ? Les lois ne mettaient pas les lanceurs d’alerte à l’abri jusqu’en 2019, année où l’Union européenne a adopté des dispositions qui visent à les protéger.
Un train de retard Lyon Turin
Cette enquête a été réalisée en partenariat avec « La Revue dessinée Italia ». Cela permet un double éclairage sur le sujet avec un type de dessin particulier pour chacun des pays. Il s’agit du plus grand chantier européen d’infrastructure de mobilité bas carbone selon ses promoteurs. Il faut percer 57,5 kilomètres de tunnel sous les Alpes. L’objectif est de délester les vallées alpines. Rien ne s’est passé comme prévu. Si le projet fait le bonheur de quelqu’un, c’est celui des entreprises du BTP. Les auteurs rappellent précisément ce qui s’est passé depuis 2015, tout en revenant aux origines du projet. Il faut se souvenir de l’impact de l’incendie du Mont Blanc en 1999. Le budget annoncé est de l’ordre de 10 milliards d’euros. Lorsqu’on fait le point en 2005, soit dix ans après les premiers débats, les travaux n’ont pas commencé. En 2012, la Cour des comptes pointe les dérives budgétaires. Du côté français, la mobilisation contre le projet est plus difficile que du côté italien : cela s’explique sans doute par une population plus âgée et éparpillée. Les questions sur une telle réalisation demeurent nombreuses.
Sémantique et cinéma musique
James détaille le sens des mots qui peuvent changer. Une expression peut s’imposer avec sa nouvelle acception. On suit les évolutions du terme « chafouin ». James détaille aussi le sens des mots naguère, jadis et d’antan. On apprendra peut-être qu’au départ, le terme de glauque désignait une couleur, un vert-bleu un peu comme la couleur de la mer. Alix Garin se penche sur le film « Call me by your name » qui a rencontré à la fois un succès public et critique avec pas moins de 88 récompenses à travers le monde. Il insiste sur la réplique finale du film : « N’étouffe pas ces émotions et avec elles la joie que tu as pu ressentir ».
Des filles en colère
Au départ, il y a le cas d’une jeune fille de quatorze ans qui témoigne auprès de la gendarmerie de l’agression sexuelle subie. Seulement, elle est loin d’être entendue car il existe une véritable omerta. Il faut attendre 2020 pour qu’une nouvelle vague de récits d’agressions sexuelles et de viols émerge en Corse. La réalité de ce que des jeunes filles ont subi a du mal à émerger d’autant que, parfois, des hommes ont porté plaintes contre les jeunes filles. La double-page finale élargit les chiffres à l’échelle de la France avec des constats effrayants. Tous les ans, 94 000 femmes subissent un viol ou une tentative de viol. 91 % connaissaient leur agresseur.
Finance sauvage : le Brexit
Vous ne connaissez sans doute pas Crispin Odey et pourtant ce richissime financier britannique a oeuvré pour que le Brexit devienne une réalité. Ses spécialités font frémir puisqu’il porte son action vers les risques politiques ou encore environnementaux. Il n’est pourtant pas le seul à faire cela et, plusieurs années avant lui, Jimmy Goldsmith a aussi utilisé la finance de façon très agressive. Il s’est impliqué en politique en finançant, par exemple, l’envoi de cinq millions de cassettes VHS aux foyers britanniques pour populariser ses thèmes de prédilection.
En septembre, La Revue Dessinée numéro 37 se penchera sur Vittel, la guerre d’Algérie ou sur l’éducation nationale avec un reportage intitulé « Profs d’infortune ».
Jean-Pierre Costille