EDITORIAL par Gérard-François DUMONT
UN PROGRAMME POUR DES TERRITOIRES FRANÇAIS INNOVANTS
L’auteur propose une « politique pertinente d’aménagement du territoire » en inversant « les tendances à la (re)centralisation ». Après les lois de 1982, la France a connu « les quinze glorieuses de la décentralisation ». Elles se sont poursuivies jusqu’à l’acte II de la décentralisation en 2003. L’organisation de la République devient alors « décentralisée » (article 1er de la Constitution) . Depuis, de multiples lois territoriales ont été votées reposant sur de nouveaux paradigmes. La compétitivité de la France ne reposerait que sur les métropoles qu’il faut favoriser. On assiste donc à un retour en France des logiques centre-périphérie, à l’opposé des nouvelles logiques territoriales davantage réticulaires.
L’auteur propose donc d’instaurer une véritable égalité des territoires en assurant tout d’abord une répartition plus égalitaire des dotations de l’Etat. Il insiste également sur le rôle du numérique, comme outil de diffusion des innovations sur l’ensemble du territoire. Les projets territoriaux doivent enfin se déployer à toutes les échelles géographiques et particulièrement à celle de la commune, qui reste le territoire de référence des français.

DOSSIER par Laurent RIEUTORT
LA RURALITÉ EN FRANCE : DES POTENTIELS OUBLIÉS ?
Les récentes lois territoriales ont pour objectif affiché de développer les métropoles (loi MAPTAM de 2014 par exemple). Quel est alors le rôle des territoires à faible densité de population dans les dynamiques de développement du territoire français au sein de cette politique, que l’on pourrait qualifier de nouveau parangon de l’aménagement du territoire ? Les territoires ruraux sont-ils condamnés à rester des marges ?
Les communes peu (entre 15 et 65 habitants par km²) ou très peu denses (moins de 15 habitants par km²) couvrent plus des 9/10e de la France métropolitaine et rassemblent 35,4 % de la population en 2015. Les communes peu denses comptent un tiers des actifs français mais les communes peu denses seulement 4%. Malgré tout, ces communes connaissent une forte attractivité. Leurs taux de croissance, que ces communes soient proches des agglomérations ou plus éloignées, sont régulièrement supérieurs à ceux des communes densément peuplées. Ces nouveaux habitants des campagnes sont surtout attirés par le faible coût du foncier et la qualité de vie. « Le désir de campagne est fort ».
Selon un processus « jobs follow people »‘, l’emploi local se développe, notamment dans les activités attachées à la demande résidentielle (les services à la personne). On assiste donc à une tertiarisation progressive de l’emploi rural dans le cadre de « systèmes productivo-résidentiels » bien connectés aux aires urbaines.
On peut alors distinguer 3 types de développement rural selon plusieurs logiques : la valorisation de « ressources territoriales » locales, la complémentarité avec les métropoles et un développement plus « endogène » basé sur les aménités des territoires peu et très peu denses. Au final, « il apparaît que les zones à faible densité connaissent des marges de croissance probablement plus importantes que les coeurs métropolitains ». Il convient donc de ne pas ignorer les atouts des espaces ruraux et de repenser l’inter-territorialité « ville/campagne » pour éviter la marginalisation effective d’une grande partie du territoire.

DOCUMENT PEDAGOGIQUE (libre de droits) :
L’ÉVOLUTION TRÈS CONTRASTÉE DE L’EMPLOI DANS LA RURALITÉ

EXERCICE PEDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
CONNAÎTRE ET METTRE EN PLACE LES ENSEIGNEMENTS PRATIQUES INTERDISCIPLINAIRES (EPI) AU COLLÈGE
Les Enseignement Pratiques Interdisciplinaires sont une nouveauté de la réforme du collège appliquée depuis la rentrée 2016. Ils s’adressent à tous les élèves de 5ème, 4ème et 3ème et mobilisent au moins deux disciplines sur un projet commun. L’objectif est de donner sens aux apprentissages en travaillant sur des objets concrets et de permettre l’investissant de tous les élèves dans la cadre d’une pédagogie de projet. Des exemples sont proposés pour chacun des niveaux du collège pour chaque thématique. Une grille permet de faciliter la mise en place d’un EPI, avec comme exemple : « Les tours sont-elles l’avenir des villes ? ».

LE POINT SUR…par Sébastien BOURDIN
LES INÉGALITÉS RÉGIONALES EN EUROPE : COMMENT LES RÉSOUDRE
Depuis 1975, la politique de cohésion de l’Union Européenne a pour objectif de réduire les déséquilibres régionaux et les écarts de développement entre ses différentes régions. Mais la crise économique qui a débuté en 2008 oblige à repenser cette politique.
Les inégalités économiques sont importantes au sein de l’UE. A l’échelle des pays, le Luxembourg possède par exemple un PIB par habitant 7 fois supérieur à la Bulgarie. A l’échelle des régions, la région la plus prospère (Centre-Londres) est 45 fois plus riche que la région la moins développée (la région Severozapaden en Bulgarie). Ces inégalités se sont réduites entre 2000 et 2008 à la fois entre les différents pays et les différentes régions. Mais la crise de 2008 remet en cause cette politique. Plus d’un tiers du budget de l’UE est en effet dévolu au processus de convergence.
La politique de cohésion de l’UE doit être repenser pour davantage prendre en compte l’innovation comme facteur de développement économique et pour améliorer son déploiement. La politique de cohésion 2014-2020 semble ainsi plus ciblée. Le développement des PME et la croissance verte sont les nouvelles priorités, davantage que les infrastructures.

ANALYSE par Alexandre DUCHESNE
COLOMBIE : L’ÉMERGENCE DE LA DEUXIÈME PUISSANCE D’AMÉRIQUE DU SUD
Cet article a pour objectif de présenter les caractéristiques de la Colombie, nouvelle puissance émergente. La Colombie connaît d’abord de profondes inégalités de peuplement. Les densités de population sont très faibles dans la forêt amazonienne, qui couvre près de la moitié du pays. A l’opposé, les régions andines (où se trouvent Bogota, Medellin et Cali) sont les plus densément peuplées. La Colombie achève sa transition démographique. Sa population a été multipliée par 4 entre 1950 (12 millions d’habitants) et 2016 (48 millions d’habitants).
C’est ensuite un pays très urbanisé (78% des habitants vivent en ville). La capitale Bogota compte 9 millions d’habitants. L’urbanisation a été rapide à cause de l’arrivée de nombreux « déplacés » chassés des campagnes par la violence. 2 millions de déplacés vivent ainsi au sud de Bogota. Les quartiers informels où ils habitent s’opposent aux constructions modernes du Nord de la ville. Mais cette ségrégation Nord/Sud tend à se complexifier. L’habitat s’est amélioré dans les quartiers informels les plus anciens du Sud, de nouveaux apparaissent au Nord où les ensembles résidentiels fermés se multiplient. Des pôles secondaires équilibrent l’armature urbaine mais il n’existe pas de réelle synergie entre les villes colombiennes à cause d’infrastructures terrestres déficientes. La deuxième ville du pays, Medellin, est devenue une ville dynamique qui concurrence Bogota dans de nombreux domaines. Elle était pourtant considérée dans les années 1990-2000 comme une des villes les plus violentes du monde. Une politique volontariste d’aménagement a permis l’installation de téléphériques urbains pour relier les quartiers périphériques au centre. Un important effort en terme d’éducation a aussi fait passer le taux de scolarisation de 25% en 1991 à plus de 90% aujourd’hui.
On peut enfin qualifier la Colombie de pays émergent. Ses atouts sont nombreux : un marché de 50 millions d’habitants, un accès à deux océans, d’importantes richesses minières et agricoles, une économie diversifiée,… Mais elle doit également affronter de nombreux défis : seulement 15% des routes sont bitumées, la corruption reste importante,… La question des inégalités est également essentielle. Elle s’améliore lentement : entre 2002 et 2014, 6 millions de Colombiens sont en effet sortis de la pauvreté. Reste à améliorer l’image d’un pays encore largement associé à la drogue, à la violence,… Le prix Nobel de la Paix obtenu par son président Juan Manuel Santos en 2016 est un premier pas.