Cet ouvrage du CRDP d’Aquitaine propose un CD-ROM de documents inséré dans un livre de 269 pages. C’est le travail d’une équipe: Silvia Marzagalli, de l’université de Nice, Jacques Baysselance, Rolland Boisseau, Corinne Gardey, Philippe Gardey, Jérôme Lauseig et Michel Roques, enseignants d’histoire et géographie réunis sous la coordination de Jean Paul Grasset, IPR. La première partie est une mise au point des connaissances sur ce phénomène, agrémentée de quelques cartes puis sur une centaine de pages vient la présentation en petit format des documents du CD-RM, iconographiques mais aussi textuels, replacés dans leur contexte, avec éventuellement des indications sur leur auteur. En complément on trouve un glossaire, une courte bibliographie et quelques références de films et de sites web. Les ressources pédagogiques proposent l’exploitation de 9 documents ou ensembles documentaires et sont disponibles sur le site du CRDP: http://crdp.ac-bordeaux.fr/traite, en format Word et PDF.
Un texte clair, précis, actualisé qui fournira un outil utile pour tout enseignant désireux de monter une séquence sur le sujet mais aussi utilisable directement par des élèves dès la quatrième.

 

Aux origines de la traite

C’est par un rappel des routes maritimes au XVème siècle et une description des débuts de l’économie de plantation que s’ouvre cet aide-mémoire précis. Une présentation de la législation dès le XVI ème siècle montre la mise en place d’un véritable système en particulier dans les deux exemples développés: les Amériques françaises et anglaises. Un rappel chronologique des implantations à partir des Caraïbes permet de découvrir le rôle du sucre dans l’économie esclavagiste et l’organisation de l’ “habitation”. Quelques encadrés rapides complètent l’information: Las Casas ou le système des engagés par exemple.

La traite atlantique.

Il s’agit ici de décrire l’ampleur et les caractéristiques d’une migration forcée: statistiques par périodes, par origines et par destinations à partir des travaux récents des historiens. Dommage que la première phase, sur le continent africain, soit peu abordée. L’évolution du trafic du XVI au XIX ème siècle est vue à travers les navires et les ports, l’étude rappelle l’importance grandissante de la traite luso-brésilienne. Enfin un paragraphe est consacré à l’évolution démographique et ethnique des populations américaines en particulier en Jamaïque.

Le voyage d’un négrier

Les documents présentés dans le CD-Rom invite à une description précise des affrètements, des marchandises échangées, des conditions de vie à bord et de la forte mortalité abordées à partir de la célèbre gravure d’un navire négrier britannique: le Brooks. Après la traversée c’est la vente, les auteurs tentent un bilan économique de ce commerce risqué mais très lucratif, si le rapport moyen est sans doute proche de 10%, le bénéfice d’un voyage peut dépasser 50% des sommes investies.

La condition des esclaves en Amérique

Sont traitées les questions du statut juridique, du contrôle d’une population qui fait peur, de l’interdiction d’instruire les esclaves qui a sans doute contribué au maintien des traditions africaines et au développement d’un syncrétisme religieux exprimé par exemple dans les rites vaudous. C’est aussi tout un discours racial et même raciste qui vient justifier l’esclavage particulièrement aux XVII et XVIII ème siècles.
Les conditions de vie dans les plantations, l’existence ou non de groupes issus d’une même origine détermine une véritable société née de l’esclavage avec un langage commun: c’est dans cette société créole et dans les taches les plus proches de la maison du maître que les chances d’émancipation sont les plus réelles. La description de la vie dans la plantation sucrière s’appuie sur les nombreux documents iconographiques du CD-ROM.

Les voies de la liberté

Ce sont d’abord des manifestations individuelles: résistance, fuites et marronnage rarement couronnées de succès malgré quelques exemples durables comme la communauté dominicaine du Maniel qui dura plus d’un siècle.
La voie de l’affranchissement individuelle est lente, réservée aux Créoles malgré l’exemple atypique d’Equiano dont les mémoires furent publiées en 2002 chez l’Harmattan.
Le cas particulier des esclaves ramenés en métropole a sans doute contribué à l’essor du discours abolitionniste: sont cités pour la France: les philosophes de Montesquieu à l’abbé Raynal et à Condorcet, pour les pays anglo-saxons: les conséquences de l’indépendance des 13 colonies américaines mais aussi le rôle des communautés religieuses: Mémonnites dès 1688 ou Quakers.
Les grandes révoltes d’esclaves ont bien sûr joué un rôle déterminant, un rapide tour d’horizon de San Tome en 1590 aux Caraïbes au cours du XIX ème met en valeur les révoltes des années révolutionnaires dans les Antilles françaises: Martinique et Guadeloupe en 1789 et surtout en 1791 à Saint Domingue.

Les abolitions de la traite et de l’esclavage

C’est l’histoire d’une abolition avortée dans les colonies française de 1794 à 1802, de l’abbé Grégoire à Bonaparte qui débouche sur la naissance de la première république noire en Haïti en 1804.
L’ouvrage parcourt ensuite la chronologie des abolitions de la traite (depuis le Danemark – 1803) d’abord puis de l’esclavage ( jusqu’à Cuba – 1886 et au Brésil – 1888), un très long combat qui est complété en encart du discours de Martin Luther King en 1963: I have a dream.

Un dernier paragraphe consacré aux legs du passé pose sans les traiter les questions de l’impact sur les sociétés africaines, du rapport entre abolitionnisme et expansion coloniale et évoque l’enjeu mémoriel à la lumière de la commémoration de 1848 et de la loi Taubira de 2001.

Dans la seconde partie

Les documents sont décrits selon le même plan, avec une présentation rapide, une page à une double page pour chaque document du CD-ROM où ils sont présentés en format PDF donc facilement imprimables ou à projeter même si certains sont peut-être difficiles à lire sans agrandissement comme le tableau des ports négriers français. Certains sont très connus d’autres beaucoup moins: une véritable mine de grande qualité.

Un texte clair, précis, actualisé , des documents de qualités souvent peu connus qui fourniront un outil utile pour tout enseignant désireux de monter une séquence sur le sujet.

Le CD-ROM

est de conception simple , sans interactivité. C’est un recueil de fichiers présentés dans une page titre, sommaire général: Aux origines de la traite: la mise en valeur du Nouveau Monde (21 documents), L’organisation de la traite (27 documents), La société coloniale et ses Échos en Europe (28 documents), La traite et l’esclavage: des remises en cause aux abolitions (36 documents), cartes (10) et graphiques (8). Chaque chapitre est présenté sous la forme d’un sommaire des documents.

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