Mathieu Baudin est écoprospectiviste, directeur associé d’un cabinet d’ingénierie culturelle et d’idéation. Il enseigne le développement durable à l’Ecole Centrale de Paris, au CNAM, ainsi qu’à l’Institut d’Administration des Entreprises d’Aix en Provence.
Site web de l’auteur : http://www.mathieubaudin.com/
Cet opuscule est présenté comme un « essai de culture générale contemporaine » à destination de ceux qui veulent comprendre l’expression « développement durable », et la nouvelle donne qu’elle représente. Les ambitions sont à la fois modestes, simplement « donner à comprendre », et conséquentes puisque l’auteur souhaite apporter cet éclairage en 102 pages. L’ouvrage contient une chronologie, un index et de nombreuses notes qui apportent exemples, références, approfondissements.

L’introduction présente en quelques pages les différentes approches du développement durable : française, nordique, anglo-saxonne. Le premier chapitre dresse très rapidement la naissance du concept en débutant dans les années 50 et la naissance de l’UICN. Il passe par les grandes conférences qu’il contextualise : chocs pétroliers, marées noires. Il explicite les apports : agenda 21, protocole de Kyoto. Le second chapitre s’attache à un rapide inventaire des grands problèmes : crise des ressources énergétiques, halieutiques, alimentaires, crise de la biodiversité, crise climatique, crise démographique. Il relève des formes de catastrophisme et les nuance. Le chapitre trois, s’attache à un rapide inventaire des grandes solutions qui ont émergées : commerce équitable, et éthique, investissements socialement responsables, énergies renouvelables. Le quatrième chapitre s’attache à relever les évolutions politiques liées à l’apparition du concept : les réactions des pays du sud face aux propositions du nord, la mise en place des permis de polluer, les débats autour d’ITER et du nucléaire, la place motrice de l’Europe sur ces évolutions. L’avant-dernier chapitre montre comment le monde de l’entreprise a dû se saisir de la question sous la pression des ONG, d’une législation timide, et de l’impact sur son image. Le dernier chapitre aborde la question des valeurs et de l’éthique. Chaque chapitre s’appuie sur un ou deux exemples.

Cet ensemble présente une lecture du développement durable par une personne proche du monde de l’entreprise, en cela il sort des grands chemins et offre un point de vue digne d’intérêt. Du reste, ce sont les paragraphes qui abordent les entreprises qui sont les plus marquant même si celles-ci restent plutôt du nord et plutôt des FTN. Il est par contre dommage, qu’il ne fasse que balayer les questions abordées en restant attaché aux grands poncifs. Il dresse un rapide tableau des principaux problèmes, mais la question urbaine, celle des mobilités, ou de la gestion des déchets sont absentes. Seules les principales solutions apparaissent, par exemple, en ce qui concerne l’énergie, l’ouvrage reste centré sur les grandes formes de production énergétique sans aborder avantages et inconvénients, sans contextualiser. Globalement cet ouvrage cherche à rendre simple un concept complexe, ce qui est louable, mais ce faisant, il passe totalement à côté de cette complexité qui est une des composantes majeures du développement durable. Sa non prise en compte a conduit par le passé à des prises de décision hâtives qui ont pu avoir un impact inverse à celui souhaité ou, générer des catastrophes (on pense à l’opération « 5 minutes pour la planète » ou à l’engouement pour les biocarburants et son impact sur la crise alimentaire mondiale). Les acteurs sont peu présents et restent schématiquement présentés. Les luttes d’influences qui animent les différents groupes d’états, les différents groupes de pression, sont quasiment gommées. Les tensions qui voient le jour autour de l’accès à l’eau potable, aux ressources énergétiques, à l’alimentation, sont quasiment absentes.

Un ouvrage qui est donc plutôt une introduction au développement durable, mais une introduction qui glisse sur les questions liées à la complexité. Un ouvrage qui peut faire contrepoids à des lectures environnementalistes à condition de disposer d’autres ouvrages à proximité qui permettent de conforter la réflexion. Un ouvrage qui peut être utile en CDI, mais pas en premier achat, qui peut introduire un débat lors de leçons d’ECJS car il est vite lu et soulève implicitement de nombreuses questions.

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