L’auteur rappelle l’importante contribution de l’Union Européenne à l’aide humanitaire partout dans le monde depuis plus de 20 ans. Si le cas d’Haïti est rendu complexe par la multiplicité des crises et l’instabilité politique il n’est abordé contrairement au sous-titre que dans les pages 98 à 140.
L’instauration graduelle d’une politique d’aide humanitaire de l’Union Européenne
L’auteur propose un rapide historique de l’aide humanitaire : solidarités très anciennes, rôle des Eglises. Il évoque une des premières manifestations de l’aide, celle apportée par le jeune Congrès américain pour l’accueil en Floride des familles de planteurs fuyant la révolte des esclaves à Saint-Domingue (1793). Il fait une distinction entre aide humanitaire d’urgence et aide au développement rappelant les débats des années 70/80 entre « développementalistes tiers-mondistes » et « urgentistes sans frontiéristes » même si la limite est souvent floue au point qu’aujourd’hui l’U.E. ne conçoit plus l’une sans l’autre des ces formes d’aide.
Un paragraphe est consacré à la notion d’intervention humanitaire appelé aussi ingérence. L’auteur propose quelques repères chronologiques de l’aide contemporaine : bataille de Solférino et initiative d’Henry Dunant (1859), Biafra ainsi qu’un panorama des O.N.G..
Dans un second chapitre est abordée l’organisation de l’aide au sein des institutions européennes depuis la création au début des années 90 de l’Echo (Office d’aide humanitaire et de protection civile). L’auteur rappelle que l’U.E. est un bailleur important et s’interroge sur une potentielle politisation de l’aide européenne.
L’action humanitaire de l’Union Européenne, entre le droit et la pratique
Si l’idée d’un droit humanitaire est née vers 1995 à l’U.N.E.S.C.O., dans quel cadre juridique sont conduites les interventions européennes? L’essai de clarification et d’encadrement se heurte à des ambiguïtés notamment la place d’une intervention militaire en vue du rétablissement de la paix même si l’U.E. fonde son action sur les Droits de l’Homme notamment le droit à la santé et la droit à l’alimentation définition de ce droit par Jean Ziegler dans un rapport spécial des Nations Unies p. 81.
Le fait que l’aide d’urgence engage de nombreux acteurs induits des objectifs diversifiés et pose les questions de la coordination approche par clusters de l’O.N.U., de la place des acteurs locaux et des risques de corruption, questions illustrées par le cas haïtien).
L’échec de la reconstruction post-séisme : L’action humanitaire de l’Union Européenne à l’épreuve des crises multiformes
L’auteur décrit cette crise comme typique de la nécessité d’une articulation cohérente entre secours d’urgence et intervention de développement : reconstruction, renforcement institutionnel devant permettre à l’administration haïtienne la mise en œuvre de la reconstruction avec des exemples dans le secteur des transports routiers, de l’éducation et de l’agriculture. En matière de renforcement de capacités de l’État, l’auteur analyse la réalité du contexte haïtien : crises politiques et sociales, corruption, déforestation et vulnérabilité face aux catastrophes naturelles.
Moïse Jean propose enfin des pistes pour une aide efficace : rétablissement de l’état de droit, nécessité d’un consensus national autour de la reconstruction, approche participative et volonté réaffirmée des bailleurs.