A propos de l’Aménagement du territoire, concepts et méthodes
Cette première partie est un rappel théorique de concept d’aménagement du territoire mais aussi une mise au point sur l’évolution des pratiques mises en œuvre au cours du XXe siècle en rapport avec les choix politiques du temps et du lieu. Un tour d’horizon en quelques sorte qui peut se révéler utile à l’étudiant comme à l’enseignant d’autant que le troisième chapitre introduit différentes théories comme : l’école de Chicago, Christallër et décline les « cinq piliers » de l’aménagement du territoire: polycentrisme, durabilité, diversité, cohérence et subsidiarité.
C’est une introduction à l’étude de cas que constitue l’objet de ce livre: le Sénégal dont l’auteur nous dresse un portrait et précise les enjeux de l’aménagement dans un contexte de développement.
Du contrôle politique du territoire: trois régimes, trois conceptions.
L’analyse porte sur les choix politiques, les modalités d’intervention, les politiques économiques et les réalisations des trois chefs d’état qui ont été à la tête du pays depuis l’indépendance.
Les décennies 60-70, sous l’autorité de Senghor ont été marqué par la mise en avant de la culture. Cette politique culturelle et administrative est présentée autour de l’idée de construction d’un État, la prise en compte des ruraux comme des citadins. La politique d’aménagement du territoire s’est faite à l’aide de grands organismes publics comme: L’Office de Commercialisation Agricole (OCA), l’Office National de Coopération et d’Assistance au Développement (ONCAD).
Les principales réalisations, outre la mise en place d’une administration, sont l’aménagement de Dakar, comme ville moderne et le développement du tourisme sur la petite côte.
Sous Abou Diouf (1980-2000) le choix d’un aménagement étatiste, nouvelle politique agricole, nouvelle politique industrielle a été confronté à la politique d’ajustement structurel imposée par le FMI qui a entraîné un désengagement de l’état: restructuration du système bancaire, liquidation des entreprises d’état, privatisation en décalage avec l’idée d’une politique active en matière économique, les résultats ont été décevants.
On a assisté à une baisse de l’accès des familles aux services de base: éducation, santé, eau, électricité même à Dakar, au développement du secteur informel, véritable soupape face au marasme économique, malgré quelques réalisations: grands barrages sur le fleuve Sénégal, programme « parcelles assainies » de la banlieue de Dakar dans un contexte de fort exode rural.
Avec l’actuel président Wade, la politique hésite entre libéralisme et dirigisme. C’est l’occasion, pour l’auteur, de rappeler les grands principes du libéralisme et leur mise en œuvre avec la recherche d’investisseur &étrangers mais aussi les éléments du dirigisme : territorialisation, création d’agences spécifiques et programmes sectoriels dans l’optique des OMD. Le principe annoncé: réduire la fracture entre les villes riches de la côte: Dakar, M’Bour et les villes et campagnes pauvres de l’intérieur, amélioration de la formation des jeunes, de la santé, de la disponibilité en eau potable, semble en opposition avec la politique des grands travaux du chef de l’état. La démarche choisie reste de type top-down tant en ce qui concerne le Grand Dakar que le plan REVA de retour à la terre et privilégie le recours à l’initiative privée par des exemptions fiscales et l’aide aux productions d’exportation à haute valeur ajoutée comme les agro-carburants (jathropha).
Les réalisations sont des symboles du pouvoir comme le monument de la renaissance africaine. lLur analyse critique semble un peu timide: Les grands projets tels l’aéroport Blaise Diagne, l’autoroute à péage ou la « nouvelle capitale » imaginée à 120 km au Nord de Dakar font appel à des montages financiers complexes et ne répondent pas aux nécessité d’un rééquilibrage territorial.
Cette deuxième partie se termine sur la présentation de la politique de décentralisation décidée en 1997. Si le plan est plutôt bien pensé et intègre le concept de durabilité, les moyens d’actions sont limités : divers niveaux de décision: collectivités locales, régions, conflits institutionnels, incohérence de l’action gouvernementale.
Un bilan sévère : un territoire et des ressources exploitées de façon non optimale.
Défis de l’aménagement du territoire au Sénégal
Dans cette troisième partie l’auteur propose une démarche, une méthodologie partant des réalités locales dans le cadre de la décentralisation.
Il pose les bases d’une intercommunalité juridique et politique comme niveau de base d’un projet de territoire, avec des « contrats de pays » comme outil de gestion: entre volonté locale de développement et stratégie régionale, proposition qu’il justifie à l’aide des principes théoriques ( Lösch, Christallër).
Il met en avant la nécessité de penser le développement durable pour une nouvelle croissance économique: par exemple l’idée de zones de revitalisation rurale avec prise en compte réelle de la diversité des éco-systèmes et des cultures paysannes. Ces propositions imposent la mise en place de la subsidiarité, transfert de compétence et de moyens aux collectivités locales ainsi qu’une péréquation nationale.
Le dernier chapitre est consacré au rôle des TIC dans l’aménagement du territoire.
L’intérêt de ce texte danse est le va-et- vient entre les théoriciens et les réalités sénégalaises. En fin d’ouvrage outre la bibliographie, des notes complémentaires constituent un rappel concis et précieux sur des événements, des personnages ou des notions: de la Tenesee Valley Authority à Von Thünen ou Adam Smith, de l’Agenda 21 à Ratzel.
© Clionautes