Qui ne connaît pas Goldorak, Astro le petit robot, Albator ou encore les somptueux dessins animés de Miyazaki ?
L’engouement pour les dessins animés ou les mangas japonais est cependant récent en Occident où ils ont été au début décriés. Chez nous, en France, c’est dans les années 1980 qu’ils débarquent sur nos écrans grâce à l’émission du Club Dorothée, notamment.
C’est au final, au XXIème siècle, un des rares aspects de la culture nippone qui soit parvenu et se soit implanté en Occident.
Ces dessins animés et mangas ont cependant une longue histoire qui puise ses racines dans la Chine du Xème siècle, c’est l’histoire du mouvement, de l’animation des objets du quotidien et de l’imaginaire. C’est cette histoire qui a permis aux Japonais de développer cette forte sensibilité graphique nourrie par une imagination foisonnante.
L’auteure, Brigitte Koyama-Richard a déjà publié un ouvrage sur le même thème chez le même éditeur, Mille ans de mangasKOYOMA-RICHARD Brigitte, Mille ans de mangas, Paris, Flammarion, 245 p., 39 euros.; elle est professeur de littérature comparée et d’histoire de l’art à l’université de Tokyo.
L’ouvrage présenté se propose d’éclairer la genèse ainsi que les multiples influences et sources d’inspiration de l’univers du dessin animé d’origine japonaise. A grand renfort d’images et d’interviews des récents protagonistes, l’auteure entend nous faire pénétrer dans l’univers foisonnant, et parfois étrange pour nous, Occidentaux, de la japanimation.
L’animation japonaise ou l’illusion du mouvement, une histoire d’aller-retour entre Occident et Orient
A l’origine de la bande dessinée et des films d’animation japonais, les spécialistes désignent les rouleaux peints originaires de Chine et adaptés au Japon au XIIème siècle.
Ces rouleaux peints apparus au Xème siècle et avant tout destinés à l’aristocratie et au monde religieux, regroupent sous ce vocable des livres, des estampes ou des recueils de dessins colorés mettant en scène le mouvement par des jeux de couleurs vives, des effets de zoom, des déplacements parallèles, la perspective, techniques que l’on retrouve encore dans les mangas actuels. Ces rouleaux évoquaient des scènes religieuses, littéraires ou historiques, mais certains des thèmes qu’ils retracent se retrouvent dans l’animation japonaise d’aujourd’hui tels les métamorphoses des héros dévoilant une conception animiste du monde très présente chez les Japonais.
Ce goût pour l’étrange, la magie, le surnaturel fascinait les Japonais et se trouve déjà présent dans ces rouleaux, ce sont les Yokaï, êtres surnaturels pouvant revêtir différentes formes, on les retrouve dans Dragon Ball ou Chihiro, par exemple.
L’influence occidentale, sous les traits de la perspective linéaire ou atmosphérique ou des anamorphoses projetées sur un miroirL’influence des Jésuites venu évangéliser la Chine est ici déterminante. Ils firent le pont entre l’Occident et l’Orient en diffusant les techniques de perspectives nées en Europe., parvient au Japon par l’entremise de la Chine lors de l’époque d’Edo (1603-1868), période de prospérité et d’ouverture parcimonieuse du Japon au monde alentour, la Chine et la Hollande restant des partenaires privilégiés.
Ainsi, à partir du XVIIIème siècle, des estampes xylographiques venant de Chine furent copiées par les Japonais qui approfondirent cette technique. Des gravures stéréoscopiques à utiliser dans des boîtes d’optique furent également importées. On insérait une gravure dans cette boite dans laquelle on glissait les yeux afin d’observer les dessins en relief (en perspective).
Peu à peu, les peintres japonais assimilèrent la perspective linéaire en étudiant les peintres hollandais et en la mariant avec leurs couleurs vives et leur manière d’exagérer les gros plans. Cette technique d’utiliser la perspective fascina quelques peintres français tels Van Gogh, Manet, Monet ou Toulouse-Lautrec qui ne se doutèrent pas que ce qui paraissaient si nouveau à leurs yeux n’étaient que le fruit de l’assimilation de la perspective occidentale !
Outre la perspective, l’illusion du mouvement est également obtenue grâce aux ombres dites « chinoises » en Occident, marionnettes dont la silhouette est projetée sur un écran par une source lumineuse, mais aussi grâce aux lanternes « vives » ou « tournantes ».
Mais c’est surtout avec les « lanternes magiques » que ce désir de l’animation s’exprime le mieux. C’est dans l’atelier d’un certain Christian Huygens à La Haye en 1659, que ces lanternes voient le jour. Leur avantage réside dans le fait qu’elles permettent d’offrir le spectacle à un public beaucoup moins restreint que les boites d’optique, par exemple. Ces lanternes magiques pénétrèrent en Chine puis au Japon par le biais des Jésuites qui les utilisèrent dans un but missionnaire. Rapidement elles se démocratisèrent tant en Orient qu’en Europe grâce aux colporteurs. Elles furent même utilisées à des fins pédagogiques par le ministre de l’Instruction publique française, Raymond Poincaré, en 1895 ainsi qu’au Japon durant l’époque Meiji (1868-1912) dans le but de rendre l’enseignement plus attrayant…Déjà…
Les Japonais s’approprièrent ces lanternes magiques en les améliorant : les lanternes occidentales projetaient une image fixe sur un écran, les Japonais rendirent ces lanternes mobiles afin d’insuffler le mouvement à ces images projetées.
L’utilisation de ces lanternes donnait lieu à un véritable spectacle : des manipulateurs portaient les lanternes en se déplaçant, des musiciens et des récitants mettaient en scène un récit s’adressant aux adultes comme aux enfants.
Enfin, les automates concrétisent véritablement cette volonté de mouvement, tant en Europe On trouve déjà des automates dans le palais de l’empereur byzantin, à Constantinople, ou près des califes à Bagdad, représentant fauves et oiseaux (les lions du trône de l’empereur byzantin rugissaient et frappaient le sol de leur queue afin d’impressionner les visiteurs et les oiseaux perchés sur des arbres de bronze et d’or semblaient chanter… D’après l’ambassadeur Liutprand de Crémone). qu’en Orient. Ici encore, c’est la Chine qui devance tout le monde dès le VIIème siècle. Les Japonais adoptèrent rapidement les automates horlogers des Chinois, dès l’époque Heian (794-1185), puis s’ouvrirent sous l’ère Edo, aux savoirs occidentaux dans l’optique et l’horlogerie. Ces automates androïdes d’Europe ou du Japon, ludiques ou utilitaires, figurent alors en bonne place dans l’univers de l’animation nippone actuelle.
Tâtonnements et amateurisme, les premiers pas du film d’animation japonais
L’univers de l’image fut cependant totalement bouleversé, en Europe comme au Japon, à partir du XVIIIème siècle, grâce à l’engouement rénové pour les sciences et les techniques. Cet essor de la technique donna naissance, en Europe d’abord, à un foisonnement d’inventions optiques ayant le trait commun de créer avec plus ou moins de force, l’illusion tant recherchée du mouvement.
L’invention et la diffusion du cinématographe relégua les lanternes magiques aux salles de classe. Il fit son apparition dans l’archipel nippon seulement un an après la première projection française, en 1896. Les premières sociétés de cinéma naquirent puis fusionnèrent ensuite en 1912. En 1909, les premiers dessins animés importés de France et des Etats-Unis arrivèrent au Japon, après les premiers films et documentaires.
Cependant, les Japonais ne tardèrent pas à s’approprier la technique du cinématographe comme ils l’avaient fait pour les autres inventions visuelles précédentes. Ainsi, les premiers dessins animés japonais, naquirent la même année, 1917, et furent commandé par différentes sociétés de cinéma japonaises et tous produits en tout amateurisme par trois dessinateurs nourris à la peinture occidentale. Leurs disciples, dont Noburô Ofuji, innovèrent en découpant leurs personnages dans du papier multicolore ou en utilisant les ombres chinoises, des papiers cellophanes colorés. Le séisme de Tôkyô en 1923, mit un coup d’arrêt à l’industrie cinématographique nippone. De nouvelles sociétés spécialisées dans l’importation de dessins animés américains, comme la Yokohama Cinema Shôkai, firent leur apparition. Un employé, Yasuji Murata, devint maître dans l’art du papier découpé pour obtenir de ses personnages animés des mouvement d’une grande fluidité. C’est lui qui créa le plus célèbre personnage de manga de l’époque, le chat noir Nora Kuro.
Entre temps, Walt Disney sortait, en 1928, son premier dessin animé parlant alors que le Japon sortait son premier film parlant en 1931.
C’est Kenzô Masaoka qui réalisa, en 1933, le premier dessin animé parlant à base de cellulo, feuille de cellulose végétale transparente sur lesquelles étaient dessinés les personnages venant se poser ensuite, sur un décor fixe.
Quand le manga s’anime… grâce à la télévision
La Seconde guerre marqua un nouveau coup d’arrêt dans la production d’animation nippone qui s’en releva progressivement autour de grands studios d’animation ayant tous pour ambition commune de rivaliser avec les studios DisneyBlanche Neige sort au Japon en 1950.. C’est le cœur de l’ouvrage de Brigitte Koyama-Richard qui retrace dans ce long chapitre l’histoire des six grandes maisons de production japonaises d’animation.
La première d’entre-elles est la Toei (prononcer « Toé ») qui émergea dans les années 50 et proposa son premier long métrage en 1958, Hakujaden (Le Serpent blanc) qui reçu un prix à Venise. Les premiers dessins animés s’inspiraient des contes et légendes japonaises et chinoises puis des classiques de la littérature mondiale. Les films étaient réalisés sur cellulo en full animation, c’est-à-dire avec 24 dessins par seconde.
Le troisième film d’animation de la Toei s’inspira du manga de Osamu Tezuka, Le voyage en Occident, projeté en 1960, rencontra un succès international. Il nécessita la réalisation de 12 198 dessins originaux et 78 758 dessins d’animation.
L’essor des dessins animés fut entraîné par celui de la télévision en noir et blanc puis en couleurs dans les années 60 qui marque véritablement un tournant.
C’est en 1963 qu’Astro Boy de Tezuka Production ouvrit la voie des dessins animés télévisés. Tezuka Osamu, le père d’Astroy Boy, est également considéré comme le père de l’animation japonaise et le pionnier de nouvelles techniques d’animation qui permirent cet essor et notamment la limited animation qui n’utilise que 8 à 12 images par seconde afin de réduire les coûts et le temps de fabrication d’un dessin animé pour la télévision.
La Toei réagit en lançant Ken, l’enfant loup.
Cet essor s’appuya sur de nouvelles techniques comme la xérographie qui permet de copier les cellulo et la
Le film d’animation de la Toei, Les aventures d’Horus, prince du soleil projeté en 1968, sous la direction de Isao Takahata, aujourd’hui l’un des piliers du studio Ghibli constitue une étape supplémentaire vers la production à grande échelle du film d’animation japonais : 50 000 dessins originaux, 159 000 dessins d’animation pour 3 ans de réalisation.
Parmi les grands succès internationaux de la Toei, on peut également citer le Chat botté qui donna son visage au logo de la société, au chat Akko-Chan avant que la production s’emballe dans les années 70-80.
Ces années-là marquent un tournant dans la production de masse des dessins animés pour la télévision, dont beaucoup sont des adaptations de mangas, mais également dans les thèmes, plus futuristes. En effet, les robots en tous genre entrent en scène avec Mazinger Z, le très fameux Goldorak tout comme les univers plus futuristes dans Le bateau de guerre Yamato, ou Captain Harlock, connu chez nous sous le nom d’Albator, le pirate de l’espace ou encore Galaxy Express 999. Cependant, les thèmes plus traditionnels inspirés de la littérature mondiale restent présents comme les misérables ou encore Les quatre filles du docteur March.
Les années 1990 marquent véritablement l’âge d’or du dessin animé japonais qui s’exporte rapidement au-delà de l’archipel grâce au développement du média-mix qui consiste en l’utilisation de tous les supports afin de promouvoir le film : jouets, musique, jeux vidéos et bientôt internet. C’est le temps des Ken le survivant, Sailor Moon, Dragon Ball, Saint Seiya, tous produits par la Toei… Qui arrivent rapidement sur nos écrans cathodiques grâce aux émissions jeunesse et notamment le fameux Club Dorothée.
Fondée en 1946, la TMS Entertainment produit des dessins animés inspirés des grands classiques de la littérature ou de la bande dessinée et bénéficia du talents de grands mangaka tel le désormais célèbre Hayao Miyazaki : Rémi (sans famille), Sherlock Hound, Lupin III (Edgard de la cambriole), Treasure Island et Sonic inspiré non d’un manga ou d’un conte, mais d’un jeu vidéo.
Beaucoup plus tardive (en 1987) mais aussi beaucoup plus singulière dans ses thèmes et le trait de ses dessins, la Production I.G développe le créneau de l’univers des cyborgs avec Ghost in the Shell, The Sky Crawler. Ces studios participèrent également aux séquences d’animation du film américain Kill Bill.
La société MADHOUSE, née d’anciens de la Tezuka Productions, est un des plus importants studios d’animation nippon. Ses productions touchent à tous les genres comme en témoignent Galaxy Angel ou Métropolis, en hommage à Osamu Tezuka, et réalisée en 3D mariée à l’animation traditionnelle.
Actuellement, la très grande majorité des films d’animation est réalisée par ordinateur, mais l’avant-dernier des studios Ghibli, Ponyo sur la falaise (2009) d’Hayao Miyazaki a été entièrement dessiné à la main.
On regrettera avec l’auteure que le studio Ghibli ne lui ai pas ouvert ses portes ni accordé d’interview ou même octroyé des droits de reproduction. Cependant, un paragraphe sur l’histoire de ce studio fondé par Miyazaki aurait largement dû, tout de même, trouver sa place dans ce chapitre.
C’est donc l’influence déterminante de la télévision qui a permis le développement de très grands studios d’animation japonais rivalisant avec ceux des Etats-Unis comme Disney ou désormais Pixar… C’est la télévision qui a donné une dimension international au manga et au film d’animation japoonais dont les productions changent alors d’achelle. Cependant, par son univers qui lui est propre, le trait de dessin, le rythme, le film d’animation japonais a su conserver et entretenir sa singularité sans trop céder aux sirènes commerciales.
Les mangas, source d’inspiration de l’animation japonaise
L’originalité et la particularité de la production nippone en matière de film d’animation tient dans la vitalité de son édition de bande dessiné ou manga. En effet, 60% des dessins animés ou films d’animation japonais sont directement inspirés des mangas.
Ces mangas sont publiés dans des revues ou dans des ouvrages à part entière. Les deux principales revues, Shônen Magazine et Shônen Sunday de l’éditeur Shogakukan, ont vu le jour en 1959, au moment où les mangas constituaient la principale source de distraction des jeunes japonais.
Une véritable course aux meilleurs mangaka s’instaura alors entre les éditions Shogakukan qui parvinrent à s’attacher les sevices d’Osamu Tezuka et les éditions Kôdansha. Les thèmes étaient divers : sport, surnaturel (le fantôme Qtarô), amour (avec Ranma ½).
Devant le succès de ces publications hebdomadaires et le foisonnement d’histoires, d’univers, de type de dessins, des accords furent et sont passés avec les grands studios comme ce fut le cas pour Naruto ou GTO par exemple.
D’après le rédacteur en chef de Shogakukan, la réalisation d’un dessin animé d’après un manga publié dans une revue permet de gagner du temps dans la réalisation et de se baser sur une œuvre de meilleure qualité, plus mûre.
Chose plus surprenante, des dessins animés peuvent aussi avoir pour source d’inspiration, des jeux vidéo. Ce fut le cas notamment des Pokémon lancés par Nintendo puis promu en manga par Shogakukan et diffusé ensuite à la télévision. Et sur grand écran.
Cependant, les présidents, rédacteurs et mangaka interviewés par l’auteure mentionne tous la baisse des ventes de mangas et de revues spécialisées. Moindre qualité des mangas ? Concurrence des autres moyens d’accès à l’image ?
Tous reconnaissent qu’ils sont à l’aube d’un nouveau défi à relever sous peine de retrouver le manga… Dans une vitrine de muséeselon la prédiction ironique du rédacteur en chef des éditions Kôdansha, p.187.…
L’animation japonaise, une identité puissante puisée aux racines picturales de l’Orient
L’auteure conclut son ouvrage sur l’évocation des films d’animation de marionnettes issus de l’ancestrale tradition du théâtre de marionnettes ou Bunraku comme pour définir l’essence même de l’identité de cette animation japonaise, ses racines, lointaines et diverses qui n’ont cessé d’inspirer mangaka et réalisateurs dans cette quête de la mise en mouvement d’univers fertiles et originaux mariant tradition, futurisme, animisme et poésie.
Cet ouvrage remarquable dans sa réalisation et conception tire sa force de la richesse de ses illustrations de grande qualité, mais également des interviews des grands protagonistes actuels de l’animation japonaise qui ponctuent chaque chapitre de l’ouvrage en contribuant à le rendre
attrayant, vivant et surtout très proche du lecteur. Une fois de plus on regrettera l’absence d’un interview d’Hayao Miyazaki et d’un paragraphe qu’il était pourtant possible d’écrire sur son univers très singulier, ses sources d’inspiration et ses méthodes de travail.
Quelle utilité recèle cet ouvrage d’histoire de l’art pour les enseignants du secondaire ?
Justement, la réponse est contenue dans la questionOn passera largement sur la mode démagogique actuelle pour l’histoire des arts dans l’enseignement secondaire. En effet, l’animation japonaise peut constituer une entrée attractive pour les élèves sur la géographie et l’histoire du Japon. Plus largement, le dessin animé peut, s’il est à bien choisi, illustrer voire servir de support à un cours d’histoire-géographie. Alors, à vos écrans Quel dur métier que celui d’enseignant d’histoire-géographie… !
Pour les fans de Miyazaki qui se sentiraient frustrés, deux ouvrages en langue française sont disponibles :
– COLSON Raphaël et REGNER Gaël, Hayao Miyazaki, Cartographie d’un univers, les moutons électriques, 2010.
– TOCCOLI Vincent-Paul et BOLLUT Gersende, Miyazaki l’enchanteur, Amalthée, 2008.
Ou deux documentaires :
– Ghibli et le mystère Miyazaki, Arte, 2004.
– La naissance du Studio Ghibli. Reportage d’abord diffusé le 5 juillet 1998 sur la chaîne Nihon TV au Japon, puis remonté et inclus en « bonus DVD » dans Nausicaä de la vallée du vent (édition Collector deux DVD), en japonais avec des sous-titres en français.
Et un ouvrage général sur le manga japonais :
– GRAVETT Paul, Manga : soixante ans de bande dessinee japonaise, Rocher, 2005.